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Les feux de signalisation piétons se féminisent en Allemagne

Les feux de signalisation piétons se féminisent en Allemagne

En Allemagne, comme en France, les pictogrammes utilisés pour indiquer aux piétons de traverser représentent des hommes. Mais depuis une dizaine d’années, les féministes se battent pour démocratiser l’utilisation de pictogrammes féminins, parité oblige. Info-Chalon revient pour vous sur l’histoire des feux de signalisation allemands.

Tous les allemands connaissent les « Ampelmännchen » ou « Ampelmann » (« petits bonhommes du feu [de signalisation] »). Ils ont d’ailleurs la particularité d’être différents selon les communes, en raison du passé historique de l’Allemagne. En effet, à l’époque de l’Allemagne divisée (Allemagne de l’Ouest et de l’Est), La République Démocratique Allemande (Allemagne de l’Est) a souhaité se démarquer en matière de signalisation. Ainsi, le pédagogue de la sécurité routière, Karl Peglau, a créé en 1961 un nouvel Ampelmann, représentant un petit homme avec un chapeau, jugé comme étant visible et compréhensible par l’ensemble de la population.

A la réunification de l’Allemagne en 1989, suite à la chute du mur de Berlin, ce pictogramme est alors largement délaissé en faveur de celui qui existait auparavant en Allemagne de l’Ouest, pour des raisons d’homogénéité. Mais la nostalgie des anciens allemands de l’Est l’a fait ressortir de l’oubli, et aujourd’hui, chaque commune peut librement choisir entre les deux pictogrammes existants.

En revanche, ce qui marque le plus les esprits, c’est le développement progressif d’un nouveau pictogramme depuis 2004 : celui de l’Ampelfrau. Homologue féminin de l’Ampelmann, cette jeune fille arborant une jupe et des tresses fait désormais partie du paysage routier allemand. La commune de Zwickau a été la première à en installer en 2004, suivie en 2005 par la commune de Dresde. En 2014, on comptait une dizaine de villes équipées de l’Ampelfrau, à l’image de Dortmund, qui promettait d’équiper à terme la commune de 50 % de pictogrammes piétons féminins, à mesure qu’elle remplacerait les équipements défectueux.

Une dizaine de villes sur les quelques 12 000 communes que compte l’Allemagne, il n’y a pas de quoi crier victoire pour les féministes allemandes, mais l’initiative est bienheureuse dans une société où l’homme domine et où l’égalité de la femme est toujours remise en question. Un bémol à noter toutefois, largement dénoncé par les féministes : pourquoi représenter la femme sous les traits d’une jeune fille arborant des couettes et une jupe ? N’y aurait-il pas la possibilité de représenter la féminité autrement que sous sa forme juvénile ?

C’est en tout cas le débat actuel en Allemagne, relayé cette semaine par l’article du journal Le Point (1). Certains conservateurs en viennent même à tourner ce débat en dérision, en proposant de revenir à des pictogrammes représentant l’homme et la femme dans ce qu’ils ont de plus naturels :     mettre en avant leurs courbes et leurs attributs dans le plus simple appareil.

Toujours est-il que cette polémique est loin d’être terminée, mais contrairement aux Français, qui n’accordent aucune importance aux pictogrammes piétons et s’autorisent à traverser quand bon leur semble, leurs homologues allemands, et notamment les femmes, en ont fait un cheval de bataille dans la grande guerre du respect de la parité.

Quoi qu’il en soit, il est désormais possible que vous ne regardiez plus le petit bonhomme piéton de la même façon.

M.M.

(1) En référence à l’article publié sur Le Point.fr le 14 mai 2015

http://www.lepoint.fr/insolite/allemagne-les-feux-de-signalisation-ont-ils-un-sexe-14-05-2015-1928452_48.php