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Interview du chalonnais d'adoption Raphaël Nedilko, le « flic qui exhume les cold cases »
Publié le 22 Mars 2023 à 09h32

À l’occasion de la sortie de son livre ‘L’Obstiné’ chez Studiofact Éditions, Raphaël Nedilko, ex-flic au 36, quai des Orfèvres, revenu en Bourgogne où il vit et travaille désormais, a bien voulu répondre aux questions d’info-chalon.
C’est un récit passionnant, sans filtre aussi, mais empreint d’humanité que nous livre Raphaël Nedilko avec ‘L’Obstiné’. Les 311 pages écrites en collaboration avec la journaliste et romancière Catherine Siguret, tiennent en haleine de bout en bout. Cet officier de police judiciaire, peu ordinaire, y raconte sa vie de flic mais pas seulement…
Avec beaucoup de bienveillance, un respect de l’autre profondément chevillé au corps, une méthode de travail chirurgicale, épuisant toutes les pistes même les plus insignifiantes en apparence, Raphaël Nedilko a à cœur, en lien avec les instances judiciaires, que justice soit rendue aux victimes et à leurs familles, les grandes oubliées dans le cas des cold cases.
C’est ainsi qu’en poste à la PJ de Dijon, après avoir passé sept ans au 36, quai des Orfèvres, sa persévérance, pour ne pas dire son obstination, mènera à résoudre deux cold cases : l’affaire Maillery et l’affaire Blétry, deux des « disparues de l’A6 ». Le lecteur passera par toutes sortes d'émotions à la lecture de ce premier livre très réussi qui nous éclaire aussi sur les procédures judiciaires, ses failles mais aussi ses réussites. Un pavé dans la mare, diront certains. À lire absolument…
Qu’est-ce qui a motivé l’écriture de ce livre ?
Spontanément, je réponds à la souffrance des familles de victimes dont j’ai été le témoin, face à laquelle je trouvais que nous étions trop indifférents. Pour la combattre, j’ai agi auprès de mes pairs comme je pouvais.
Puis, à un moment donné de ma vie, j’ai traversé d’importantes épreuves qui m’ont poussé à faire le bilan de ce que j’avais vécu, tant dans ma vie personnelle que professionnelle.
S’agissant de cette dernière, j’étais hanté par la sensation amère de m’être consacré de façon jusqu’au-boutiste à la manifestation d’une vérité tant espérée, au nom d’une institution qui représentait tout pour moi, mais qui perdurait à ignorer la cause, racine du problème, et la façon de s’y consacrer : les cold cases.
Lorsque j’étais au plus bas, j’ai décidé de bousculer les consciences, car un crime non résolu n’a jamais été, et ne sera jamais, une fatalité. Ce livre m’est alors apparu comme nécessaire.
Plutôt considérée comme une qualité, votre persévérance, mais également votre proximité avec les familles, agacent vos collègues et la hiérarchie…
Je ne saurais m’arrêter à de telles considérations. Ce ne sont que quelques ombres du passé qui ne terniront jamais la grande majorité de celles et ceux qui occupent les rangs de mon institution. Je préfère me focaliser sur l’importance que l’on doit accorder à l’humanité dans notre façon de travailler sans relâche pour les victimes, au nom de la Justice.
Il y a, lorsque vous évoquez le 36 quai des Orfèvres, beaucoup de nostalgie. Si c’était à refaire, quitteriez-vous cette grande maison ?
Mon passage au 36 quai des Orfèvres m’a permis d’y vivre les moments les plus intenses et formateurs de ma carrière, entouré de collègues expérimentés et bienveillants. Mais cette police judiciaire parisienne que j’ai tant aimée n’existe plus depuis longtemps, bien avant la simple disparition de cette adresse mythique. La société a évolué, tout comme la procédure pénale et nos moyens d’enquêter qui ont fini par prendre le pas sur nos raisons d’enquêter. Peut-être avons-nous tous perdu une part de notre âme avec le temps, sans nous en rendre compte. Je n’ai donc aucun regret, juste un deuil à assumer.
Vous n’hésitez pas à égratigner le système dans ce livre. N’avez-vous pas peur de créer des conditions difficiles d’exercice de votre fonction en pointant du doigt des dysfonctionnements ?
Je me pose la question plutôt de la façon suivante : j’aime profondément mon institution et je ne supporte pas qu’on puisse douter d’elle. Nous participons toutes et tous à son évolution constante en mettant à son profit notre expérience acquise avec le temps. Si un dysfonctionnement, quel qu’il soit, nous empêche de réparer une injustice, nous avons l’obligation de le combattre sous peine de le laisser perdurer. C’est une question d’honneur. Le reste n’a pas d’importance.
D’ailleurs, peut-on dire que votre métier a nui à votre santé ?
Oui, il m’a infligé un mal profond et durable. Mais c’est le lot commun à tous mes collègues qui ont épousé ce métier par vocation. Je m’estime chanceux d’avoir gardé la foi et d’être encore debout car beaucoup d’entre nous ont perdu bien plus que cela. Je pense sans cesse à eux. C’est pour cette raison qu’il est indispensable de replacer l’humain dans nos équations du quotidien.
Vous résolvez deux cold cases, c’est exceptionnel. Êtes-vous toujours en lien avec les familles des victimes ?
Oui. Lorsque j’ai fait leur connaissance, je m’étais engagé à les tenir informées de l’évolution de l’enquête, bonne ou mauvaise, dans un souci de transparence. Un lien de confiance s’est alors créé, laissant la place à de l’attachement lorsque mes investigations approchaient de leur épilogue. À l’annonce du dernier verdict en appel, j’ai été particulièrement ému d’entendre Marie, la maman de Christelle Maillery, me dire qu’à présent j’allais pouvoir l’oublier. Cela était hors de question pour moi. L’attachement avait laissé sa place à l’affection et c’est la plus belle des récompenses que j’ai reçue dans ma vie. Depuis, les contacts sont très réguliers.
Pour qui avez-vous écrit ce livre ?
Pour nous tous qui doutons parfois, ressentons la peur, jugeons sans savoir, pourrions agir mais ne le faisons pas pour tout un tas de mauvaises raisons.
Pour celles et ceux qui, des cold cases, veulent connaître l’envers du décor, notamment la souffrance injuste des familles de victimes, à travers un récit simple et authentique.
Pour celles et ceux qui veulent croire en l’humanité et se battent pour la vérité, y compris lorsque tout espoir semble perdu.
Enfin, pour celles et ceux qui détiennent le pouvoir de changer les choses dans la façon d’appréhender les crimes non résolus, car tout reste encore à accomplir dans ce domaine.
SBR - Visuels transmis pour publication - Crédit photo : Joël Saget



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