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De Chalon sur Saône à Paris, une reconnaissance demandée pour les lanceurs d’alerte

De Chalon sur Saône à Paris, une reconnaissance demandée pour les lanceurs d’alerte

Mardi 3 mars à Paris, une vingtaine d’organisations syndicales et associatives a mis sur pied une soirée de soutien aux lanceurs d’alerte. Au programme, de multiples témoignages, venus du privé et du public, de citoyens qui à un moment de leur carrière ont dénoncé une malhonnêteté qu’ils n’ont pas supportée. Info-chalon.com y était.

Des témoignages parfois ahurissants. Une ancienne cadre financière du conseil général des Hauts-de-Seine raconte ses années d’ennuis après des doutes sur des marchés de complaisance. Après avoir averti sa hiérarchie, elle s’est retrouvée au placard, mutée de force, sa mère a été agressée et son passage à tabac s’organisait par mails. Nombre d’élus et cadres mis en cause dans cette corruption institutionnalisée  la narguaient : « Vous savez, la justice est tellement lente que nous aurons le temps de détruire toutes les preuves avant que l’enquête aboutisse ». C’est ce qui s’est en partie passé.

 C’est une fonctionnaire du ministère des affaires étrangères, en poste au Bénin, qui manque d’être étranglée au bureau après avoir fait un rapport sur des versements d’argents suspects. L’agresseuse, qui a eu la bonne idée de faire un enfant adultérin avec un ministre local ne sera jamais inquiétée. Depuis, l’employée du ministère des affaires étrangères n’a pas retrouvé de poste. Un petit patron de PME du BTP en Moselle a mis le doigt sur une affaire de corruption de marché publics et ne trouve plus de chantiers. C’est aussi l’achat par le Qatar du Printemps, avec des rétrocommissions à des intermédiaires dont le montant est révélé par des employés choqués et anonymes. Autant d’exemples au scénario similaire, qui passent d’abord par la discréditation de celui qui avertit. Parmi les invités, Antoine Deltour, jeune informaticien à l’origine du scandale Luxleaks, poursuivi par la justice luxembourgeoise pour avoir révélé des accords illégaux d’optimisation et d’évasion fiscale pour certaines entreprises privilégiées…

 

A l’appel de l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens-CGT, plus d’une vingtaine d’organisations ont adressé lundi soir une lettre au Président de la République lui demandant une vraie protection pour les lanceurs d’alerte et  la reconnaissance de « l’utilité de leur démarche pour l’intérêt général et la démocratie ». A la Ligue des droits de l’Homme de Chalon-sur-Saône, si « localement, nous n’avons jamais été confrontés à ce genre de situation, il va de soi qu’on les soutiendra après avoir étudié leurs dossiers », affirme Nicolas Besseyrre. « En France, il manque un vrai statut de lanceur d’alerte. Les gens ont peur de dénoncer ces pratiques frauduleuses, d’être licenciés ou ne veulent pas mettre en péril une entreprise à laquelle ils sont parfois attachés. La loi de 2013 reconnaît le travail des lanceurs d’alerte en matière de santé ou d’environnement mais pour nous ce n’est qu’un premier pas. Pour le cas de Stéphanie Gibaud, il est important qu’un collectif de soutien existe au niveau national car quand on dénonce on se sent trop isolé ».

 

F.G.