Chalon sur Saône
« Vague à larmes », claque théâtrale de Myriam Zwingel, a été administrée hier à un public de 300 personnes
Publié le 14 Novembre 2017 à 17h38

Votre infochalonniste pensait à tort voir un spectacle au mieux correct. Il a pris une baffe. La même qu’a probablement reçu l’immense majorité du public.
Chaque rencontre de votre infochalonniste avec Pascal Terrier, le directeur de la maison de quartiers des Aubépins, est toujours, quelque part, empreinte d’une certaine émotion. La dernière fois, au lendemain de l’incendie qui avait emporté la géante Aubépine Lampion, il l’avait laissé très affecté. Hier soir, quand il l’a croisé à la salle Marcel Sembat, il l’était encore un peu aussi, mais pas pour les mêmes raisons. Pourquoi alors ? Parce que le hasard cu calendrier a fait qu’un excellent spectacle sur la manipulation mentale et les risques de radicalisation des jeunes et de tout un chacun s’est retrouvé programmé un 13 novembre. Or, le 13 novembre, depuis les attentats de Paris de 2015, le massacre du Bataclan, c’est un jour spécial, dans le mauvais sens du terme.
(à g., Pascal Terrier ; à d., Gilles Platret)
Gilles Platret : « Le théâtre doit aussi nous permettre de nous interroger collectivement »
Cette coïncidence, pas forcément malencontreuse, programmer un tel spectacle un 13 novembre n’étant pas forcément hors de propos et même une façon de continuer de vivre sans pour autant oublier ce qu’il s’est malheureusement passé il y a deux ans… Cette coïncidence n’a pas échappé, non plus, au maire de Chalon, venu voir cette pièce de théâtre sur fond de musique rap, pour le moins percutante. Tout en notant un « hasard de la programmation », celui-ci n’a pas extrapolé outre mesure, juste considéré que les poids des victimes saône-et-loiriens était lourd, et que ce spectacle était une occasion de « nous interroger sur ce qui peut nous amener à basculer dans l’innommable, la barbarie », « une réflexion qui doit nous amener à beaucoup d’humilité », même si « on essaye de prévenir, pour pas que d’autres basculent du côté de la mort, de la destruction ».
Après avoir précisé que cette soirée organisée par les Maisons de quartiers de la ville n’aurait pu être possible sans le soutien du Grand Chalon et des services de l’Etat, représenté hier soir par le sous-préfet Jean-Jacques Boyer, Gilles Platret a enfin expliqué que « le théâtre doit aussi nous permettre de nous interroger collectivement », parce que « c’est un moment de vérité, de confrontation avec nous-mêmes. » Puis le spectacle a commencé.
Myriam Zwingel dégage la substantifique moelle d’un processus conduisant à basculer du « côté obscur »
Qu’en penser ? A vrai dire, en s’y rendant, votre infochalonniste craignait qu’il ne s’agisse d’une somme de lieux communs, plus ou moins finauds, comme la plupart des spectacles abordant ce thème qu’il a eu l’occasion de voir. En réalité, rien de tout cela. Myriam Zwingel, qui a écrit le texte et l’a mis en scène, évite précisément tous les lieux communs auxquels on pouvait s’attendre. S’il est bien question, au début, d’un ado parti sans crier gare, en Syrie, surprenant ainsi deux de ses anciennes petites amis ayant pour particularité d’être sœurs, on s’en éloigne très vite. A la manière d’Abdellatif Kechiche, avec La vie d’Adèle. Chapitre 1 et 2**, film dans lequel celui-ci faisait accéder à l’essence de la relation amoureuse sur fond d’histoire très particulière, Myriam Zwingel parvient à dégager, de façon surprenante, la substantifique moelle d’un processus conduisant à basculer du « côté obscur de la force ».
(à g., John Guigue, adjoint au maire en charge de la vie des quartiers ; à d., Myriam Zwingel)
Un public hissé à un degré supérieur d’analyse
Au lieu de mettre en scène des jeunes en déshérence, descendants ou non de parents immigrés*, se faisant retourner le cerveau par des fondus à la solde du djihad et de l’Etat islamique, c’est par une certaine sensibilité de l’héroïne à la souffrance animale que Myriam Zwingel nous fait accéder à une certaine compréhension de ce qui peut se passer dans une tête, pour en arriver à tuer son prochain, au nom d’une cause. De la sorte, elle hisse le public à un niveau supérieur d’analyse. En effet, au terme de son spectacle, difficile de rester bloqué sur la croyance que nous sommes immunisés face au « craquage », aux délires obsessionnels pouvant nous conduire au crime, et même au meurtre de masse. D’ailleurs, après cette immersion dans un univers à la croisée du réel et du virtuel, difficile de s’exprimer pour donner un avis, comme l’a illustré le débat qui s’est ensuivi, modéré par un professeur de philosophie de Rouen. La claque que l’on prend estourbit un peu.
Si elle laisse un peu KO debout, elle n’en est probablement pas moins salutaire. Dans tous les cas, c’est un spectacle à voir, à faire voir. Les acteurs de la Compagnie Six pieds sur Terre sont bons, très bons. Aussi bons que le reste, texte, décor, musique et mise en scène.
Samuel Bon
*Cela a été rappelé hier durant le débat qui a suivi le spectacle, contrairement à une idée reçue, la plupart des jeunes partant en Syrie ou dans des lieux d’entraînement au djihad sont souvent de nationalité française, issues de familles de culture catholique ou athée. Sur ce point, lire :
-Stephen Reicher et Alexander Haslam, « Comment nous aidons le terrorisme. Nos institutions nourrissent-elles Daech ? », Cerveau & Psycho, n°78, juin 2016, pp 66-73
-Philippe Huneman, « Illumninati, un complot mondial à l’état pur », Philosophie magazine, n°96, février 2016, pp 28-37.
-« Dossier : La Terreur va-t-elle nous changer ? », Philosophie magazine, décembre 2015-janvier 2016, n°95, pp 46-73.
**Lire la chronique de votre infochalonniste :



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