Société

Nintendo forcé de prendre en charge la réparation de toutes ses manettes défectueuses

Nintendo forcé de prendre en charge la réparation de toutes ses manettes défectueuses

Depuis sa sortie en 2017, la Nintendo Switch souffre d'un vice de conception majeur : la fragilité maladive de ses manettes. Alerté depuis de nombreuses années sur le sujet et visé par de nombreuses plaintes, le géant nippon n'a pas réagi.

La Nintendo Switch est un franc succès pour Nintendo. La console portable nipponne s'est écoulée à plus de 120 millions d'exemplaires à travers le monde. Mais cette success story se trouve entachée par le dysfonctionnement récurrent de ses manettes, les fameux Joy-Con. Présent depuis la naissance de la console en 2017, ce problème n'a jamais vraiment été traité par la firme japonaise, malgré le nombre vertigineux de modèles défectueux. Un nom a même été donné à ce bug : le « Joy-Con drift ». Le problème se manifeste dans les jeux. Alors que le joueur n'effectue aucune action, il voit son personnage continuer d'avancer ou de faire des mouvements erratiques. Nintendo a été prévenu très tôt de ce défaut de conception, mais n'a pas réagi. L'usure prématurée des circuits électroniques présents dans la manette serait à l'origine de la malfaçon, mais pas uniquement. Le refus de Nintendo d'intégrer un joint d'étanchéité afin de mieux protéger les composants sensibles du Joy-Con de l'intrusion de poussière et d'humidité y serait également pour beaucoup. Environ 25 000 plaintes ont été déposées dans de nombreux pays d'Europe tels que la Belgique, la France, la Grèce, l'Italie, les Pays-Bas, la Norvège, le Portugal, la Slovaquie et la Slovénie. Face à l'ampleur de la situation et au combat volontaire d'associations de consommateurs comme l'UFC-Que Choisir, l'Union européenne s'est saisie du dossier.


NINTENDO SOMMÉ DE PRENDRE EN CHARGE LES RÉPARATIONS
Les autorités ont diligenté une enquête paneuropéenne. Les résultats ont été accablants pour Nintendo, qui est donc sommé de prendre des mesures urgentes afin de remédier à ces défaillances. Sous la pression de la Commission européenne, Nintendo a accepté de modifier sa politique en matière de réparation des Joy-Con et a promis de fournir des réparations gratuites pour les clients au Royaume-Uni, dans l'Espace économique européen (EEE) et en Suisse, même après la fin de garantie. Forte des 10 000 témoignages que l'association a pu joindre au dossier, l'UFC-Que-Choisir s'est félicitée de cette victoire de longue haleine. « L'UFC-Que Choisir se félicite d'avoir obtenu gain de cause dans son combat contre Nintendo et le Joy-Con drift de sa console Switch. Après trois ans et demi de lutte, une plainte déposée en France et une autre auprès de la Commission européenne, c'est une victoire pour les consommateurs et notre association : Nintendo reconnaît officiellement le problème affectant ses manettes, et conformément aux engagements pris devant les autorités de contrôle européennes, les consommateurs vont bénéficier d'une garantie illimitée permettant une réparation gratuite de toute manette affectée », ont expliqué les responsables dans un communiqué. Au-delà du cas de Nintendo, cette décision intervient alors que l'Union européenne a fait du combat contre le gaspillage et l'obsolescence programmée l'un de ses principaux combats. L'autorité continentale a bien saisi qu'il s'agissait là d'une préoccupation croissante chez les consommateurs, confrontés à des abus récurrents. La lutte contre ce phénomène est devenue l'une des priorités du législateur, afin de réduire les montagnes de déchets électroniques et de promouvoir un mode de consommation plus durable. Les initiatives récentes de l'U.E, comme la proposition de directive sur les règles communes favorisant la réparation des biens ou encore le chargeur unique, témoignent de cette prise de conscience et de la volonté de mettre en place des mesures pour encourager la réparation plutôt que le remplacement des produits défectueux.


City Presse