Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - 35 ans et déjà 12 condamnations liées à l'alcool... il écope de la prison

TRIBUNAL DE CHALON - 35 ans et déjà 12 condamnations liées à l'alcool... il écope de la prison

On ne s’habitue pas à constater les dégâts monstrueux que cause la dépendance à l’alcool. Tenez, voyez celui-ci. Il n’a que 35 ans et une addiction ancienne. Déjà 12 condamnations à son casier dont pas moins de 7 pour des CEA. Sa voix chevrote, il est poli, respectueux, et malheureux. 
Marié et père, il travaillait à son compte mais un accident l’a mis à l’arrêt pour de longs mois. Bon. Sauf que ce qui court derrière, c’est une consommation abusive (« Les amis, les copains, qui passent boire un coup, qui disent Viens boire un coup ») et ses conséquences judiciaires lorsqu’on est pris, noir, au volant.

« Mettre les autres en danger : ça regarde toute la société »

La présidente Noirot lui pose le cadre clairement - c’est un discours qu’on entend souvent au palais de justice, souvent du côté du parquet : « Boire de l’alcool et vous ruiner la santé, ça vous regarde. Mais mettre les autres en danger, ça regarde toute la société. » Il le sait, depuis le temps, mais ça ne suffit pas de le savoir. « Je sais que je suis malade pour l’alcool. »

Les faits

Alors qu’il était sous le coup d’une condamnation de 2021 qui lui imposait l’installation d’un EAD (éthylotest anti-démarrage), il est contrôlé le 28 mars sans ce dispositif… Les gendarmes le rappellent à l’ordre, mais le lendemain, des hommes de la COB de Cuisery le cueillent complètement ivre sur un parking de Montret. Il ne parvenait plus à manœuvrer son fourgon, il a embouti un grillage et une voiture. Il sortait du bar situé en face du parking. Taux d’alcoolémie : 2,3 grammes.

Son épouse en a ras le bol et a menacé de le quitter. Il dit que c’est ça qui l’a fait bouger. Il a fait une cure d’une semaine à l’hôpital de Chalon en février dernier - « une semaine c’est pas assez » - en vue d’une longue cure à Montceau. Le CSAPA KAIRN de Louhans le suit depuis longtemps…

« Notre département compte 57 accidents mortels en 2023 » (ça fait quasi 5 par mois !)

Le problème, c’est que le procureur de la République en a ras le bol aussi, si on peut dire : « 2,3 grammes, c’est un taux élevé qui prive le conducteur d’une partie de ses capacités. Moins de réflexes, mauvaise estimation des distances. Notre département compte 57 accidents mortels en 2023, dont un quart est lié à la consommation d’alcool et/ou de stupéfiants. » 
De plus : « Toutes les peines possibles ont été essayées, avec monsieur. Son dernier sursis probatoire a pris fin le 19 février dernier, et cinq semaines plus tard, alors que les gendarmes lui ont rappelé ses obligations, il conduit et sortait, vendredi, d’un débit de boissons. » 
Monsieur Guigon requiert la peine 24 mois de prison dont 8 mois seraient assortis d’un sursis probatoire renforcé pendant 3 ans, maintien en détention pour les 16 mois ferme.

Sa volonté réelle de sortir de cette épouvantable dépendance

« Il a terriblement besoin d’une cure », plaide maître Duquennoy. L’avocat rappelle l’amoncellement de difficultés que connaît son client mais aussi le rendez-vous pris le 11 avril avec un psychologue, démarche qui signe sa volonté réelle de sortir de cette épouvantable dépendance. « On sait les difficultés à avoir une place en cure. Dans un monde idéal, ça se ferait du jour au lendemain, mais nous ne vivons pas dans un monde idéal. »

16 mois de prison puis 2 ans de probation avec un suivi plus soutenu

Le tribunal suit les réquisitions, dit le prévenu coupable, le condamne à la peine de 24 mois de prison dont 8 mois sont assortis d’un sursis probatoire renforcé pendant 2 ans. Obligation de se soumettre à des soins en addictologie et des soins psychologiques, obligation de travailler. Le tribunal constate l’annulation de son permis de conduire. Interdiction de conduire sans EAD pendant 1 an. Son fourgon-benne est confisqué. Maintien en détention pour la partie ferme, soit 16 mois.

FSA

On s’est pris à imaginer que tous les tribunaux judiciaires du pays pourraient avoir des jingles pour annoncer les affaires les plus courantes jugées en comparutions immédiates. Et, à l’instar de celui d’une grande enseigne de vêtements qui fredonnait les lettres de son sigle à chaque annonce, on diffuserait une petite musique qui chanterait « C-E-A ». CEA pour conduite sous l’empire de l’alcool. Assister aux audiences pénales, c’est finir par avoir peur sur la route, tant on voit d’affaires de cette sorte passer chaque année.