Faits divers
TRIBUNAL CHALON - Une performance contestée
Publié le 10 Septembre 2016 à 11h45

« Run Run » est un artiste strasbourgeois qui lors de la dernière édition de Chalon dans la Rue a tagué le mur de l’évêché et brûlé quelques drapeaux dont le tricolore. Interpellé par la police nationale à l’issue de son show, le jeune homme s’est surtout révélé fragile face au tribunal.
Convoqué à 10 h 30 pour être jugé, le jeune homme ne répond aux questions des magistrats qu’à 17 heures trente passées. Une audience chargée, comme souvent. Venu de Strasbourg, le jeune artiste se montre bravache pendant sa longue attente. Il reconnaît les faits mais les inscrit dans une démarche artistique et contestataire. Longtemps travailleur social à Strasbourg auprès de jeunes toxicomanes, animateur d’un squat culturel dans le quartier de la Krutenau, « Run Run » décide de ne pas prendre le CDI que son employeur lui propose en mai dernier pour se lancer dans la performance artistique et dénoncer le système. Il a présenté son spectacle à Strasbourg, sans aucun problème mais là-haut, c’est une figure bien connue des quartiers populaires. A Chalon-sur-Saône, même s’il vient assister pour la troisième fois au festival, il a dû assumer les conséquences judiciaires de son show, tenu hors des clous du festival.
Le jeune homme est rebelle, un peu perdu, très intelligent mais « ne trouve pas sa place dans la société ». Depuis qu’il a arrêté de travailler, il est retourné vivre chez ses parents, pense beaucoup, parle tout autant. Il croit aux marges, pas aux carcans et s’il exprime sa différence, peine à s’y épanouir. Sur le banc de la salle des pas perdus, alors qu’un huis-clos se termine dans la salle d’audience pour des faits autrement plus graves, il fanfaronne un peu, évoque une parution de ses écrits - « Initiatik » - chez un grand éditeur qu’il refuse de citer et mime son désarroi. Il cite Montesquieu, parle de « rite de passage » pour entrer dans l’âge adulte et n’a visiblement pas su trouver une passerelle qui lui convienne. Il n‘a pas pris d’avocat, car « cela fait aussi partie du système ». Malgré ses propos parfois confus, le jeune artiste est attachant. Le policier d’audience était dans l’équipe qui l’a interpellé le 23 juillet dernier. Le dialogue s’installe, l’interpellé louant la sérénité avec laquelle s’est déroulé l’épisode, l’autre évoquant la non-violence du prévenu au moment des faits comme un bon souvenir…
Ca, c’est avant. « Run Run » a prévu de lire un texte qui résume sa démarche face aux juges. Arrive l’audience. La présidente Therme, qui veut comprendre, lui demande pourquoi la dégradation du mur de l’évêché chalonnais était obligatoire dans son spectacle. Désirant lire son texte, le prévenu se voit opposer une fin de non-recevoir : « On ne va pas faire de la philosophie ici, on va faire du droit » assène la présidente. Le jeune homme insiste. « Quel que soit son engagement, on n’a pas le droit de défendre des causes en dégradant les murs… Ça vous paraît sans doute terre à terre mais c‘est ainsi » reprend la présidente qui finalement le laisse lire. Au fil des pages, l’émotion étreint le jeune homme. Plus qu’un texte de revendications, c’est une manière de clamer son mal-être. Il évoque un rendez-vous avec un psychiatre, à qui il a demandé une évaluation qu’il n’a pas apportée. Hyperactivité, hypersensibilité, surdoué, difficulté d’adaptation, troubles légers du comportement qui nécessiterait un médicament qu’il refuse de prendre. La voix du jeune homme s’étrangle, il est pris de légers tremblements, à tel point que le policier d’audience craint qu’il ne fasse un malaise et s’approche de la barre. « Vous nous donnez des éléments sur vous mais vous refusez qu’on les prenne en compte » regrette la présidente. Un des assesseurs pose des questions. Le cas n’est pas banal. « Ce que je veux, c‘est trouver ma place » se plaint le prévenu, très ému. La présidente fait part de la constitution de partie civile de la Ville qui demande 100€ pour le nettoyage du mur, que le prévenu avait prévu après spectacle. Le parquet insiste sur le symbole fâcheux représenté par la destruction du drapeau. « On peut concilier sa liberté d’expression avec la loi. Le mur de l’évêché est classé, j’aimerai que le prévenu aille plus loin dans sa prise de conscience des dégâts. » Le ministère public requiert 500€ d’amende pour le refus de prélèvement ADN, deux mois de prison avec sursis et suggère un travail d’intérêt général assorti d’une obligation de soins et d’indemniser la Ville de Chalon.
« Run Run » est condamné à 150 € d’amende pour destruction du drapeau, écope d’un mois de prison avec sursis pour chaque infraction : refus de prélèvement ADN et dégradation et devra verser 100 € à la mairie de Chalon. « Nous vous incitons à méditer cette phrase : la liberté des uns s’arrête où commence celle des autres », conclut la présidente Therme. Le prévenu a éclaté en pleurs à l’issue de l’audience. Il devra surtout apprendre à prendre soin de lui pour éviter ce genre d’ennuis.
Florence Genestier



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