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Etre et avoir été, pas une gageure pour la chanteuse Anne-Marie David, simplement une passation des pouvoirs
Publié le 29 Avril 2014 à 18h58

Dans les années 70 elle tutoyait les sommets de l’Eurovision, se permettant le luxe du leadership en 1973, grâce à la chanson : « Tu te reconnaîtras », ce sous les couleurs du Luxembourg. Six ans après l’inoubliable interprète montait derechef sur le podium, cette fois sur la troisième marche, au bénéfice de la France, sa patrie, grâce au titre : « Je suis l’enfant soleil ». Celle qui a été Marie-Madeleine dans la comédie musicale « Jésus-Christ Superstar » en 72, et a fêté ses quarante ans de carrière en 2011, ne mâche pas ses mots lorsqu’on lui demande son avis. Vindicative, parfois, mais toujours en adéquation avec sa vérité qu’elle ne maquille pas, ainsi apparaît Anne-Marie David, obnubilée par la résonance du chant.
Chanter, pour vous, cela équivaut à quoi ?
« C’est déjà quelque chose de tout à fait naturel. Ma mère, d’ailleurs, a dit que toute petite je chantais déjà. C’est tellement super que ça ne pouvait pas être un métier. Néanmoins, il m’a fallu petit à petit entrer de plain-pied dans la profession : sept-huit heures par jour pendant deux ans avec un professeur de chant, c’est une chose magnifique. Je crois que c’est le plus beau métier du Monde. C’est le seul métier où les gens payent pour que je les rende heureux. Vous valez une-deux heures de plaisir, de rêve. »
Vous attendiez-vous à être vainqueur du Concours de l’Eurovision en 1973 ?
« Je partais déterminée à le gagner avec le Luxembourg. Ce pays venait de le remporter avec Vicky Leandros, et la première question que j’ai posée, était : Est-ce que vous voulez gagner ? A partir de là je me suis dit qu’il fallait y aller pour la victoire. Ca aurait été n’importe quel autre pays, ça aurait été pareil. Dès lors qu’un pays vous donne la mission de le représenter, la plus belle chose que vous pouvez leur rendre, c’est de l’emporter. Ce sont les Jeux Olympiques de la chanson. »
Est-ce votre meilleur souvenir artistique ?
« Sur le plan de la surprise, de la puissance de l’émotion quand on voit tous ces journalistes se ruer sur nous, probablement. Après, de très bons souvenirs de scène, j’en ai beaucoup à chaque fois que la salle me suit. C’est très émouvant. »
Ce boum vous a-t-il suivi toute votre carrière, et n’a-t-il eu que des effets bénéfiques ?
« Enormément d’effets bénéfiques, au point que je n’ai quasiment pas été chez moi pendant trois ans ! Mais il a fallu composer avec les aspects négatifs. Quand vous gagniez à l’époque, on vous emmenait aux quatre coins du monde pour une carrière internationale. J’ai eu toutes mes chansons traduites en cinq langues au minimum. Chacun de ces pays m’a demandé des productions dans sa langue originelle. La difficulté, c’est qu’après il faut assurer la promotion, et vous êtes indispensable pour le reste. Je n’étais plus en France, et la maison de disques en France ne communiquait pas pendant très longtemps. J’ai été absente, et comme l’affirme le dicton : « Loin, des yeux, loin du cœur ! » On me coupait de mes racines françaises. Ca a été probablement la grosse erreur, une faille impensable dans le marketing de la communication, mais ce n’était pas ma formation. Il y a eu d’énormes effets pervers.«
Comment jugez-vous le Concours de l’Eurovision d’une manière générale, et les errements tricolores en particulier, à partir du début des années 80 ?
« Si les gens devaient payer de leur poche, je ne suis pas sûre qu’ils le feraient. Ils sont payés avec notre argent, et ils ne font rien ! Ne participons plus, ne soyons plus ridicules, ou qu’on demande aux gens combien ça coûte ! Les pays de l’est dépensent dix fois moins d’argent que nous. On ne peut pas continuer comme ça, il va bien falloir qu’à un moment donné ça s’arrête. On a tellement honte du choix, que même France 3 ne promeut pas les chanteurs ! De plus, les commentateurs français, c’est honteux, on n’entend pas les chanteurs, ils parlent par-dessus les chansons. Ils sont grassement payés pour un métier qu’ils ne connaissent pas. Je suis, au fond de moi, chagrinée, j’adore mon pays, et j’éprouve une espèce de colère rentrée, car je trouve incroyable qu’on passe son temps à dire que l’Eurovision n’intéresse plus les Français. Les Français, oui, n’aiment pas perdre, finir derniers. Comme au foot, forcément il y a le désamour. On ne peut pas reprocher aux gens de ne plus aimer l’Eurovision, et de tout faire pour ! J’ai le respect du bien public, et je veux bien donner mon argent à la collectivité, mais que ce soit à bon escient. L’année d’après la victoire est une vitrine, un coup de projecteur, et cela rehausse l’image de marque d’un pays à la ramasse.»
Sentimentalement, professionnellement, est-ce moins, autant, ou plus important de percer dans votre pays d’origine, que dans ceux (Turquie, pays nordiques, Japon…) où vous êtes très populaire ?
«On aime toujours la reconnaissance de son pays, mais en même temps, lorsque j’ai un téléspectateur sur une chaîne, je ne me pose pas la question de savoir s’il est Serbe, Anglais…le message est identique : l’emmener dans un voyage musical, et partager. C’est ce pourquoi je continue à faire ce métier. »
Aimeriez-vous débuter maintenant ?
« Non, pas du tout. A mon époque, c’était pas toujours très facile, mais on avait des gens compétents. On ne cherchait pas des stars, on cultivait des Artistes. On nous prenait certes pour des produits à vendre, mais on investissait sur nous deux-trois ans. Ces personnes-là n’existent plus aujourd’hui, car on a affaire à des commerciaux. Il n’y a plus de respect, on emmène les gamins dans des rêves. Je ne sais pas ce qu’est une star de la chanson, en revanche je sais ce qu’est un chanteur célèbre. Pour ma part, je peux partir demain avec mon baluchon et mon âne, je serai un baladin. J’ai envie d’avoir les gens en face de moi dans une salle humaine, prendre des risques. »
Quelle est l’Anne-Marie David de 2014 ?
« Ca reste une grande inconnue. J’ai réglé le problème très important de mon ego, mais je pense que je lui donne la juste place qui lui va. C’est la partie où j’ai envie de me mettre en danger. J’ai fait le tri de l’essentiel et de l’accessoire. Voir les gens sur scène le plus souvent possible, mon métier c’est d’être sur une scène, je garde cette envie, et je suis toujours avide de projets de jeunes gens, et la transmission de ce que je fais. «
Avez-vous toujours le même feu sacré pour chanter ?
« Oui, peut-être même davantage, car maintenant j’ai compris ce qu’était mon métier. »
Vers quoi tendez, et tendrez-vous désormais ?
«J’ai commencé à écrire un livre sur des choses vécues (vie privée, vie professionnelle, du bavardage, etc.) en expliquant l pourquoi du comment. Il s’appellera : « L’inconnue que je suis ». Je ne suis plus pressée de rien, ce que j’ai fait, je l’ai fait. En outre je vais essayer de me lancer dans la comédie. J’ai la pièce qui va, on l’a écrite pour moi, car je voulais être prête. Il ne suffit pas d’avoir une idée, il faut trouver le financement. Je suis dans la dynamique de la mise en place. »
Michel Poiriault



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