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LIRE A CHALON - Alex Varenne : inventeur et consommateur de la molécule de la connerie ?
Publié le 13 Août 2014 à 08h32

Aguichée par une critique positive de La molécule du désir [1], du dessinateur Alex Varenne, Adèle Pantre a acquis et lu cette bande-dessinée. Info-Chalon publie son sentiment sur cette dernière.
Parfois, on tombe sur une critique élogieuse et, stimulé par celle-ci, on se procure le produit culturel qu’elle encense, en escomptant bien, au moment de sa consommation, en retirer les plaisirs annoncés.
La dernière fois que cela m’est arrivé, c’était en feuilletant un numéro des Inrocks, consacré au « sexe », c'est-à-dire il y a une semaine. Un plumitif de ce canard, dont j’ai oublié le nom, vantait les mérites d’une bande-dessinée d’Alex Varenne [1], auteur qualifié de « maître ès-érotisme » par certains. Mais alors quelle déconvenue mes amis ! A en croire cet escroc, je devais m’attendre, en me procurant La molécule du désir, en plus d’éprouver l’envie de m’atteler à certaines occupations connues pour déclencher la production d’ocytocine, à déguster un brûlot féministe. Il n’en fut rien. En effet, je suis tombée sur un catalogue de fantasmes masculins sans originalité aucune, et ma libido ne s’en est pas trouvée particulièrement stimulée.
De quoi parle La molécule du désir ? D’une scientifique – le Dr. Steiner, sorte de vieille fille androphobe au mode de vie monacal et aseptisé –, qui a découvert dans son laboratoire comment fabriquer une molécule capable de stimuler le plaisir de la personne qui l’avale, tout en amplifiant son pouvoir de séduction. Et qui s’en ouvre à un financeur – la Western Bank -, très vite prompt à accepter d’allonger le pognon nécessaire à une expérimentation, ceci en vue d’une commercialisation rentable. D’où le recrutement d’un « cobaye » - une japonaise du nom de Yumi n’ayant objectivement pas besoin de grand-chose pour faire naître chez ceux qui la croisent une irrésistible envie de la trousser sauvagement. « Cobaye » qu’elle rémunère grassement pour ingérer la pilule et ainsi faire bander ou mouiller tout ce qui l’approche dans un rayon de 5 mètres. Ce qui conduit cette dernière à multiplier les coïts bestiaux, gang-bang, les trios, les quatuors et les expériences saphiques sous le regard d’hommes qui en redemandent. En bref, la panoplie traditionnelle et relativement complète de situations qui font fantasmer toute brute épaisse pourvue d’un pénis. En somme, rien de nouveau sous le soleil de ce qu’on ose encore qualifier d’ « érotisme ». Et la femme demeure, as usual, un objet sexuel, dont la vocation est d’être consommé. C'est-à-dire, dans la bande-dessinée qui nous concerne : aspergée de foutre, remplie de sperme par tous les orifices, sodomisée, empalée de tous les bouts, sous les quolibets et les « Salope ! » de rigueur. Le tout sans précaution, donc sans capote. Après tout, pourquoi laisser à penser que le VIH menace encore… ?
S’il n’était question « que » de ce que je viens d’évoquer, on pourrait à la limite ne pas s’offusquer outre mesure devant tant de médiocrité. Sauf que ce que l’on m’a présenté comme une œuvre féministe dans Les Inrocks, en plus d’être l’antithèse de ce que l’on m’avait promis, dresse un portrait particulièrement détestable des femmes, sous couvert de les exalter. Je m’explique.
Même si c’est un peu moins vrai depuis quelques temps, un lieu commun existe, qui a la vie dure : l’homme, parce qu’il détiendrait une force physique que n’aurait pas la femme, est considéré comme le « sexe fort », tandis que celle qu’il dominerait grâce à ladite force, serait, elle, le « sexe faible ». Premier cliché. Atténué, presque ruiné, par un autre : contrairement à ce qui est admis en général, le « sexe faible » ne l’est pas tant que cela, puisqu’il ne faut pas être grand clerc pour remarquer que celui-ci compense son infériorité physique supposée par une intelligence et une ruse sans commune mesure avec celle des hommes. Sous-entendu : les femmes ayant depuis longtemps acquis la capacité de mener les mâles par le bout du chibre, donc par le bout du nez, ce sont en réalité ces dernières qui constituent le « sexe fort ». Or, si ce second lieu commun doit également susciter sarcasmes et sourires en coin, force est d’admettre qu’il a au moins un mérite : celui de véhiculer une certaine image des femmes, relativement moins négative, dans la mesure où elle leur prête au moins une forme d’intelligence...
Ce qui est particulièrement déplaisant dans cette bande-dessinée qui, d’une certaine façon, laisse à penser que, pour faire des hommes ce qu’elles veulent, les femmes ont besoin d’ingérer une molécule les conduisant à miauler comme chattes en chaleur, bref qu’elles sont trop connes pour savoir comment les faire ramper, ce n’est pas seulement que l’auteur les chosifie jusqu’au bout, leur déniant même toute capacité de désir propre. C’est qu’il le fasse en prétendant prendre fait et cause pour elles, ce qui constitue pour moi le summum de l’hypocrisie.
Selon une légende, il aurait existé, dans l’antiquité, un peuple de femmes guerrières résidant sur les rives de la Mer noire ou sur celles du fleuve Thermodon selon les sources. Elles tuaient, paraît-il, leurs enfants mâles ou les rendaient aveugles ou boiteux, pour ensuite les utiliser comme larbins. Et, pour assurer la perpétuation de leur civilisation, elles s’unissaient une fois l’an avec des hommes de peuplades voisines, qu’elles massacraient ensuite, comme le font les mantes religieuses, réputées pour dévorer leur partenaire une fois que celui-ci a rempli son office : féconder Madame. Sans souhaiter ardemment la résurrection d’une telle civilisation, je me demande ce qu’Alex Varenne aurait dessiné si jamais il avait eu à passer entre de telles mains expertes.
Quoi qu’il en soit, vous m’aurez compris : surtout, ne lisez pas cette daube. Plus que de molécule du désir, il y est surtout question de molécule de la connerie, dont on peut se demander si, après en avoir découvert le secret de fabrication, Alex Varenne n’en est pas devenu un consommateur insatiable.
Adèle Pantre
[1] Alex Varenne, La molécule du désir, Editions page 69, 216 p, 22 euros



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