Saône et Loire

CORONAVIRUS - Sénateur de Saône et Loire et médecin, Marie Mercier répond aux questions d'info-chalon.com

CORONAVIRUS - Sénateur de Saône et Loire et médecin, Marie Mercier répond aux questions d'info-chalon.com

Elle fait figure d'élue la plus mobilisée sur le terrain. Marie Mercier est sur tous les dossiers et disons-le l'élue Saône et Loirienne ne ménage ni son temps ni son énergie en ces temps de confinement.

En votre qualité de parlementaire, comment s’organise votre activité en mode confinement ?

Je profite de votre question pour remercier mes collaborateurs qui dès le début ont répondu présents 7 jours sur 7, sans horaires ,à mes côtés pour répondre le mieux possible aux inquiétudes et aux interrogations de tous :  élus , entrepreneurs , personnels de santé ....
Notre travail s'effectue le plus souvent  à distance, par visio et audioconférence, par téléphone et mail. Je suis en contact régulier avec Mr le sous préfet , le capitaine de gendarmerie, le commissaire de police .....Je me rends néanmoins de temps en temps sur le terrain ,avec toutes les précautions d'usage, mais je veille à réduire les sorties dans le respect des consignes. 

On vous sent très active sur le terrain, un paradoxe finalement puisque on a accuse régulièrement les sénateurs d’être hors sol.

Sénateur depuis plus de 4 ans , médecin encore en activité, maire pendant 17 ans, conseillère municipale et communautaire,  je n'ai vraiment pas le sentiment d'être hors sol et je n'ai jamais entendu cette critique ! Je crois vraiment qu'il en va de notre responsabilité, plus que jamais, d'éviter ce genre de raccourci qui abîme notre démocratie. Comme dans tout métier, dans toute fonction, la grande majorité des personnes sont de bonne volonté et très impliquées. Il faut que nous nous regardions les uns les autres avec bienveillance, nous en avons besoin. 

Avec mes collaborateurs, nous mettons tout en oeuvre pour accompagner au mieux les soignants et tous ceux qui poursuivent leur travail au contact du public. Nous agissons en faveur des professions paramédicales, des entreprises, commerçants et artisans contraints de cesser leur activité, des associations et des citoyens. Chaque jour, nous saisissons les ministères et services publics - La Poste, l'Education nationale, la Banque Publique d'Investissement... - pour résoudre des situations particulières ou faire remonter des difficultés générales. En lien avec des gens extraordinaires, nous développons des initiatives de sécurité sanitaire qui nous apparaissent indispensables sur le terrain dans la période épidémique actuelle : clips de fixation pour les masques faits maison, visières de protection, tabliers jetables, blouses pour les hospitaliers...


Malgré les souffrances de ceux qui ont été touchés par  la maladie et l'angoisse générée par la situation, ces dernières semaines ont montré s’il le fallait que le sens de l’équipe et de la solidarité prévalait sur le reste. Travailler au service des autres doit avant tout être motivé par l’intérêt général. C’est notre état d’esprit.


Parallèlement à ce travail de terrain, je suis fréquemment en visioconférence pour des réunions et des auditions de la commission des lois du Sénat, dont je suis membre du bureau, avec le préfet de Saône-et-Loire , avec mes collègues de toute la France . Surtout, je reste à l'écoute des maires, premier maillon de notre organisation territoriale et qui savent les préoccupations de leurs administrés.

 Un Président qui légifère par ordonnance, une annonce selon laquelle nous sommes en guerre, quel est votre sentiment en votre qualité de parlementaire ?

Je ne peux dissocier le médecin du parlementaire dans cette crise sanitaire...  Alors oui, la situation est grave. A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles... et mots spectaculaires. Le Parlement a donné au Gouvernement, et non pas au Président, la possibilité de légiférer en urgence et par ordonnances, et doit jouer tout son rôle de contrôle de l'action de l'Etat. C'est une garantie pour notre démocratie. Les sénateurs s'y emploient et font aussi remonter toutes les difficultés rencontrées sur le terrain, qui abondent les ordonnances prises par le Gouvernement.                                            

Je regrette cependant un manque de coordination nationale, une bureaucratie parfois nocive et des changements étonnants dans la conduite à tenir face à cette effroyable pandémie. 

 Il y a une forme d’incompréhension de la part des concitoyens entre des ouvertures de commerces autorisées et des citoyens verbalisés sur le chemin du retour pour avoir acheté autre chose que des produits de première nécessité. 

Il y a eu des flottements dans les consignes, voire des contradictions et des revirements qui ont suscité incompréhensions , inquiétudes et exces .  Il faut bien expliquer,  en appeler au sens civique et pratique de chacun, à l'essence même du confinement. Prendre soin de soi-même, des siens et des autres, c'est éviter tout déplacement inutile et respecter scrupuleusement les gestes barrières.Circuler c’est faire circuler le virus. 

 Sur le terrain, les municipalités semblent bien démunies et finalement ce sont les citoyens eux-même qui ont pris les choses en main en s’organisant. Un constat partagé ? 

Deux réflexions.
Tandis que le président de la République a indiqué que nous étions en guerre, je suis étonnée que le Gouvernement n'ait pas mis sur pied une organisation, une planification à la hauteur du terme, département par département, sous l'autorité des préfets et avec l'ensemble des administrations, afin de faire le point sur les besoins et d'ordonner les réquisitions de matière première, les réouvertures d'entreprises et les redéploiements de services publics nécessaires.

Parallèlement, les périodes dramatiques font naître des solidarités et des initiatives de terrain, valorisent ce qu'il y a aussi de meilleur dans la nature humaine et c'est tant mieux.

Il n'est pas question d'affronter les deux options, elles doivent être complémentaires.

 

 Une sortie partielle annoncée pour le 11 mai. Trop tôt pour vous en votre qualité de médecin ?

Il n'y a rien d'anodin dans le confinement, il a bouleversé nos vies et induit son lot de conséquences physiques, psychologiques, sociales et économiques. En qualité de médecin, je pense qu'il fallait montrer le bout du tunnel. Après un sentiment de peur bien compréhensible  , la résistance s’est installée chez nos compatriotes  . Elle doit continuer car elle permet l'obéissance aux consignes sanitaires de façon à enrayer la propagation du virus. Pour qu’elle perdure , il faut annoncer la fin du confinement.  .Cette date précise du 11mai , à condition que l’épidémie soit maîtrisée , augure le temps de la reconstruction car l'Homme a besoin d'espérer et d'agir. Il faudra néanmoins empêcher une seconde vague épidémique et accepter pour cela un déconfinement par étapes, en attendant les tests ,  les traitements adéquats et le vaccin indispensable. L'effort collectif va se poursuivre, nous devons en être solidairement responsables.

Laurent Guillaumé