Chalon sur Saône

Renversante Léna Bréban

Renversante Léna Bréban

Membre du « vivier d’artistes » constitué par Nicolas Royer pour accompagner, animer et faire vivre le nouveau projet de direction de l’Espace des Arts, Scène nationale Chalon-sur-Saône, fort du succès du spectacle « Cabaret sous les balcons » déjà créé à l’EDA* durant le 1er confinement, joué dans les Ehpad et qui avait attiré l’attention du New York Times, Léna Bréban, accompagnée du talentueux chalonnais Antoine Prud’homme de la Boussinière, répète une pièce de théâtre « à jouer partout », production déléguée Espace des Arts.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’adapter le texte ‘Renversante’ de Florence Hinckel ?

Cela faisait très longtemps que je voulais faire un spectacle sur la domination masculine et la place des femmes dans la société. J’étais par exemple atterrée quand, au festival de Cannes, il n’y avait aucune femme réalisatrice dans la sélection officielle et que peu de gens s’en faisaient l’écho. Au fond, cela ne scandalisait personne. Et puis, un jour, j’ai eu une vive discussion avec deux amis hommes à propos du mot ‘autrice’. Ils le trouvaient moche et n’en voyaient pas l’utilité. Alors que moi, je pense que nommer les choses est très important ; afin que les petites filles se projettent et s’approprient les fonctions. Et puis, je cherchais un nouveau texte, et l’école des loisirs m’a proposé celui de Florence Hinckel ; ce qui est génial, c’est qu’elle arrive à faire rire sur ce sujet et à démonter tous les clichés. L’humour est pour moi essentiel pour parler des choses fortes. Voilà, j’avais trouvé le bon texte pour ce que je voulais faire. 

Ce projet a été pensé pour être joué en milieu scolaire, c’est un pied de nez à la fermeture des théâtres ?

Non, le projet est né bien avant le confinement. Je voulais proposer une forme légère, différente, et ça m’intéressait d’aller dans les classes à la rencontre des jeunes ; là où les premiers problèmes de sexisme apparaissent.

Deuxième temps fort de ce spectacle, un débat est prévu après la représentation, en quoi cela était important de donner la parole aux élèves ?

Eh bien justement, j’avais envie de les entendre, de connaître leur point de vue, leur ressenti, de pouvoir discuter avec eux. Ce sont les hommes et les femmes de demain. Ce sont eux qui feront la société future, eux qui seront au pouvoir. Il me semble essentiel de les sensibiliser, de parler avec ces jeunes, de déconstruire les idées reçues et d’essayer d’ouvrir des portes de réflexion. 

Vous travaillez sur ce projet avec le chalonnais Antoine Prud’homme de la Boussinière, pouvez-vous nous en dire plus sur ce partenaire de jeu ?

J’ai choisi Antoine comme acteur parce qu’il dégage une douceur, malgré sa stature imposante. Et puis, il a beaucoup d’humour, il est très drôle. Ce que je ne savais pas du tout c’est qu’il s’est avéré un partenaire incroyable sur les questions de sexisme, car il se sent très concerné. Antoine est un vrai féministe, un acteur et un partenaire de jeu merveilleux. Je ne pouvais pas tomber mieux. Pourtant on ne se connaissait pas, je l’avais juste vu jouer au festival ‘Y'a pas la mer’ de Toulon-sur-Arroux qui est une initiative géniale de théâtre en milieu rural. 

Quand ce spectacle sera-t-il prêt ? Et dans quels établissements allez-vous jouer ?

Nous démarrons le 29 janvier et nous jouerons dans les écoles primaires du Grand Chalon puis en tournée dans les collèges de Saône-et-Loire, le Département ayant acheté le spectacle pour l'offrir à plein de collèges. C’est un département qui soutient vraiment la culture et qui se donne les moyens d’apporter du théâtre à ses administrés, que ce soit aux plus âgés en Ehpad ou aux collégiens. Je tiens à le dire parce que c’est loin d’être le cas partout.

Y-a-t-il un message que vous souhaiteriez adresser au public qui se languit d'un retour à la normale et de l'ouverture des lieux culturels ?

Cher public, on arrive ! On prépare des tas de choses et comme en amour quand le bateau revient au port, on a le cœur qui bat la chamade à l’idée de vous retrouver !

*EDA : Espace des Arts

Propos recueillis par SBR - Crédits photos : © Espace des Arts