Chalon sur Saône

A Chalon, Christophe Prudhomme appelle à lutter contre "le délitement des valeurs"

A Chalon, Christophe Prudhomme appelle à lutter contre "le délitement des valeurs"

Le médecin-urgentiste Christophe Prudhomme était l'invité de la CGT Santé ce vendredi à Chalon sur Saône et Montceau les Mines. L'occasion pour le porte-parole de l'association des médecins urgentistes de s'entretenir avec les professionnels de santé de l'hôpital William Morey.

C'est en présence du Docteur Dellinger, Président de la CME de l'hôpital de Chalon sur Saône que l'entretien s'est déroulé. Posé, argumenté,  de médecin à médecin, les échanges ont pu se produire, posant du coup une toute autre dimension aux thématiques abordées. "Dire qu'il n'y a pas de solution, ce n'est pas vrai !" a martelé le responsable CGT devant des chefs de service, très ouverts à la discussion, n'hésitant pas à partager l'analyse faite par Christophe Prudhomme. 

La clé du dossier pour le financement des hôpitaux ? "C'est la levée immédiate des taxes sur les salaires dans le secteur hospitalier. Cela représente 3 milliards d'euros ! et 50 000 emplois à la clé" insiste Christophe Prudhomme, "c'est une marge pour les hôpitaux français considérable et qui permettrait de résoudre définitivement la problématique du financement. L'ARS nous impose des choix politiques avec le couteau sous la gorge" alors que le 1er juillet, le décret sur les Groupements Hospitaliers de Territoire est à paraître. Pour le responsable CGT, "on souhaite dire ce qu'on a à dire, il faudra écouter les demandes. Les groupements de territoire, nous ne sommes pas contre, à condition de maintenir la proximité dans la couverture hospitalière".

"Quand ça disfonctionne, la mortalité augmente de 20 à 30 %"

Pas question pour Christophe Prudhomme de manier la langue de bois, et ce d'autant plus, qu'il joue à domicile, face à des professionnels de santé, qui connaissent parfaitement la situation tendue dans laquelle se trouvent les hôpitaux publics français."On souhaite aujourd'hui pouvoir donner notre avis pour un projet de territoire cohérent et pas sous la pression d'une logique financière et ça doit se faire en dehors du monde politique et surtout loin des démagogues politiques et des décisions qui viennent de haut, qui ne correspondent pas au vécu quotidien". 

"Face à la polypathologie, il nous faut s'organiser différemment. Nous n'avons aucun interlocuteur politique qui nous entend, il nous faut donc essayer de tirer ensemble sur des sujets de valeur. On ne travaille que pour le service public, on doit lutter contre le délitement des valeurs qui nous rassemblent, c'est l'Humanisme qui nous fonde". 

"L'ARS impose sans aucune prise en compte des réalités locales, sans donner les moyens de ce qu'ils imposent"

S'appuyant sur des exemples locaux, tel que celui de la clinique et de l'hôpital d'Autun, qu'il considère comme une abberation, "les cliniques sont financées par la sécurité sociale, qu'on le dise une fois pour toute. On est prêt à jouer le jeu de la territorialisation mais avec des limites. Autun est un scandale !". 

"Si on avait le même taux d'encadrement dans les EHPAD qu'en Allemagne, on aurait moins d'hospitalisation"

Comparer pour comparer, Christophe Prudhomme est allé à la comparaison avec nos pays voisins mais appelant de ses voeux à ce que les comparaisons soient menées correctement et pas uniquement au profit de décisions politiques qui ne respectent pas la réalité du terrain. 

"On est face à des injonctions paradoxales"

S'amusant à faire un peu de psychiatrie sur les décideurs politiques et leurs équipes respectives, le responsable CGT s'est plu  à pointer du doigt ce qu'il qualifie "d'injonctions paradoxales. Nous on est dans la vraie vie. L'exemple de Valognes ? On va en avoir dix cet été !" prévient Christophe Prudhomme, dont on ne peut pas mésestimer la maîtrise du dossier. "Il y a une colère rentrée mais le pire serait la désintégration des responsabilités et qu'on ait des économistes, des financiers qui fassent des administrations provisoires" a rajouté le Président de la CME de Chalon sur Saône. 

Christophe Prudhomme a justement appelé la communauté soignante à bien prendre en considération tout le poids qu'elle avait dans les décisions à venir tout en rappelant que "la vraie légitimité, ce ne sont pas des élus, élus avec 20 % des inscrits. Ceux qui ont la légitimité ce sont les représentants du personnel".

Laurent Guillaumé