Cinéma

Jeudis de la Bobine, à l’Axel de Chalon : « Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence »

Jeudis de la Bobine, à l’Axel de Chalon  : « Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence »

Dernier volet d’une « trilogie sur l’existence », « Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence », du Sudéois Roy Andersson sera à l’honneur des jeudis de la Bobine, au cinéma Axel de Chalon.

« Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence »… Dès le titre de ce qui est en fait le dernier volet [1] d’une trilogie du réalisateur suédois Roy Andersson – la « trilogie de l’existence » -, l’éventuel spectateur peut sans doute hésiter à se déplacer jusqu’au cinéma Axel ce jeudi soir. En effet, et bien qu’auréolé l’an passé au Festival de Venise d’un Lion d’or – un prix décerné à des productions pour leur qualité -, le titre de ce film sonne vraiment « chelou », pour parler comme les jeunes. Par ailleurs, il n’est pas sans rappeler les intitulés de films pour indécrottables « cultureux » élitistes, devant lesquels l’insomniaque retrouve curieusement le sommeil. Bref, dès le titre, de nombreux voyants sont au rouge.

Mais si, en plus de cela, le spectateur potentiel fait l’effort de lire ci et là quelques articles de journaux ou revues sur ce film, il y a fort à parier qu’en lieu et place de se rendre à l’Axel, il préférera participer au barbecue auquel l’avait invité son voisin. En effet, à part Télérama [2], qui a semble-t-il vraiment « kiffé », la critique est pour le moins féroce. Ainsi, pour Les Inrockuptibles [3], il ne s’agit rien moins là que d’un « gloubi-boulga de saynètes tournées en plan fixe », d’ « un mélange assez mal digéré de Kafka, Tati, Kaurismäki, du dessinateur Voutch, de Beckett, PLonk et Replonk, Ewar Hopper, Magritte, de procédés visuels que notre Sudéois doit prendre comme l’aboutissement du surréalisme au cinéma ». Et le cinéma d’Andersson est un cinéma est « un cinéma sans âme, où les personnages ne sont que des marionnettes agitées par un misanthrope psychorigide ». Quant au Cahiers du cinéma [4], ils ne sont pas tendres non plus. Ils ont même détesté. Pour ces derniers, « comprendre ce que certains trouvent en fait à ce Pigeon », il faut « revenir à la phrase de Renoir père devant les lénifiants de son temps : ‘’L’art en redingote épatera toujours’’ ».

Ceci posé, faut-il pour autant éviter à tout prix de traîner du côté de l’Axel ce jeudi ? Paradoxalement, pour le dire, le mieux est encore de voir ce film au titre pour le moins singulier. Ce n’est en effet que comme cela que vous saurez si Roy Andersson vous a pris pour des…pigeons.

S.P.A.B.

 

[1] 2014. Durée : 1 h 40

Bande-annonce : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19547715&cfilm=204107.html

[2] Télérama, 29.04.2015, pp 48-49

[3] Les Inrockuptibles, 29.04.2015, p 72

[4] Les Cahiers du cinéma, avril 2015, p 49