Politique

«La bataille des retraites est une bataille de société, une bataille de lutte des classes. Nous devons avoir une exigence de mobilisation et de victoire !» (Ugo Bernalicis)

Par Karim BOUAKLINE-VENEGAS AL GHARNATI

Publié le 11 Mars 2023 à 05h00

«La bataille des retraites est une bataille de société, une bataille de lutte des classes. Nous  devons avoir une exigence de mobilisation et de victoire !» (Ugo Bernalicis)

Retenu dans sa circonscription en raison de la grève des trains, le député La France Insoumise (LFI) de la deuxième circonscription du Nord, Ugo Bernalicis, devait participer à la réunion publique NUPES qui s'est tenue à l'Espace Jean Zay (Maison des Associations), ce jeudi 9 mars. Dans une interview à distance avec Info Chalon, le député revient sur la réforme des retraites.

Jeudi 9 mars, deux jours après l'appel à la grève générale du 7 mars et au lendemain de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, la Nouvelle Éducation Populaire et Sociale (NUPES) de Chalon-sur-Saône tenait une réunion publique à l'Espace Jean Zay.

La réunion était animée par Nathalie Vermorel, représentante du Parti Communiste Français (PCF), Yulika Matsunaga, membre du Conseil fédéral et secrétaire de la section du Parti Socialiste (PS) de Mâcon et Dominique Cornet, conseiller régional EELV au Conseil Régional de Bourgogne Franche-Comté.

Ugo Bernalicis, député La France Insoumise (LFI) de la deuxième circonscription du Nord a participé à distance au débat, retenu dans sa circonscription en raison de la grève des trains. Preuve s'il en est que le mouvement s'inscrit dans la durée.

Les intervenants présents à cette réunion ont insisté sur le caractère injustifié et injuste de cette réforme. «Macron a envisagé cette réforme comme une étape supplémentaire dans le processus de démantèlement du pacte républicain et social en cassant encore davantage le système solidaire de retraites par répartition».

Les différents orateurs reprenaient tout au long de la réunion l'ensemble des mesures «anti-sociales» de cette réforme, maintenant bien connues des Français que sont le report de l'âge légal de départ à 64 ans, l'allongement de la durée de cotisation… mais également «les mensonges assenés par le gouvernement concernant les prétendues mesures de justice comme la revalorisation à 1200 euros qui en définitive n'est pas de ce montant et ne concernera que très peu de personnes», ou les dispositifs carrière longues «qui eux-aussi seront très limités». Les intervenants se sont également attachés à démontrer tout au long de la réunion, «le caractère trompeur des pseudo-arguments sensés justifier la réforme» comme le rapport actifs-retraités, l'espérance de vie et les systèmes existants dans les autres pays d'Europe.

Au lendemain, de la journée du 8 mars, Yulika Matsunaga qui ouvrait la réunion insiste sur le caractère particulièrement injuste et défavorable de cette réforme pour les femmes. Double peine : les femmes partent déjà plus tard à la retraite et touchent des pensions plus faibles, demain, elles seront davantage touchées par le report de l'âge de départ.

Dominique Cornet insiste pour sa part sur l'idéologie productiviste que sous-tend cette réforme. La seule solution pour garantir nos retraites serait «travailler toujours plus pour produire toujours plus, mais pour faire quoi». 

«En fait, dans la crise écologique que nous devons affronter, il devrait être beaucoup plus urgent de poser la question de vivre mieux et du partage de la valeur», selon le conseiller régional.

Pour sa part, souscrivant aux propos précédents, Nathalie Vermorel met l'accent sur des points essentiels que sont d'une part le déni de démocratie à travers la procédure d'examen choisie par le gouvernement et d'autre part les sources de financement de nos retraites, deux points qui seront largement développés par le député, Ugo Bernalicis.

La représentante du PCF insiste sur la productivité des salariés français et la création de richesse importante qui permet de soutenir sans difficulté notre système de retraites par répartition. 

«L'enjeu essentiel n'est pas le financement mais un meilleur partage de la valeur», précise-t-elle.

Enfin, elle appelle tous les militants, tous les habitants à soutenir le mouvement social afin de préserver deux années de retraite, «deux années en meilleure santé, deux années de bien-être !».

Quels sont vos principales critiques de ce projet de réforme des retraites ?

En fait, tout dans le projet est injustifiable car l'objectif est uniquement budgétaire. L'objectif majeur du gouvernement est de gagner 15 milliards d'euros par l'allongement de 2 ans de l'âge de départ à la retraite, non pas pour pérenniser le système des retraites mais pour compenser ses mesures de suppression d'impôts sur les entreprises.

Après toutes les mesures d'accompagnement qui sont censés apporter de la justice sociale à cette réforme ne sont que de la fumisterie. Par exemple l'index sénior tel qu'il est présenté n'apportera rien car il n'est pas contraignant et nous avons malheureusement l'expérience de l'index égalité femmes/hommes qui n'a eu aucun effet.

Concernant la retraite minimale à 1 200 euros qui est en brut il ne faut pas l'oublier, le travail des députés de la NUPES a forcé le gouvernement à avouer que cela ne concernera que 10 à 15 000 personnes par an ! Et les études des économistes qui nous accompagnent montrent que ces bénéficiaires vont voir en définitive leur situation nette se dégrader car ils vont perdre certaines prestations !

Mais surtout les députés insoumis, communistes, verts et socialistes ont fait de nombreuses propositions concernant le financement de nos régimes de retraite à l'occasion de l'examen de l'article 2, propositions qui s'inscrivent dans le programme de 650 mesures de la NUPES : obtenir une véritable égalité salariale par l'augmentation du salaire des femmes, augmentation généralisée des salaires, création d'emplois, contribution des ultra riches…

Et la bataille législative et les critiques formulées sur les échanges lors de la discussion du texte ?

Rappelons les faits. Les tensions observées à l'Assemblée Nationale lors de l'examen du texte sont de la responsabilité du gouvernement. C'est lui qui a décidé d'utiliser le cadre du projet de loi de financement rectificative de la Sécurité Sociale pour ce projet en limitant en définitive à 9 jours le temps d'examen d'un texte très lourd de conséquences.

Même sans protestation, il était impossible d'aller au terme de l'examen du projet de loi.

L'obstruction est assumée car elle était le seul outil à notre disposition pour être visible.

Mais obstruction ne veut pas dire absence de travail parlementaire, absence de propositions. Avec l'ensemble des députés de la NUPES, nous avons fait une vraie démonstration sur le fond et mis au grand jour les objectifs cachés du gouvernement et les véritables conséquences de ce projet de réforme. Ce sont les députés de la NUPES qui ont démontré les supercheries sur la retraite minimale, sur la prétendue amélioration de la situation des femmes…

Comment envisagez-vous le mouvement social en cours ?

Ne nous y trompons pas, cette réforme des retraites est une réforme violente qui va pénaliser très fortement les plus pauvres, les plus précaires, les femmes… Cette bataille que nous menons avec l'ensemble des forces de la NUPES et au côté des syndicats, dépasse donc l'unique enjeu des retraites. C'est une bataille de société, c'est une bataille de lutte des classes. Nous devons avoir l'exigence de mobilisation et de victoire !

J'appelle tous les militants mais aussi tous les habitants à se mobiliser, à aller sur les piquets de grève, à soutenir l'ensemble des mouvements sociaux et des blocages. Et quand bien même, cette loi serait votée par l'Assemblée Nationale, nous poursuivrons ce combat.

 

Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati