portrait
Le chalonnais Manu Badet, tatoueur de renom international : « Le tatouage me fait toujours vibrer »
Par Nathalie DUNAND
Publié le 17 Septembre 2021 à 12h22

C’est quoi, un bon tatouage ? Et un bon tatoueur ? Comment l’un et l’autre résistent-ils au temps ? Ces questions, et beaucoup d’autres, Infochalon.com les a posées à l’un des meilleurs – dont la renommée n’est plus à faire si l’on considère le nombre de trophées remportés aux conventions tatoo, aux États-Unis et ailleurs : Manu Badet. Retour sur le parcours d’un tatoueur dandy rock and roll.
Manu le tatoueur, celui qui est reconnu par ses pairs sur la « planète tatouage » et par ses clients venus de loin, a gardé intacte la foi en son métier.
Foi et lucidité : les premières heures du tatouage, le style du tatoueur, ses influences, les nouveaux « tatoueurs Instagram », les écoles de tatouage… Manu Badet n’a pas sa langue dans la poche dès lors qu’on aborde un univers qu’il connait bien, depuis près de 30 ans.
Les 1res heures du tatouage
« Je me suis installé tout seul, comme un grand, j’avais 20 ans. À l’époque, on m’a pris pour un fou, commence Manu Badet. À part Cut and Roziz ou Ozzy Osbourne, les célébrités n’étaient pas tatouées. Le tatouage s’est répandu il y a 10-15 ans, il a touché le monde du sport puis tous les milieux.
Quand j’ai ouvert ma boutique en 1992, il y a 28 ans, le tatouage n’était pas à la mode, c’est ce qui faisait son charme. Je me souviens qu’il y avait en France qu’un seul magazine disponible, le Tatoo Mag américain. »
On l’aura compris d’après ses références, le rock est un amour de jeunesse qui ne s’est jamais éteint dans la vie de Manu. Et il y a puisé sa force, ses codes, ses inspirations.
Pourquoi pas tatoueur ?
Né à paris d’une mère d’origine polonaise russe et d’un père gendarme, Manu Badet a grandi à Chalon. Il n’accroche pas aux études et devient apprenti à 14 ans, ce qui lui donnera un certain regard sur la vie : « J’ai fréquenté très tôt des gens plus âgés, des mecs qui venaient de partout et qui nous ont ouvert l’esprit. Notamment sur ce que gagner de l’argent permettait : l’autonomie et la liberté. À 18 ans, avec mon pote Arnaud, on allait à Amsterdam, on a découvert plein de trucs. »
Son premier tatouage, il l’a fait à 17 ans : « Je me fais tatouer à Lyon, ça m’avait couté 700 francs à l’époque. C’est là que je me suis dit : le mec, il fait un bon business. Aujourd’hui, ça fait 28 ans que je suis tatoueur, mais mon métier me fait toujours vibrer. »
Tatouage, voyages, Los Angeles
« J’avais 17-18 ans et j’ai vite vu que, tout ce qui se passait dans le tatouage, c’était aux États-Unis. C’était la vague rock des années 80-90, les mecs qui roulaient en Rolls, Chevrolet Corvette toute neuve, avaient des maisons sur Malibu et ne ressemblaient à rien. Pour moi, ils avaient une classe incroyable. Un Iggy Pop, par exemple… leur musique me faisait vibrer.
Des chanteurs, comme Axl Rose, des Guns N’ Roses, avaient des tatouages exceptionnels pour l’époque, réalisés à Los Angeles. Alors j’y suis allé. Au début, j’allais observer, bosser pour des tatoueurs. J’ai dû faire 40 voyages là-bas. »
C’est à Fort Worth (Dallas) que Manu a tenu sa boutique, de 1994 à 2000. Et il commence, aussi, à écumer les plus grandes Conventions américaines de tatoueurs.
