Du haut de cette pyramide près de soixante ans de pratique artistique contemplent Pierre Arditi
Par Michel Poiriault
Publié le 20 Avril 2023 à 19h42

Interview du cador Pierre Arditi pour info-chalon.com
On atteindra –déjà !- le mardi 2 mai à 20h à l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône la phase terminale des Théâtrales, relevant de la saison 2022-2023. Cette ultime pièce, «Fallait pas le dire », est une comédie dont les interprètes chargés de l’emballage final sont Pierre Arditi et Evelyne Bouix. Du petit-lait à boire sans retenue aucune.
Les artistes de cette trempe font florès, puisque c'est complet pour ce soir-là !
« Fallait pas le dire ! » Donc vous avez outrepassé la consigne ?
« Oui, je l’outrepasse tous les jours, à chaque fois que je joue ! On décide qu’il ne faudrait pas le dire, et finalement on le dit quand même ! Vous savez, il y a toujours des choses qu’on ne peut pas dire, qu’on ne devrait pas dire, et particulièrement en ce moment. Il y a des tas de choses qu’on ne peut plus dire, et malgré tout, Salomé Lelouch, ainsi que nous avec, on se sent le besoin d’en dire un certain nombre. On s’amuse avec ça ! Alors évidemment c’est un petit peu caustique, c’est de la comédie, ce n’est pas sérieux, il n’y a pas de message(s) comme dit l’autre. Les gens s’amusent beaucoup avec ça eux aussi d’ailleurs. »
Qu’est-ce qui vous a séduit dans cette pièce ?
« C’est l’écriture de Salomé, qui est formidable, brillante même. La tournée pour le moment c’est un très gros succès, les gens se retrouvent dans toute une série de leurs traits de caractère, et ça nous a amusés. Elle s’est servie de nous, elle nous connaît bien, et pour cause (Pierre Arditi a assuré son éducation en son temps NDLR) ! Donc elle a à la fois écrit pour nous, et sur nous. Alors tout n’est pas issu de ce que nous sommes et de ce que nous faisons, mais il y en a une partie dans laquelle on peut se retrouver. Donc c’est un jeu un peu pervers, mais ça nous plaît d’être pervers ! Ce qui nous a séduit, au fond, c’est ça, c’est de jouer avec nous. »
Jouer une nouvelle fois avec Evelyne Bouix, de surcroît un texte de Salomé Lelouch, c’est plutôt du pain bénit ?
« C’est d’abord bercé par le talent de Salomé. Ca ne serait pas bon, ça serait mauvais, ça serait mal écrit, ça ne serait pas du pain bénit. C’est toujours dangereux de faire ça en famille. Ca va quand la famille a du talent, quand elle en a moins, c’est plus compliqué, en l’occurrence Salomé en a suffisamment pour que ça rejaillisse sur nous. En plus c’est agréable, c’est familial au beau sens du terme, c’est-à-dire qu’on ne le fait pas parce que c’est Salomé, on le fait parce que Salomé a du talent, ce n’est pas pareil. »
Que doit avoir une comédie pour qu’elle soit considérée comme bonne ?
« Il faut qu’il y ait un sens de ce qu’on appelle la vis comica, c’est-à-dire le sens du comique. Après, ce qui est bien c’est que ce comique s’applique à des choses qui parlent à tous, car ce n’est pas parce qu’elle parle de nous, qu’elle ne parle pas aux autres. D’ailleurs les gens, souvent, quand le spectacle est fini, règlent leurs comptes dans la rue, en disant : tu as vu ce qu’il a dit, tu as vu ce qu’elle a dit… on se marre ! Il y a une mécanique de la comédie qu’elle possède parfaitement, et qui est absolument capitale. En même temps il faut qu’il y ait un fond, ce n’est pas uniquement du comique, ce n’est pas écrit par un humoriste, c’est écrit par un auteur de dramatique, ça n’a rien à voir. C’est ça, qu’il faut. »
Qu’aimez-vous le plus : faire rire ou pleurer ?
« Comme je suis un acteur généraliste, j’aime absolument les deux. En ce moment on fait beaucoup rire, tant mieux, mais un peu plus tard je ferai des choses qui feront moins rire, qui seront un peu plus sérieuses. C’est vrai que le rire, c’est une récompense immédiate, car quand vous jouez quelque chose pour les gens, et qu’ils rient devant vous, votre récompense est là. Tandis que lorsque vous jouez un spectacle où tout d’un coup ça fait plus appel à l’émotion, la sensibilité, on ne sent pas forcément immédiatement comment le public vit l’histoire avec nous. Alors c’est autre chose, la comédie a cet avantage qu’on rit ensemble. »
Vous avez incarné un nombre incroyable de personnages, tant au cinéma, à la télé, qu’au théâtre, pour quoi avez-vous un faible ?
