Saône et Loire
Vincent Castagnino, secrétaire départemental du SNUipp-FSU 71 : « lorsqu’un service public n’est pas rendu ou mal rendu, les gens se tournent vers le privé »
Publié le 14 Septembre 2017 à 12h21

Co-secrétaire départemental du SNUipp-FSU 71 (aux côtés de Marc Dailloux et Marie Larrouy), le syndicat majoritaire des enseignants du 1er degré par ailleurs composante de la Fédération Syndicale Unitaire (FSU), Vincent Castagnino avait invité mercredi matin la presse locale à venir l’écouter dans les locaux de la maison des syndicats de Chalon-sur-Saône. Le retour d’info-chalon.com.
Dans « un contexte d’attaque contre la fonction publique et contre les travailleurs du privé » passant par « une nouvelle réforme du Code du travail », Vincent Castagnino a souhaité alerter les lecteurs d’info-chalon.com sur les conséquences d’un recours à des vacataires pour enseigner dans les écoles de la République et sur celles relatives aux décisions du gouvernement Philippe en matière de contrats aidés.
Enseigner est un métier qui s’apprend
Pour Vincent Castagnino, « enseigner est un métier qui s’apprend. On le devient par le biais d’une formation spécifique », celle dispensée au sein de l’un de ces établissements supérieur du professorat et de l’éducation (ESPE) qui ont remplacé les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) créés en 1990 pour assurer et rapprocher la formation des instituteurs anciennement assurée par les écoles normales, des professeurs de collège et de lycée auparavant formés dans les centres pédagogiques régionaux (CPR), des professeurs de lycées professionnels, relevant jusqu’alors, eux, des écoles normales nationales d'apprentissage (ENNA). Mais alors qu’il s’agit d’un métier, l’Education Nationale fait désormais le choix de recourir à des vacataires, c’est-à-dire à « des personnes qui n’ont pas appris à enseigner », qui « n’ont pas été spécifiquement formés pour être enseignant et…ne vont pas le devenir à l’issue de leurs contrats ».
Cette année, en Saône-et-Loire, 17 postes n’étaient pas pourvus à la rentrée. Pour y remédier, le directeur académique des services de l’Education Nationale du département (DASEN 71), Fabien Ben, a entrepris auprès du Rectorat de l’Académie de Dijon des démarches pour pouvoir embaucher des contractuels. Pour le SNUipp-FSU 71, cette situation est d’autant plus inadmissible que les personnes figurant sur la liste complémentaire du concours de recrutement des professeurs des écoles (CRPE) n’ont pas toutes été appelées. Or, « recruter sur la liste complémentaire garantit pour ces collègues la possibilité d’entrer en formation et ouvre des perspectives de titularisation », ce que n’offre aucunement le recours aux contractuels, vecteur de précarité et de carences en matière de contenu des enseignements. C’est pourquoi son syndicat appelle le rectorat et le DASEN 71 à « rappeler les personnes sur listes complémentaires », en lieu et place de recruter des vacataires, qui certes « reviennent moins cher que ces fonctionnaires de l’Etat que sont les professeurs titulaires mais dont les conditions d’exercice d’un métier auxquels ils n’ont pas été formés portent atteinte à la qualité du service public », donc aux enfants qui en sont les principaux usagers. Il l’appelle d’autant plus volontiers à le faire qu’il est techniquement possible pour l’ESPE de Mâcon d’accueillir encore 30 stagiaires de plus et qu’il n’y a donc, objectivement, aucune raison valable de faire appel à des vacataires, dont le recrutement contribue à « remettre en cause l’idée qu’en France l’éducation est assurée par des fonctionnaires ou des professeurs stagiaires en passe de le devenir ». Une idée non négociable pour le SNUipp-FSU 71.
Une diminution des emplois aidés qui nuit à la qualité du service public
Autre (gros) point de mécontentement : les annonces estivales du gouvernement puis la décision d’en finir avec les contrats aidés, du moins supprimer une bonne partie de ceux-ci. Certes, depuis, « le ministère de l’Education Nationale s’est engagé à ce que la volonté du gouvernement Philippe n’ait aucune incidence sur les élèves handicapés », à propos desquels le candidat Macron avait fait de nombreuses promesses pendant la campagne présidentielle*. Comprendre : la baisse des emplois aidés auxquels recourt l’Education nationale ne concernera pas les emplois d’auxiliaires de vie scolaire (AVS). A priori, une bonne nouvelle, nombre de parents d’enfants en situation de handicap peinant déjà à obtenir une AVS pour que leur enfant puisse comme les autres fréquenter une école devant, aux termes du droit en vigueur, les accueillir. Une situation dont info-chalon.com vous a touché quelques mots récemment dans deux articles**.
