Agglomération chalonnaise

Aujourd'hui, 9 mars : la JNA. L’importance de l’audition pour la santé cognitive et sociale

Par Nathalie DUNAND

Publié le 07 Mars 2023 à 11h16 , mise à jour le 09 Mars 2023 à 08h05

Aujourd'hui, 9 mars : la JNA. L’importance de l’audition pour la santé cognitive et sociale

Les Français et leurs oreilles… Un complexe encore bien présent : difficile de pousser la porte de l’audioprothésiste, et avant celle-là, celle de l’ORL. À quelques jours de la Journée nationale de l’audition (JNA), jeudi 9 mars, Pierre-Jean Lemaire, propriétaire de l’enseigne Correction auditive Lhôte & Lemaire, rappelle l’importance des enjeux de l’audition pour la santé.

Arrivé à Chalon-sur-Saône en 2006, c’est auprès de l’audioprothésiste Hélène Lhôte, installée depuis 1977, que Pierre-Jean Lemaire exerce son activité. En 2016, il reprend l’enseigne Lhôte-Lemaire, épaulé par deux assistantes, Céline et Régine : deux magasins, l’un au centre-ville, l’autre à Saint-Rémy. Une responsabilité que l’audioprothésiste endosse comme une évidence : « J’ai privilégié mon indépendance dans ma façon de travailler, dans le choix des appareils auditifs, des formations continues et des échanges avec les professionnels. »

En quoi consiste le métier d’audioprothésiste ?

L’appareillage ne peut être envisagé qu’après une auscultation chez l’ORL (oto-rhino-laryngologiste) et sur sa prescription médicale, s’il le juge nécessaire. Le travail de l’audioprothésiste consiste à comprendre la difficulté auditive du client, puis à trouver le produit et la stratégie les mieux adaptés à ses besoins et ses souhaits.

Le métier revêt divers aspects, notamment la prise en charge de la personne. C’est sans doute la tâche la plus délicate du métier, car il ne s’agit pas seulement de faire preuve de technicité lors d’un appareillage, mais de prendre véritablement en compte la personne dans son ensemble, avec son environnement, son mode de vie, ses besoins et ses réticences.

Car les obstacles, comme les idées reçues, doivent être pris en considération par l’audioprothésiste. « Vous ne pouvez pas appareiller une personne qui ne vous fait pas confiance, assure Pierre-Jean Lemaire, c’est pourquoi il est capital de lui donner en amont toutes les informations nécessaires sur le parcours d’un appareillage.

Le rôle des assistantes

P.-J. Lemaire rappelle l’importance toute particulière du rôle de ses assistantes, qui maitrisent tout ce qui se passe “hors cabine”, c’est-à-dire en dehors de l’appareillage. « Régine et Céline ont des missions aussi importantes que celles de l’audioprothésiste. Elles ne se limitent pas au travail de secrétariat, elles ont aussi toutes les connaissances et qualités requises pour accueillir le client, répondre à ses questions et le situer précisément dans son parcours. Elles savent également, et c’est essentiel, écouter, recevoir les émotions du client et l’accompagner. La dimension humaine est indispensable dans notre métier ».

L’appareillage et ses obstacles

Du point de vue du client, un appareillage chez l’audioprothésiste ne se limite pas à l’achat d’aides auditives. Le prix englobe tout le suivi – adaptations, réglages, maintenance –, autant de rendez-vous qui sont compris dans le coût, sur toute la durée de vie de l’appareil qu’on estime entre 4 à 6 ans.

Parmi les obstacles persistants, deux sont majeurs. Le premier concerne le dépistage. P.-J. Lemaire fait ce constat : « À partir de quel degré considérez-vous que vous avez besoin d’un appareil auditif ? Bien souvent, les gens montent le son de la télé, n’entendent pas bien, mais se disent que le locuteur prononce mal ou parle trop vite… Pourtant, quand on voit moins bien, on n’hésite pas à prendre rendez-vous chez l’ophtalmologue. En ce qui concerne les troubles de l’audition, ils sont plus flous, ou plus exactement, on n’est pas assez informé. Heureusement, la JNA diffuse ces informations. Aujourd’hui, on appareille de plus en plus tôt et de plus en plus loin en âge. »

L’autre verrou – pour ne pas dire “tabou” – est lié à l’image de soi, à cette idée que, les appareils auditifs, c’est pour nos vieux jours. Une erreur pour deux raisons. La première est que nous disposons tous d’un patrimoine auditif, qui est inégal d’un individu à l’autre, et va s’amenuisant. Il est donc naturel que notre audition baisse au cours de la vie. Et, comme pour les yeux, si la baisse d’audition n’est pas prise en charge, il elle peut engendrer des troubles cognitifs et sociaux qui peuvent conduire à l’isolement, le repli sur soi ou l’agressivité. L’autre raison est que, non, tout n’est pas une question d’âge. En France, 40 000 ados sont touchés chaque année par des troubles auditifs et 200 enfants naissent sourds profonds : des réalités méconnues, et qui ont toujours existé. « Les jeunes, eux, n’ont pas la même approche de l’appareillage, ils trouvent ça plutôt normal » précise P.-J. Lemaire.

Qu’attendre de la Journée nationale de l’audition ?

Quels sont les signes avant-coureurs de la perte d’audition ? Quand se faire dépister ? Quel est l’impact des différents modes d’écoute (baladeurs, casque…) « C’est un coup de projecteur sur l’audition sous toutes ses formes, à destination de tous les publics, pas seulement les personnes atteintes de troubles auditifs. Information et prévention : on y explique comment prendre soin de notre patrimoine auditif. », explique Pierre-Jean Lemaire. Un casque de bonne qualité, avec atténuateurs, sera moins nocif que des écouteurs dont on montera le son à cause du bruit environnant. Deux facteurs interviennent dans l’impact du bruit : l’intensité du son et la durée d’exposition. Donc on peut écouter une musique relativement fort, mais le temps d’écoute doit être proportionnellement raccourci. »

Prendre conscience, pour chacun et à tout âge, de l’importance de l’audition pour la santé.

Par ailleurs, la JNA vise également les pouvoirs publics, qui ont une vision curative de l’audition : positionner l’audition parmi les déterminants santé permettrait aux Français de préserver leurs performances intellectuelles et la qualité de leurs relations humaines.

Une vie transformée grâce aux appareils auditifs

Dans la cabine d’appareillage, l’émotion est palpable. Beaucoup de pleurs, de rires, des réactions qui ont besoin d’être déposées auprès des assistantes. « Ça a changé ma vie », confient certains clients, étonnés, transformés, parfois méconnaissables. « Cette étape est très gratifiante pour nous, explique P.-J. Lemaire, on a le sentiment d’ouvrir un pan de leur vie sociale, c’est le but ultime de notre travail. On le constate parfois dans l’apparence des clients : un changement de coiffure, de look, d’attitude surtout. » Des paroles émouvantes, drôles, touchantes : ce chat qu’on entend enfin ronronner, ces petits-enfants dont on entend enfin les voix. Ou encore tel client, auparavant froid et sur la défensive, est devenu un homme ouvert et plaisantin.

L’entourage est touché lui aussi par ce changement : « Ce n’est plus le même, dit cette épouse, il me parle à nouveau, m’écoute et rit avec moi. » Et cette femme qui avoue, soulagée : « J’ai communiqué à nouveau avec ma mère ».

Régine et Céline ont maints exemples de ces métamorphoses. Tout se passe comme si le masque qu’ils portaient, pour contrebalancer leur déficit auditif, tombait, comme des boucliers devenus inutiles.

Publi-info Nathalie DUNAND
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