Vallée des Vaux

Restauration d’un pilier de soutien dans la maison seigneuriale de l’évêché à Saint Denis de Vaux

Restauration d’un pilier de soutien dans la maison seigneuriale de l’évêché à Saint Denis de Vaux

La bâtisse du XIIIème siècle a eu pour propriétaire au XVème siècle Jean Rollin évêque d’Autun. C’était à cette époque une résidence seigneuriale d’un prieuré d’Autun

Au XIIIème  siècle, l'évêque Girard de La Roche de Beauvoir acquiert presque tous les fonds de la seigneurie de Saint-Denis de Vaux, le village est alors le siège d'un prieuré bénédictin qui a droit de justice. Cet évêché fût à la tête d’un domaine appartenant à l’évêché d’Autun. Au XVème siècle, il a été profondément remanié par Jean Rollin, alors évêque puis cardinal d’Autun, qui en fait sa maison seigneuriale. La façade gothique du  bâtiment est un de ses ouvrages. Il reste quelques meurtrières encore visibles. Le temps et les propriétaires successifs n’ont pas arrangé la bâtisse dont certains murs ont été recouverts d’enduit, des portes murées, les sols recouverts de béton, etc… voire même le pilier de soutien en bois d’une poutre à chapeau de gendarme inversé remplacé par un pilier en béton. Des vestiges de pièces de bois de l’ancien poteau ont été retrouvés dans le sol de la salle basse. C’est de ce pilier qu’il s’agissait ce week-end du 26 et 27 juin : remplacer le béton par un pilier en bois comme à l’origine.

Annie et Christian Boda, actuels propriétaire des lieux, ont entrepris la restauration de ce monument de pierres et de bois. Pour remplacer cette pièce maitresse dans le soutien de la poutre, ils ont fait appel à un spécialiste en matière de travail de cette pièce aussi imposante que majestueuse une fois terminée. La première opération a consisté à acheminer un tronc de chêne, ensuite il ne reste plus qu’aux 2 charpentiers à se mettre à l’ouvrage.

Le jeune patron charpentier de 33 ans, Marius Creuze est un passionné. Il a fait un CAP de charpentier à Lyon dans une entreprise de restauration pour les monuments historiques et il a passé un Bac pro dans le même domaine d’activités. Son expérience va le conduire de Lyon à la Haute Savoie et dans de nombreuses régions pour y exercer son art. Après avoir travaillé en entreprise, il décide de franchir le pas et de devenir indépendant en créant sa propre entreprise en Août 2019. Son savoir-faire l’appelle à intervenir en restauration sur les monuments classés. Il est aidé dans ses travaux par Romain Chevet guère plus jeune que lui qui est en reconversion.  Agé de 30 ans, Romain apprend très vite et se passionne de jour en jour pour son nouveau métier. Métier dur, difficile, nécessitant adresse, force et surtout réflexion car il vaut mieux bien réfléchir avant d’agir pour ne pas se louper dans la taille de la pièce à réaliser. Un jeune apprenti compagnon fait sa première année dans l’entreprise avec l’assurance d’avoir un bon formateur en la personne de Marius. 

A coups de hache, de doloire, de plane, l’énorme tronc commence à prendre sa forme carrée, un travail à l’ancienne sous les yeux des nombreux visiteurs venus pour ces journées du patrimoine de pays et des moulins. Les visiteurs ont pu pénétrer dans la salle basse, les étages, admirer les plantations de vignes et le potager de l’évêché.

Le dimanche, en fin de journée, le poteau de chêne avait pris forme, il ne restait plus qu’à le rentrer dans la salle, à proximité de son emplacement définitif. Une très belle pièce réalisée de main de maitres pour le plus grand bonheur d’Annie et Christian Boda qui a écrit ces quelques mots : « poteau qui vient d’entrer dans la salle basse sous le regard émerveillé des derniers visiteurs de ces belles journées. A l’abri des murs épais il s’imprègnera de l’âme du Moyen Age avant de bientôt se redresser fièrement et chasser cet horrible intrus en béton du XXe siècle qui trône au milieu de la salle. »

 

C.Cléaux