Il n’en demeure pas moins que, pour l’Académie de Dijon, d’après les informations recueillies par le SNUipp-FSU 71, il y a 253 emplois aidés de moins pour la rentrée 2017. Ceux qui, auparavant, permettaient de recruter des auxiliaires de vie administrative, précieux collaborateurs de directeurs d’école de plus en plus surchargés de tâches administratives, en plus de leur service d’enseignement. Pour l’instant, le Rectorat ne semble pas prompt à communiquer le nombre d’emplois aidés en moins qui concernera la Saône-et-Loire. Mais, grâce à de nombreux retours d’écoles du département, le SNUipp-FSU 71 sait qu’il a été signifié à de nombreux directeurs qu’ils ne pourront plus bénéficier d’une précieuse aide administrative. Sont concernées deux écoles à Chalon-sur-Saône (Rives de Saône et école de l’Est), deux écoles au Creusot (Sud Michelet et La Pépinière), une à Montceau-les-Mines (Jacques Prévert), ainsi qu’une école à Verdun-sur-le-Doubs et une autre à Ciry-le-Noble.
Pour le SNUipp-FSU 71, ceci n’est « pas acceptable », la diminution de ces emplois aidés ayant une double incidence humainement dommageable. En premier lieu sur les personnes non reconduites, souvent embauchées au regard de leur précarité, que l’on congédie sans ménagement, brutalement, quasiment du jour au lendemain. Mais aussi sur les directeurs d’écoles qui, même avec ces soutiens, peinaient à rester disponibles pour « la classe qu’ils continuent de prendre en charge, en plus de leurs fonctions administratives, chaque année plus exigeantes ». Autrement dit, « une mesure qui avait plutôt vocation à être généralisée va être supprimée, au détriment, encore une fois, du service public », dont, il faut le rappeler, les principaux usagers sont les enfants.
Donner enfin un statut de fonctionnaire aux personnes appelées à accompagner des élèves en situation de handicap
Toujours concernant ces emplois aidés dont la suppression commence à fédérer associations et collectivités territoriales – y compris celles dont les édiles opposés à leur augmentation sous la présidence Hollande n’avaient alors pas de mots assez durs pour les fustiger…-, l’engagement pris par le gouvernement de ne finalement pas toucher aux auxiliaires de vie scolaire est sans doute, en un sens, une bonne nouvelle. Néanmoins, « un problème structurel » les concernant demeure. Les auxiliaires de vie scolaire ont surtout vocation à accompagner des enfants ou élèves en situation de handicap. Or, « leur inclusion dans le système scolaire ne se décrète pas » mais se travaille, se prépare. Formés de façon très accélérée, ils ne sont pas toujours prêts, lorsqu’ils débutent, à assurer les tâches et missions pour lesquelles ils ont été recrutés et, souvent, c’est l’enseignant qui prend de fait en charge leur insertion dans le milieu scolaire, en plus de tout ce qu’il a à faire. Surtout, comment garantir l’efficacité du recours à ces auxiliaires de vie scolaire dont la présence, en raison de leurs contrats, n’est pas durable ? « Un enfant en situation de handicap peut voir défiler auprès de lui jusqu’à 7 personnes pour l’accompagner. C’est une aberration pédagogique et humaine. Il faut un statut de fonctionnaire pour les personnes accompagnant ces élèves, et qu’elles puissent même les accompagner en dehors du temps scolaire, ce que certaines font déjà, au détriment du temps scolaire. Avec un tel statut, tout le monde y gagnerait : les enfants, les élèves, les parents et le personnel enseignant. En outre, on pourrait enfin respecter la loi… ». Et aussi éviter que de plus en plus de familles ne regardent du côté du privé , tout simplement parce que « lorsqu’un service public n’est pas rendu ou mal rendu, les gens se tournent vers le privé ».
A moins que cela ne soit l’objectif du gouvernement actuel, étant entendu, pour Vincent Castagnino, que « le meilleur moyen de privatiser un service public est d’appauvrir sa qualité ». Une hypothèse qu’il n’exclut pas, « M. Macron ayant une culture du privé qui l’amène à être assez débridé à ce sujet et comme une aspiration naturelle à défendre les intérêts du privé », même si c’est moins évident pour les salariés du privé, en train de subir une attaque avec le projet actuel de réforme par ordonnances du Code du travail. Une attaque qui n’intervient pas tout à fait « en même temps » que celle qui demain concernera les fonctionnaires, mais vis-à-vis de laquelle les organisations syndicales doivent être vigilantes.
Samuel Bon
*Durant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait promis de mener à bien la réforme tant attendue du statut des AVS. C’était même l’un de ses engagements en matière d’insertion :
http://www.faire-face.fr/2017/05/11/promesses-macron-handicap/
** Lire les articles d’info-chalon.com :



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