Chalon sur Saône

Caresser le rêve d'Icare, des spotteurs d'oiseaux l'ont fait à Bouzeron...par volatiles interposés !

Caresser le rêve d'Icare, des spotteurs d'oiseaux l'ont fait à Bouzeron...par volatiles interposés !

Tous les ans le premier week-end d’octobre sert la cause des Journées européennes de la migration.

Sur la pelouse calcicole dont la Tour Télécom culmine à 375 mètres sur les hauteurs de Bouzeron (la Montagne de la Folie), on n’était pas vraiment en phase avec les dates officielles, mais néanmoins dans le même ordre d’idées. Une trentaine de personnes, naturalistes, ornithologues à l’expérience pointue ou non et de tous âges, ont ainsi, ce samedi matin 22 octobre, pu s’accorder un salutaire temps de répit hors du temps passer à admirer, et éventuellement comptabiliser, l’avifaune qui poussait plus au sud son épopée postnuptiale annuelle, histoire d’avoir gîte et couvert sur le continent africain avant de, au printemps prochain, recoloniser les espaces affectionnés.

 

Des pigeons et des milans royaux

 

Ce n’est pas la première fois qu’à Bouzeron les jumelles et longues-vues constituent autant d’outils de travail pour celles et ceux que la lecture du ciel via certains de ses occupants représente un mets de choix, l’endroit faisant partie de la liste des lieux adaptés aux observations saône-et-loiriennes, même si d’autres sont plus utilisés. Comme Matour par exemple. N’omettons pas un secteur d’Etang-sur-Arroux, à proximité de l’église de Laives, ou à Saint-Ythaire…. En cette veille de journée dominicale, ils s’y sont mis à trois afin d’accréditer la thèse de la plausibilité sur les fluctuations, histoire d’alimenter la banque de données du premier cité : l’A.O.M.S.L. (Association Ornithologique et Mammalogique de Saône-et-Loire), en lien avec le site Natura 2000, et le service environnement du Grand Chalon. Les pigeons ramiers (par vagues de deux cents à trois cents individus), arrivant à un cumul de plusieurs milliers, ainsi que quelques milans royaux, ont été notés noir sur blanc. Signalons à toutes fins utiles que la France abrite 50% de la population mondiale de ce  rapace majestueux, lequel malheureusement a des effectifs qui se cassent la figure…S’agissant des passereaux, nettement moins commodes à identifier, ce sont principalement des pinsons des arbres, des grosbecs casse-noyaux et des grives qui ont été furtivement cochés. Selon Alexis Révillon, permanent à l’A.O.M.S.L., «ça permet de découvrir des sites autrement. La chaume est un point de vue stratégique. On est en bord de relief, et c’est un axe de repère pour les oiseaux. On profite beaucoup d’oiseaux scandinaves et des pays de l’Est. Nous sommes un peu à la croisée des chemins. Globalement, des cols différents seront empruntés au retour, ceci étant dû aux vents dominants. » Si Bouzeron est une colline, il existe un manque criant de cols dans le 71 (à la notable exception de Matour) qui autoriseraient dans le cas contraire une plus langue visibilité du fait d’une concentration d’éléments de la gent ailée dans un goulot. La migration commence tôt en Bourgogne, les voyageurs au long cours n’ayant que faire des vacances estivales ! « Ca débute le 1er août avec le milan noir, et cela se tasse vers le 15 novembre. Après, c’est en fonction des vagues de froid », nous apprend le jeune ornithologiste. Dénombrer ce qui vole dans les airs n’est pas chose aisée, et il faut s’astreindre à une méthodologie pour se montrer efficient. « C’est dur pour se former et disposer d’une capacité à la détection. De plus on n’est pas une région attractive. On se focalise sur les espèces faciles à voir, telles que les pigeons, les rapaces… » On a osé dire un beau jour : « Quand on aime, on ne compte pas.» Un non-sens absolu en définitive…

                                                                                                      Michel Poiriault

                                                                                                      [email protected]