Faits divers

A Frangy en Bresse, violences sur conjoint et menaces de mort : 14 mois, incarcération immédiate

A Frangy en Bresse, violences sur conjoint et menaces de mort : 14 mois, incarcération immédiate

Cette affaire, c’est le prévenu qui la résume le mieux : « Je ne sais pas ce qu’on a fait, mais on a fait de la m… . » En ce lundi 28 août à l’audience des comparutions immédiates, il n’y a cependant pas de « on » qui tienne : c’est lui, et uniquement lui, qui est jugé.

C’est l’histoire d’un jeune couple. Jeune par sa durée : quelques mois. Il se sont rencontrés par l’ex-compagne de monsieur. Celle-ci a une amie qui est en galère et elle lui dit que son ex pourrait la dépanner avec un logement pas cher, en Bresse. Fin de galère ? Pas vraiment car monsieur tombe amoureux d’elle mais monsieur est jaloux, et nerveux. Il est jugé pour des violences sur elle dont les murs en placo se souviennent : il a tapé si fort dedans à coups de poing, à coups de tête, qu’il les a bien amochés eux aussi. « Eux aussi », car la femme a 6 jours d’ITT et plein de traces sur tout le corps, crâne compris. Y a eu des menaces de mort, aussi, qu’il allait tout cramer et qu’elle brûlerait vive avec ses animaux. Le lendemain, elle a contacté une amie en lui demandant d’alerter les gendarmes.

Le prévenu, lui, joue la carte du couple dysfonctionnel

Bon, comme d’hab’, personne d’autre qu’eux n’y était. La victime n’est pas à l’audience, maître Seriot la représente et défendra sa position. Le prévenu, lui, joue la carte du couple dysfonctionnel et de la compagne fragile, si fragile qu’elle en a des comportements pas clairs. La présidente Barbut ne cesse de le recadrer sur les faits, rien que les faits, tous les faits. 
Lors de la présentation des éléments de personnalité, l’homme proteste contre des remarques très normatives : il a eu trois enfants "avec trois femmes différentes", il "se dit artiste" (« Je le suis, et même si je n’en vis pas, ça me fait vivre. ») mais perçoit le RSA. Il a raison de protester : ces éléments racontent certes des choses de lui mais n’éclairent en rien sa violence (son casier, lui, en dit quelque chose).

Menacé « par jeu » de la faire cramer « comme Jeanne d’Arc »

On y vient : sous le feu de ses protestations légitimes en couve un autre, qui n’échappe évidemment pas aux magistrats. Lui, il le dit comme ça : « On m’a tellement tapé pendant mon enfance, que j’ai juré qu’on ne me taperait plus. » Brrr. Cette position, tant de victime que de testostérone, le dessert, forcément, d’autant plus qu’il soutient que certes il a « bousculé » madame et menacé « par jeu » de la faire cramer « comme Jeanne d’Arc » parce qu’elle et sa copine se disent « sorcières blanches » (c’est à la mode) mais qu’en aucun cas il n’a causé les contusions qu’un médecin a relevé. Ça, c’est les ronces, elle est tombée dans les ronces en promenant son chien, le lendemain de la pire scène, dans la nuit du 24 au 25 août.

« Si je te fais peur, tu dois savoir pourquoi »

Les deux sont portés sur l’alcool, les deux vivent petitement, et si la mère de monsieur n’hébergeait pas gratuitement son fils dans une maison qui lui appartient, ça serait encore une autre histoire. L’homme âgé de 46 ans, répète à quel point il aime cette femme et à quel point ils se tirent vers le bas, mais l’audience signe la fin de la partie. Maître Seriot dit que les menaces de monsieur, dès le mois de juillet, ont induit une crainte en elle, et que lorsqu’il s’est pointé dans l’appartement qu’elle occupait (« C’est moi qui l’ai refait » insiste-t-il. « Peut-être mais elle était chez elle » insiste la présidente en retour) en lui disant « Si je te fais peur, tu dois savoir pourquoi », alors elle a eu vraiment peur. L’avocat demande un renvoi sur intérêt civil : la femme a fui dans un autre département et il n’a pas eu le temps de préparer la question indemnitaire.

Relation-addiction 

En face, maître Chavance plaide ce que dit son client, que madame exagère tout. Certes, « quand monsieur est énervé il s’en prend aux objets » (les murs, ici) mais s’il a cassé son téléphone portable ce n’était pas pour l’isoler, et « avec madame il se sentait tiré vers le bas, et avait lancé un SOS auprès de son CPIP » (conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation). 
On se dit que c’est souvent la même musique : en difficulté dans une relation affective nourrie de jalousie et des violences afférentes, on ne met pas fin à la relation (on allait écrire « addiction ») mais on s’en plaint. Le prévenu le dit très bien : « Je l’aime mais elle a beaucoup plus d’addictions que moi. » La présidente ne dit rien, car l’audience se clôt, elle aurait pu aussi bien lui renvoyer : « Et alors ? »

14 mois incarcéré

Le parquet avait requis le maintien en détention du prévenu, et c’est exactement ce qui va se passer. Le tribunal le relaxe pour une scène du 19 août (maître Chavance avait plaidé cette relaxe : « C’est parole contre parole »), dit monsieur coupable du surplus et le condamne à la peine de 18 mois dont 8 mois sont assortis d’un sursis probatoire de 2 ans (obligations de travailler, de suivre des soins psychologiques, de réparer les dommages causés ; interdiction de paraître au domicile au madame, où qu’il soit, et interdiction de contact « par tous moyens » avec elle : cette interdiction prend effet immédiatement). 
Aux 10 mois de prison ferme s’ajoutent 4 mois de révocation du sursis antérieur, ça fait 14 mois, le tribunal ordonne le maintien en détention. Interdiction de détenir une arme pendant 5 ans (3 fusils chez lui, « … parce que j’étais menacé par une grosse famille de Besançon, mais je ne m’en suis jamais servi ») Renvoi sur intérêt civil pour la victime.