Givry
« La femme est-elle un homme comme les autres ? » - à propos d’un entretien philosophique avec Marie Chantereau
Publié le 16 Avril 2015 à 21h37
Dans le cadre du cycle « Femmes Reg’Arts », qui se déroule depuis le 7 avril, la halle de Givry recevait mercredi soir Marie Chantereau, un médecin qui a cessé d’exercer sa profession « pour lire de la philosophie ». Retour sur un entretien philosophique, intitulé : « La femme est-elle un homme comme les autres ? ».
« La femme est-elle un homme comme les autres ? » Cette question, d’ordre philosophique, Marie Chantereau l’a voulu ouverte et…sans réponse ferme et définitive. En d’autres termes, elle a d’une certaine façon souhaité lui apporter une réponse…philosophique, c'est-à-dire l’aborder en soulevant les nombreuses interrogations que sa question liminaire contenait, sans prétendre détenir une vérité qu’elle se serait efforcée d’inculquer. Bref, Marie Chantereau a d’abord et avant tout cherché à spéculer, dans le sens noble du terme : méditer. Ceci à haute voix, devant un public d’une bonne soixantaine de personnes, hommes et femmes confondues. Une salle bien remplie, quoi. Le signe, d’ailleurs, que le sujet intéresse, ce que n’a pas manqué de relever Christophe Sengel, le fondateur du cycle « Femmes Reg’Arts », lorsqu’il a précisé que, de toutes les animations se déroulant depuis le 7 avril, cette soirée philosophique était pour l’instant celle qui avait attiré le plus de monde.
Refuser de penser la question en parlant de l’Homme et de la Femme en soi
« La femme est-elle un homme comme les autres ? » Pour traiter cette question, Marie Chantereau a d’abord attiré l’attention de l’auditoire sur la difficulté de définir, en soi, l’Homme avec un grand « H » et la Femme avec un grand « F ». Avant d’alerter sur la dangereuse essentialisation vers laquelle mène le recours à de telles catégories. En effet, en écho au Sartre de L’existentialisme est un humanisme [1], mais aussi à l’intempestif Nietzsche, Marie Chantereau a assez subtilement mis en avant les écueils liés à ces deux termes, lorsqu’ils servent à regrouper une multiplicité de situations. C’est ainsi qu’elle a préféré renoncer à définition de l’Homme et de la Femme en soi. Car, « définir, ça enferme ». Car définir de la sorte, c’est déjà malmener la réalité des faits, étant entendu que définir pour au final essentialiser, c’est implicitement consentir à une réduction du complexe à quelque chose qui a certes le mérite d’être simple, mais trompeur. Or, philosopher, ça sert quand même un peu à éviter de prendre des vessies pour des lanternes.
Des discours qui ont légitimé l’infériorité de la femme
Ce premier obstacle détecté, celui du pouvoir qu’ont les mots de déterminer et d’enfermer la pensée des hommes dans des schémas qui ne sont peut-être pas pertinents pour appréhender correctement le réel, Marie Chantereau s’est attelée à la délicate tâche consistant à concevoir la nature des relations que peuvent entretenir les représentants de chacun des deux sexes. En interrogeant le terme d’ « altérité » qui, chez certains philosophes, notamment Arthur Schopenhaueur, se conçoit d’abord comme « bonne distance » à l’égard de l’autre.
Ceci a conduit Marie Chantereau à passer en revue les différents facteurs et surtout discours, principalement ceux des religions monothéistes, qui ont permis de faire en sorte que la différence des sexes soit une hiérarchie entre les sexes, dans laquelle les femmes sont positionnées comme inférieures aux hommes, ce que déplorait il y a peu Françoise Fortunet lors d’une conférence à l’Axel [2]. Car « les religions entérinent, plus ou moins implicitement, la position dominante des hommes ». Ce qui s’explique peut-être par le fait que ceux qui ont rédigé les textes sacrés et, plus tard, les ont traduits, étaient…des hommes…
Ceci a également conduit Marie Chantereau à mettre à jour l’asservissement des femmes, justifié par la Raison cette fois-ci, que l’on trouve chez un philosophe pourtant adulé en son temps par des femmes comme Olympe de Gouge et Mme de Staël, que l’on peut sans doute qualifier de pionnières du féminisme : l’archiconnu Jean-Jacques Rousseau, dont on devrait toutefois lire la correspondance qu’il a eu avec une certaine Henriette, ne serait-ce que pour éviter de conclure trop vite que c’était un vilain Monsieur avec les femmes [3]. Conclusion un peu rapide à laquelle mènent malheureusement les réflexions de Marie Chantereau sur le « citoyen de Genève ».
Une hiérarchie des sexes remise en cause
Ce tour d’horizon opéré, Marie Chantereau a néanmoins souligné que cette hiérarchie millénaire entre les sexes, pour ce qui concerne les démocraties occidentales en tout cas, en avaient fort heureusement pris un coup dans les naseaux, même si tout n’est pas encore rose, loin s’en faut. Pourquoi ? Parce que, depuis, la liberté en matière de mœurs, la domestication de la fécondité via les progrès et la propagation de la contraception, non seulement ont émancipé les femmes des hommes mais ont également conduit à une égalité, au moins juridique, entre les sexes.
Ceci exposé, Marie Chantereau n’en a pas moins considéré qu’ « on attend encore le moment où le sexe ne divisera plus l’humanité en deux groupes hiérarchisés » au profit des hommes. Un moment qui, selon elle, est largement tributaire d’un regard nouveau des hommes sur leurs autres : les femmes.
Ne pas céder à la tentation du rejet de la féminité
En attendant ce moment, il est urgent pour les femmes d’éviter trois écueils : la tentation communautaire, le victimisme et, surtout, le rejet de la féminité.
En effet, il faut à tout prix éviter ce dernier écueil, celui du rejet de la féminité, car derrière celui-ci se profile un risque non-négligeable : celui de la confusion des sexes, qui peut conduire à une neutralisation des différences, sous la bannière du masculin. Pour, en quelques mots, éviter une « digestion » définitive des femmes par les hommes. Bref, pour éviter la fin – non souhaitable – de l’altérité.
Ces mises en garde énoncées, Marie Chantereau a souhaité terminer la réflexion à voix haute qu’elle a menée devant son public d’un soir par un débat durant lequel – un participant n’a pas manqué de le relever avec humour – ce sont principalement…les hommes qui ont pris la parole.
Le signe que les femmes ont si bien intériorisé l’infériorité dont il a été question au cours de la soirée qu’elles peinent encore à s’autoriser à prendre la parole ? Pour être franche, pas facile de répondre. Mais nul doute qu’une telle interrogation pourrait faire l’objet d’un nouvel entretien philosophique. Et à partir de là une chose est sûre : si c’est Marie Chantereau qui se dévoue pour la traiter, on ira d’autant plus volontiers.
Adèle PANTRE
[1] Jean-Paul SARTRE, L’existentialisme est un humanisme, Gallimard, coll. « Folio essais », (1946) 1996, 109 p
[2] Voir mon article, sur Info-Chalon :
[3] Jean-Jacques ROUSSEAU – Henriette, Correspondance (1764-1770), Editions Manucius, 2014, 138 p



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