Côte chalonnnaise

« Cui-cui », souriez, vous êtes comptés ! Tout savoir sur la migration des oiseaux et leur comptage

« Cui-cui », souriez, vous êtes comptés ! Tout savoir sur la migration des oiseaux et leur comptage

Quels oiseaux ? Pourquoi migrent-ils ? Pourquoi ce lieu ? À quoi ça sert ?
Ça se passe tout près, à Bouzeron, près de Chagny, sur la montagne de la Folie. Jusqu’à la fin du mois d’octobre, vous pouvez venir assister au comptage des oiseaux.

Chaque année, à l’automne, des dizaines de millions d’oiseaux migrateurs quittent leurs lieux de reproduction et entament un long vol vers leurs zones d’hivernage, parfois situées à plusieurs milliers de kilomètres. Et ici, sur la montagne de la Folie, le mois d’octobre est idéal pour effectuer un inventaire quantitatif et par espèces de ces oiseaux migrateurs. Voilà pourquoi on vous en parle. Et c’est Alexis Révillon, chargé de mission à la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) Bourgogne–Franche-Comté qui sera ici notre guide.

D’où viennent-ils ?

« Ces oiseaux, explique Alexis, viennent essentiellement du nord de l’Europe, la Scandinavie, l’Europe de l’Est et, pour certaines espèces, de Russie. Ils quittent le pays où ils se sont reproduits par manque de nourriture. »

« La montagne de la Folie est située sur un aiguillage, explique Alexis, elle est au début de la Côte chalonnaise, entre le val de Saône et la vallée de la Dheune. C’est un axe majeur de migration. »

Qui sont-ils ?

Pigeon ramier, pinson des arbres, milan royal (menacé en Europe, il va en Espagne), buse variable, mésange bleue, charbonnière, noire (montagnarde)… La liste serait trop longue, puisque, depuis début octobre, Alexis et les bénévoles de LPO ont dénombré pas moins de 69 espèces « plus ou moins migratrices, selon Alexis. Certaines passent, d’autres font des haltes pour se reposer et se nourrir. Ici la flore est nourricière : baies de buis, de genévrier, églantier… »

La 1re heure, de 7 h 30 à 8 h 30, est primordiale. On l’appelle la ‘levée de dortoir’ : les oiseaux se lèvent par millier. « Ça représente environ 80 % du volume de la journée. Les petits oiseaux migrent la nuit, tandis que les plus gros – les rapaces (milan, buse, épervier, faucon, goéland, cormoran, mouette) – ont besoin de chaleur et préfèrent voler la journée. Ils se repèrent aussi davantage à la course du soleil. »

Tous n’arriveront pas au bout du voyage : on estime à 80 % le taux de réussite.

Les jeunes oiseaux sont plus exposés à la mortalité, plus de 50 % chez les oiseaux de moins d’un an. Des chiffres variables selon les espèces.

À qui, à quoi ça sert ?

« Les données récoltées sont mises en réseau. Elles permettent déjà d’avoir une bonne photo de la situation globale. En 2019, nous avons compté 960 000 oiseaux en 1 mois de suivi. »

Mais là ne s’arrête pas l’exploitation des suivis. Les oiseaux sont un excellent indicateur du déclin de la biodiversité. Leur migration est intimement liée aux changements climatiques. « Les oiseaux sont des sentinelles des modifications de l’environnement, affirme Alexis, raison de plus pour expliquer notre mission et sensibiliser le plus de personnes possible. »

Un exemple de changement ? « Les cigognes ne migrent plus, comme le héron garde-bœufs que vous pouvez apercevoir à Chalon, par exemple. »

Par ailleurs, les données peuvent influer sur la stratégie de l’aménagement du territoire. En clair, on évite de détériorer leur l’environnement par l’activité humaine : culture intensive, forêts de feuillus remplacées par des résineux, urbanisation, ligne haute tension, éoliennes qui sont dangereuses lorsqu’elles sont érigées dans un couloir de migration. Les données sont donc parfois partagées avec les collectivités.

 

À l’origine, c’est Brigitte Grand (chargée d’études LPO) qui assurait le suivi depuis 15 ans. Depuis 3 ans, il s’est peu à peu intensifié au cours du mois d’octobre, grâce à la constitution d’une petite équipe de bénévoles (vous êtes aussi les bienvenus).

Brigitte, Alexis, Didier, Axelle (stagiaire LPO), Fanny (ancienne stagiaire qui donne un coup de main régulier) et Axel sont postés, jumelles et longue-vue à portée de main. Des sympathisants, promeneurs ou curieux sont installés à côté.

« Axel est mordu de pigeon depuis ce jour de 2018 où nous avons assisté, ensemble, au passage 90 000 pigeons ramiers un matin, en 3 heures.

Et Axel d’ajouter : « On prend une semaine de vacances pour aller compter les pigeons, c’est dingue, non ? Vous le direz dans votre article, hein ? » 

Par Nathalie DUNAND
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Soyez les bienvenus (inutile de prévenir, plus on est de fous…)
Permanence sur la montagne de la Folie (Bouzeron), de 8 h à 13 h

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