Chalon sur Saône

"Attribué, désattribué, réattribué !" Le suspens prend fin…

"Attribué, désattribué, réattribué !" Le suspens prend fin…

Découvrez l’extraordinaire exposition-dossier  « Théodore Géricault, Un homme de toutes les couleurs » visible au Musée Denon à Chalon-sur-Saône jusqu’au 27 avril 2020. Le photoreportage de la soirée d’inauguration.

« À l'occasion de la publication du livre "Citoyens du monde, Noirs et Orientaux de Géricault" de Bruno Chenique aux éditions Lienart, le musée Denon propose une exposition-dossier afin de s'interroger sur le Portrait de Noir conservé depuis 1829 dans ses collections et de le rapprocher de celui de Lisbonne. L'exposition permet d'étudier deux autres portraits d’orientaux. » Prenant place dans la salle-salon du musée Denon, autrefois école municipale de dessin, l’exposition-dossier  est à la hauteur de l’événement et a séduit les 150 personnes présentes mercredi soir pour le vernissage. Les prises de parole ont été nombreuses pour souligner toute l’importance de cette réattribution du tableau ‘Portrait de Noir’ à Géricault, connu pour son très célèbre ‘Radeau de La Méduse’.

 

Pour Brigitte Maurice-Chabard, Conservatrice en chef, directrice des musées de Chalon-sur-Saône, cette exposition-dossier est également l’occasion de rendre hommage à Jean-François Carbillet, premier professeur de l’école de dessin. Ce portrait est entré dans les collections du musée lors de l’acquisition par la Ville de Chalon-sur-Saône de sa collection. « C’est aussi l’opportunité de mettre en lumière une oeuvre plutôt confidentielle » a-t-elle ajouté tout en présentant l’exposition donnée à voir au public. En effet, on peut admirer également deux tableaux orientaux (prêt Musée des beaux-arts et d'archéologie de Besançon), le tableau ‘Le Cheval’ qui fait le lien avec l’exposition temporaire actuelle  ‘Le Cheval… Toute une histoire’ présentée au Musée et le « double » du Portrait de Noir, tout droit venu du Palácio Nacional da Ajuda (Lisbonne) et découvert au détour d’une visite d’exposition par Emmanuel Guignardat qui travaillait avec Juliette Barbarin alors Directrice du Musée Denon. 

 

« Grâce à de nouvelles découvertes, nous avons une autre idée de cet artiste […]. Derrière le peintre remarquable, il y a un artiste engagé… », Brigitte Maurice-Chabard.

 

Bruno Chenique a ensuite pris la parole pour expliquer que le tableau considéré comme une oeuvre de Géricault puis devenue oeuvre anonyme, avait été numérisé il y a déjà quelques années. On peut lire dans son ouvrage Citoyens du Monde. Noirs et Orientaux de Géricault, 2020, éditions Lienart/musée Denon : « La redécouverte du « Portrait de Noir » conservé au musée Vivant Denon et réalisé lors de son apprentissage chez Pierre Guérin vers 1811-1812, constitue le point de départ de cette étude approfondie du regard si singulier de Géricault, qui fut l’un des premiers peintre occidental, dans son célèbre « Radeau de La Méduse » (Salon de 1819), à faire d’un métis le héros principal d’une toile monumentale. Le métissage doit être alors considéré comme la ferme condamnation du système colonial, entièrement basé sur la ségrégation de la couleur de peau. Mais la vision anticolonialiste de Géricault ne s’arrête pas là : l’artiste romantique explore dans ses œuvres la guerre d’indépendance de Saint-Domingue, la résistance, en Égypte, face aux armées napoléoniennes, celle des Grecs face aux Turcs. Des citoyens du monde qui aspirent tous à l’indépendance et à la paix des peuples. Les thèmes orientaux et les personnages exotiques dans l’œuvre de Géricault signalent son adhésion d’artiste à la modernité romantique. Alors que, pour la plupart de ses contemporains, l’Orient n’est qu’un prétexte à un exotisme de façade, l’iconographie de Géricault sert à véhiculer des revendications humanistes et à diffuser des mots d’ordre politiques défendus, à commencer par les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité étouffés par la Restauration. » Ouvrage disponible à la vente au Musée V. Denon.

 

« Chalon devient propriétaire d’un Géricault ! », Gilles Platret, Maire de Chalon-sur-Saône

Un représentant de l’entreprise SUEZ, mécène de cette opération puis Monsieur Claustre, représentant la Société des Amis du Musée Denon, ont présenté leurs actions et leur implication dans ce projet.

En présence de Sébastien Martin, Président du Grand Chalon, entouré de nombreux adjoints, le premier Magistrat de la Ville a vivement remercié les partenaires engagés au profit d’actions locales, en soutien aux initiatives telles que celle-ci, avant de poursuivre : « Chalon devient propriétaire d’un Géricault ! […] Rappelons, que ce tableau a été vandalisé à coups de cutter (par un agresseur cagoulé en 1991). Nous avons failli le perdre ! Ce soir, nous célébrons cette belle attribution » et précisait, faisant référence au tableau de Lisbonne : « Dans cette exposition-dossier, ce tableau retrouve un frère voire un deuxième lui-même » avant de conclure : « C’est un beau jour pour notre ville ! ».

SBR