« J’ai un faible pour le simple fait de les incarner, quels qu’ils soient, qu’ils soient des personnages de comédie, de drame, de tragédie, des sujets sentimentaux…Mon métier, c’est de choisir mon plan de carrière, c’est mon désir. Donc à partir du moment où on me propose quelque chose qui me plaît, je considère que c’est bon pour moi. C’est ça mon moteur dans la vie, donc je ne me cantonne pas à ceci ou cela, je fais ceci et cela. »
Difficile d’être et d’avoir été, votre longévité prouve le contraire ?
« Une carrière d’acteur, ça ne se fait pas sur un film, une pièce, ou trois succès, et puis après on disparaît de la circulation. C’est une vie entière une carrière d’acteur. Oui, ça va quand même faire presque faire soixante ans que je fais ça, en passant par tous les stades. A un moment où j’étais absolument inconnu, il a fallu que j’apprenne, que je me fabrique, que je comprenne qui j’étais avant de pouvoir faire quoi que ce soit. Donc ça a mis beaucoup de temps, mais j’ai toujours eu cette chance d’exercer mon métier, de toujours pouvoir l’enrichir au fur et à mesure des expériences. Mais c’est ça une carrière d’acteur, c’est la longévité. Aujourd’hui, vous comprenez, les gens arrivent, ils disent qu’ils sont acteurs, et puis deux films plus tard, ou deux pièces plus tard, on ne les voit plus. Eh bien non, ce n’est pas ça. La longévité c’est la vie, d’ailleurs la preuve, c’est que les acteurs ou les actrices peuvent jouer jusqu’à la fin de leur vie, à condition qu’ils ne soient pas malades. Tout le reste, la retraite, pour un acteur, puisque c’est à l’ordre du jour, c’est la mort ! »
Auriez-vous la même foi qu’à vos débuts si vous deviez embrasser en 2023 une carrière d’acteur ?
«Je n’en sais rien, parce que je regarderais ça oui, probablement, mais ça voudrait dire que mes parents qui m’ont beaucoup soutenu seraient encore là, ce qui n’est plus le cas. Ca voudrait dire que je ne regarde pas ça avec mon œil d’aujourd’hui. Oui, cette foi-là est ineffaçable, après les jeunes générations doivent se méfier d’avoir envie de devenir des vedettes avant d’avoir envie de devenir des acteurs. La première des choses c’est d’abord d’avoir envie de devenir acteur et de jouer. Si la notoriété vient avec, tant mieux, si elle ne vient pas, on fait avec. Le but en soi n’est pas de devenir une vedette, c’est de jouer. »
Vous qui chérissez le vin, appréciez-vous ceux élaborés en Bourgogne ?
« Ah oui, bien sûr ! J’aime beaucoup, beaucoup, beaucoup. J’aime le vin, donc je ne peux pas ne pas aimer la Bourgogne, ça ne serait pas possible. Il y a les plus grands blancs du monde, et puis il y a de très bons rouges aussi, bien entendu. Je les adore, d’ailleurs j’ai pas mal de copains, et non des moindres, ou de très bonnes relations, qui sont Bourguignons. »
La culture vous semble-t-elle bénéficier d’un bon taux de considération de la part des pouvoirs publics ?
« On peut toujours faire mieux, tout est améliorable, mais enfin on ne peut pas dire qu’en France on soit sinistrés au niveau de la culture. La France, je ne sais pas si elle est cultivée, mais elle est très, très culturée, et on peut avoir accès aux cultures du monde entier. C’est d’ailleurs le seul pays qui est comme ça, les autres sont beaucoup moins prolixes. Si vous voulez voir une manifestation hindoue par exemple, il y a toujours un moment dans le pays où vous pouvez voir ça. Il y a des choses qu’il faut favoriser, prendre en considération, plus aider, mais je sais qu’il y a des voix différentes qui s’élèvent, je ne suis pas solidaire avec ça. Je pense qu’on peut mettre plus de moyens parfois, pas toujours. La culture, c’est évolutif. On n’est pas en péril ! »
Crédit photo : Philippe Warrin Propos recueillis par Michel Poiriault



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