Cinéma

Jeudis de la Bobine à Chalon : « Taxi Téhéran », de Jafar Panahi

Jeudis de la Bobine à Chalon : « Taxi Téhéran », de Jafar Panahi

« Taxi Téhéran, » le dernier long-métrage de Jafar Panahi, réalisateur iranien proscrit et malmené par le régime des Mollahs, sera à l’affiche du cinéma Axel ce jeudi. Un film à voir.

Disons-le d’emblée clairement : les fans des Mythes urbains [1], série d’épisodes très courts durant lesquels un Omar Sharif à l’œil goguenard campait un taxi-driver new-yorkais débitant des histoires flippantes à ses clients, ne trouveront probablement pas, avec Taxi Téhéran [2], de quoi les satisfaire.

Le chauffeur de ce taxi-là n’a rien à voir avec l’Omar Sharif des Mythes urbains. Pour tout dire, ce chauffeur n’en est pas vraiment un. C’est un réalisateur iranien talentueux, Jafar Panahi, que le régime des Mollahs a malmené et maltraite encore, notamment parce qu’il a osé contester la réélection frauduleuse de Mahmoud Ahmadinejad en 2010. Un proscrit. Un artiste que le pouvoir iranien s’évertue à faire taire, à museler.

Quant à son taxi, ce n’en pas vraiment un non plus : « c’est un plateau de cinéma clandestin, un camouflage monté sur roues, le véhicule d’un insoumis » [3]. Dans lequel défile toute la société iranienne. Une société iranienne qui en a bien plus gros sur la patate que les Mollahs et leurs effroyables sbires ne peuvent le penser. Tant et si bien que la voiture se transforme pendant un peu plus d’une heure en « une formidable caisse de résonance politique » [3], ce qui n’est pas sans augurer de jours meilleurs pour l’Iran, du moins pours ses habitants, manifestement avides de liberté d’expression. De liberté tout court.

Vous l’aurez compris, Taxi Téhéran n’a donc rien à voir avec les Mythes urbains évoqués plus haut. Ceci posé, pas sûr que le spectateur perde au change, bien au contraire. Entre fiction et documentaire, le résultat de ces vadrouilles filmées en mode caméra-caché dans les rues de la capitale iranienne, au contact de personnages hauts en couleurs, constitue une photographie tellement captivante de cette société méconnue. Tellement captivante qu’il est probable que personne n’aura l’impression de ressortir lésé de cette projection.

A voir, sans hésitation.

 

S.P.A.B.

 

[1] http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=59639.html

[2] 2015. Durée : 1 h 22

Bande-annonce :

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=59639.html

[3] Cécile Mury, Télérama, 15.04.2015, p 44

Jeudi 14 mai 2015 – Cinéma Axel – 19 et 21 h – en version originale sous-titrée (VOST)