Cinéma

Soirée débat sur le gaz de schiste pour ACTE à Chalon sur Saône

Soirée débat sur le gaz de schiste pour ACTE à Chalon sur Saône

Mardi 21 avril, l’association ACTE avait convié la population chalonnaise à l’Axel pour une soirée ciné-débat autour du gaz de schiste. Retour sur cette soirée.

L’association ACTE – Association Chalonnaise pour la Transition Energétique –, qui lutte depuis sa création en 2012 contre le nucléaire, mène un travail de réflexion sur des solutions alternatives, plus propres, à mettre en œuvre pour répondre à nos besoins énergétiques, voire un changement de nos habitudes en la matière. Une nouvelle cible est apparue dans la ligne de mire de l’association : le gaz de schiste. Pour en parler et échanger avec les habitants du Chalonnais, ACTE a proposé, mardi 21 avril au soir, la projection du documentaire de Doris Buttignol et Carole Menduni : No gazaran. Le film, très riche en informations, a été suivi d’un débat en présence de Robert Pilli, référent du Collectif Non aux gaz de schiste – Nord Isère et protagoniste du documentaire.

 

Après Gasland, documentaire de 2010 réalisé par Josh Fox pour attirer l’attention sur l’extraction du gaz de schiste par fracturation hydraulique et son impact sur l’environnement et la santé, No gazaran, sorti en avril 2014, est un nouveau documentaire qui revient sur le sujet.

 

« Cette histoire commence il y a des millions d’années, quand la matière organique se transforme en hydrocarbure : le gaz de schiste ». Tel commence le documentaire, qui rapidement déplore qu’au 21ème siècle « notre société [dépende] des hydrocarbures ». Ainsi le débat est-il directement lancé. Une fois la technique du « fracking » ou fracturation hydraulique expliquée, ce sont les conséquences d’un tel procédé qui sont listées : il nécessite l’utilisation d’une grande quantité d’eau douce, produit de nombreux déchets, fait remonter du sol des éléments radioactifs, laissent s’évaporer des fluides dont les vapeurs sont cancérigènes. Le Professeur Picot explique plus loin que, non seulement des produits nocifs pour la santé, tel que le benzène, le formaldéïde, l’oxyde d’éthylène (provoquant leucémies et cancers), sont utilisés, mais qu’également, les produits injectés dans ce procédé se transforment, à l’instar du chrome, allergisant, qui devient chromate, agent cancérigène à son point de contact.

 

Après les Etats-Unis et le Canada, c’est sur l’Europe que les gaziers semblent avoir jetés leur dévolu. Et, si en Europe les populations manifestent ne pas vouloir des exploitations de gaz de schiste, l’Union Européenne ne peut s’y opposer. C’est à chaque Etat de décider en la matière. En France, des autorisations ont été délivrées en mars 2010 par Jean-Louis Borloo, alors Ministre de l’écologie. Depuis la Loi Jacob du 13 juillet 2011, « visant à interdire l’exploration et l’exploitation des mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux par fracturation hydraulique et à abroger les permis exclusifs de recherches comportant des projets ayant recours à cette technique », des permis ont pu être abrogés. Cependant il reste des lieux de recherche de ce nouvel or pour les pétroliers-gaziers sur le territoire métropolitain. Et si François Hollande affirme, à l’automne 2012, qu’il refuse la fracturation hydraulique et insiste sur le fait qu’actuellement « il n’y a pas d’autre technique que celle qui est condamnée », rien ne dit qu’une autre technique ne sera pas mise au point à l’avenir et donc que les extractions ne seront pas possibles. Et c’est bien ce qui inquiète les détracteurs du gaz de schiste pour qui « même si l’on trouvait des techniques plus propres pour l’exploitation de cette matière, le problème est qu’elle produirait des gaz à effet de serre à sa combustion, d’où la nécessité de réfléchir à un autre système d’énergie ». Ainsi, c’est notre consommation d’énergie qui doit être repensée en global.

 

« Quand une exploitation cesse, la pollution continue » s’inquiète l’un d’eux. « Quand on va trop loin, il n’y a pas de retour » s’alarme un autre. « C’est un dossier politique, environnemental et il est traité comme un dossier de business » s’exaspère un troisième. Et il est difficilement contestable qu’il est ici question de gros sous : le documentaire nous rappelle que « le savoir-faire est détenu par des sociétés canadiennes et américaines » et que « les produits injectés sont sous brevet américain, donc protégés ». Les gouvernements qui ouvrent leurs portes aux pétroliers espèrent beaucoup de cette industrie pour l’emploi et les finances de leur pays, même s’ils ne peuvent s’empêcher d’avoir des craintes face aux incertitudes qui entourent le gaz de schiste.

 

Par la projection de No gazaran, ACTE  a permis au public présent de faire un état de la situation des connaissances que l’on a du gaz de schiste et le débat qui s’en est suivi a permis d’approfondir la question grâce à de riches échanges avec Robert Pilli. 

 

M.B.