Première reconnaissance obtenue en 1999 : Manu Badet est élu ‘Tatoueur de l’année’ aux États-Unis. À partir de là, il décroche tous les 1ers prix : Canada, NY, Los Angeles…
En parallèle, il a ouvert sa boutique à Chalon, qui bénéficie rapidement d’une renommée construite ailleurs. Ses nombreux voyages outre-Atlantique ont nourri sa pratique : « La technique, tu la choppes en bossant, c’est de l’artisanat. »
De la sensibilité au style
Les nouvelles écoles de tatouage n’ont pas grâce à ses yeux. Pour Manu Badet, autodidacte reconnu pour la qualité exceptionnelle de ses portraits, il n’y a que deux ingrédients pour réussir : la sensibilité et le travail : « Un gamin achète une guitare parce qu’il sent en lui cette sensibilité. Moi, ça a été pareil avec le dessin. Je recherche toujours le beau. Un métier de rêve par exemple, c’est architecte. Il conçoit des nids pour les familles. Des magazines comme Elle Décoration ou Artravel me font voyager, ça me fait rêver, comme le tatouage. Après, tu développes ton truc, tu fais tes gammes. Il y a des tatoueurs qui font des choses plus réalistes que moi, mais j’ai mon style. Je reproduis des trucs à ma façon. Les défauts, pour moi, sont des qualités pour les autres. Keith Charles, des Rolling Stones, c’est le meilleur des mauvais guitaristes. Il a un style exceptionnel, une âme, une texture, une connexion. Ça s’appelle la foi en ton métier. »
Et sa clientèle ne s’y trompe pas : c’est ce style et son professionnalisme qu’elle vient chercher chez Manu Tattoo Studio, de partout en France et d’ailleurs.
Un tatouage : à la vie à la mort
Une qualité essentielle au tatouage et sur laquelle Manu ne transige pas, c’est sa longévité.
« Un tatouage, c’est à vie. Un bon tatoueur doit donc veiller à ce qu’il passe l’épreuve des ans. Je garde mes vieilles techniques : le N&B en dilution est la seule qui assure un beau vieillissement. Toutes les photos de mes pièces sur les réseaux sociaux sont sans filtre. J’ai des clients que je recroise 5-6 ans après, je prends des photos de leur tatouage pour monter la qualité du vieillissement et ça, c’est une chose dont je suis fier. »
« Aujourd’hui, il y a toute une vague de nouveaux tatoueurs qui font des choses extraordinaires, mais ça reste uniquement des « Tatoueurs Instagram » : les photos sont hyper filtrées, et les encres – surtout les nouvelles encres claires –, c’est de la merde, ça vieillit très mal. En même temps, c’est grâce à cette génération Instagram que les gens comprennent l’importance du bien vieillir : il y a plein de pages qui dénoncent les mauvais tatouages. C’est aussi pour cette longévité que j’ai toujours mes galons. On se doit d’être professionnels, on accepte une commande, on doit la respecter. »
Spécialiste du portrait
Manu est reconnu pour son art du portrait, c’est d’ailleurs sa production quotidienne.
« En dehors des portraits d’artistes pour des fans, je fais beaucoup de portraits en rapport à un deuil : les gens ont besoin d’une image de la personne. Un visage, c’est une âme et ça les aide beaucoup. Il y a une dimension sentimentale forte, tu sens que ton travail est important. »
Refuser une commande, c’est aussi le trait d’un bon tatoueur. « Je fais ce qu’on me demande, mais parfois je refuse ce qui sonne mal, ce qui me semble bidon. Les tatouages à la mode – qui par définition se démoderont vite, c’est exactement ce qu’il faut éviter. Pour l’instant, c’est la mode des horloges, des montres de gousset ; en 2000, c’était le tribal. Refuser pour des raisons qui me semblent bonnes, c’est un luxe que je m’offre. »
C’est dans la côte chalonnaise, sur les hauteurs d’une colline, que Manu, sa femme Sophie et leurs deux filles sont installés. Il y a d’abord la situation géographique de Chalon, à 1 h 20 de Paris, proche de la Suisse et creuset, surtout, de ses racines : ses potes d’enfance – Arnaud, Mathias – et bien sûr Sophie, sa femme : « Quand j’ai rencontré Sophie, elle travaillait à la radio Chéri FM et faisait des reproductions du peintre Laporte. Aujourd’hui, ça fait 21 ans qu’on travaille dans le tatouage, elle et moi. »
Par Nathalie DUNAND
[email protected]
Et comme c’est sur ses pièces – et leur bon vieillissement – qu’on juge un bon tatoueur, ci-dessous quelques photos « sans filtre » de son book. À découvrir sur son site et son Facebook.
Manu Badet Tattoo
53 rue de Strasbourg
Chalon-sur-Saône
03 85 93 69 66
manubadet.com
Facebook : ICI



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