Bourgogne

La Région Bourgogne maintient son cap d'investissement

La Région Bourgogne maintient son cap d'investissement

Le plan d’accélération des investissements dans le BTP Bourguignon de 83 millions d’euros fait consensus…mais provoque quand même le débat.

C’était LE sujet de la séance de ce lundi matin à l’Hôtel de Région. Après avoir créé la surprise  en annonçant un plan dit « d’accélération » de l’investissement à hauteur de 83 millions à destination du secteur du bâtiment et des travaux publics, François Patriat, le président PS de la Région Bourgogne était sûr de son effet. Notamment en entendant les « pros » du secteur crier « bravo » à cette annonce.
Ce lundi matin, alors que le plan était soumis au vote, François Patriat aurait presque pu croire que des « bravos » allaient émaner de la part même de son opposition. Il est parfois bon de rêver. Mais le monde de la politique est ce qu’il et, même si des décisions font consensus, elles soulèvent toujours tout de même des questions.
« Si on pouvait enfin arrêter de nous envoyer des bilans et des invectives et si on pouvait se tourner vers l’avenir… », avait-il prévenu.
En coulisses, le conseiller régional UMP de Saône-et-Loire, Jean-Paul Anciaux, avait fait le « go between » entre la majorité et l’opposition UMP-UDI pour « border » le dossier.
Débats il y a tout de même eu. Mais chacun a bien pris soin de ne pas dépasser la ligne rouge.
Invoquant la notion de « courage », il a indiqué : « le courage, ce n’est pas que pour les autres. Nous sommes décideurs publics, le cap fixé est clair. Il faut baisser nos dépenses de fonctionnement pour maintenir notre capacité d’investissement », a-t-il plaidé, sous un « bravo », ironique celui-là, de Pascal Grappin, élu UDI de Côte-d’Or.

«Démarche extrêmement intéressante, mais…»

Il est vrai qu’avec ce que chacun qualifie comme une « bulle d’oxygène » pour le monde du BTP, ses 32000 salariés et ses 17000 entreprises en Bourgogne, difficile pour ses opposants de trouver la faille dans la démonstration de François Patriat.
Ce qui n’a pourtant pas empêché Emmanuelle Coint, élue UMP de Côte-d’Or de se plier à l’exercice critique : « La plupart des chantiers sont réalisés avec d’autres collectivités. Mais nous n’avons aucune précision sur les cofinanceurs ». Elle a également pointé que, alors que 56 millions sont consacrés aux lycées, « sur 7 projets, 4 figuraient déjà dans le programme 2011-2014, qui est terminé. Vous parlez d’accélération, mais ne s’agit-il pas plutôt d’un rattrapage des années précédentes et des projets non réalisés ? ».
Avant de conclure, assez acerbe : « Il y a 0 euro d’inscrit dans les crédits supplémentaires, auxquels il faut rajouter des dépenses non prévues. N’engagez pas la Bourgogne sur le chemin sur lequel nous entraîne le Gouvernement ».
Assez acerbe pour provoquer une réaction forte de François Patriat : « J’ai compris, dans votre conclusion, que vous ne vouliez pas que la France fasse des économies ? ».

Le rendez-vous est pris

Le FN, qui annoncera plus tard qu’il s’abstenait sur ce plan, n’a pas été plus tendre que la droite. « Dans un contexte difficile, vous clamez urbi et orbi votre soutien au BTP » a entamé Christian Launay, élu FN de Saône-et-Loire.
Ironisant sur « une bouffée d’oxygène pour un agonisant », il a comparé François Patriat à un « matelot en fond de cale qui oublie de colmater la brèche qui fait sombrer le bateau ».
Il a notamment pointé de l’argent « non pas destiné à rénover les cités mais construire des cités d’accueil pour les primo-arrivants » en France, en critiquant par ailleurs une politique nationale « d’immigration massive ».
Philippe Hervieu, au nom du groupe EELV n’a pas critiqué le plan. Il était lui préoccupé par des projets d’exploitation des gaz de schiste en Bourgogne. Inquiet, il souhaite carrément « faire annuler des permis d’exploitation ».
Quant aux élus communistes, par la voix de Nathalie Vermorel, ils ont fait glisser le débat sur un autre thème, celui de la politique économique générale de la France, insistant sur « la réalité que nous dénonçons chaque jour, c’est la rémunération et la pression du capital qui tue l’entreprise et les salariés, pas le niveau des salaires ou le droit du travail ».
Toujours méfiant à la fin des prise de paroles, Pascal Grappin (UDI) a donné rendez-vous à François Patriat pour vérifier ses dires : « le juge de paix, ce sera le compte administratif 2014 ».
Le rendez-vous est pris.

Bruno LÉDION

Photo : Alain BOLLERY