Opinion
BILLET D'HUMEUR - Un fidèle d'info-chalon.com revient ses mésaventures à l'hôpital de Chalon
Publié le 10 Juin 2021 à 16h47
Billet d’humeur
Je vais vous narrer mon petit séjour à l’Hôpital William Morey (ce brave médecin atteint du VIH qui a travaillé jusqu’à sa mort) de Chalon sur Saône. Je ne suis pas un novice dans ce domaine car j’ai dû passer environ deux ans de ma vie dans différents établissements hospitaliers. Mais ce passage-là restera remarquable. Je ne veux en aucun cas critiquer le travail des médecins, infirmières et tout autre personnel ; je ne ferai que relater les faits et quand même donner mon sentiment.
Tout commence ce jeudi 2 juin 2021 vers 2h30 du matin, soit dit en passant, je l’apprendrai plus tard le fameux jour où il fut difficile de joindre les secours. Une douleur que je n’avais pas encore connue par son intensité, pourtant je suis un grand brûlé, m’arrache toutes les larmes de mon corps alarmant aussitôt réveillée ma compagne, elle composa le 18 et, heureusement, eut un interlocuteur très rapidement. Merci au pompier et au médecin qui ont fait le bon choix de m’emmener aux urgences de l’hôpital de Chalon sur Saône. Je n’étais pas particulièrement rassuré de cette destination car j’y ai fait quelques stages auparavant.
Donc trajet en douceur et célérité avec les ambulanciers, arrivée environ vers 3h30 (les heures seront approximatives dans mon récit car pas très observateur dans ces moments-là). Attente très raisonnable pour la prise en charge, installation dans un box et venue du médecin, questions diverses et variées, prise de sang et radio, tout ça en à peine 2 heures. Je me suis dit qu’il y avait peut-être moins de monde en ces périodes pandémiques. Résultats dans 1 heure, 1 heure et demie, et là la phrase que je redoutais et que j’ai entendu tellement de fois auparavant et pendant ce séjour : « Je vous laisse patienter ». Ce n’est pas de patienter qui m’ennuie, mais que derrière cette phrase se cache parfois 2, 5, 8, 12 heures et selon les aveux d’un brancardier non sollicités, parfois même 24h ! Sans doute pour me consoler de mes 10 heures décrites ci-après.
Le personnel appelle cela la zone d’attente, c’est plutôt approprié. Espace plus que réduit et inconfortable, mais bon, pour quelques minutes, ça va. Environ une heure, une heure et demi après, sans doute après les résultats de la radio ou prise de sang dont je n’ai à ce jour aucune nouvelle, on me prononce une autre phrase que je n’aime pas trop : « On va vous poser un cathéter », petit bout de tuyau enfoncé dans une veine. Une question qui me vient immédiatement à l’esprit et dans ma bouche « Pourquoi ? ». La réponse est que j’allais passer un scanner, j’aurai préféré les précisions dans l’autre sens, bref, je ne sais d’ailleurs toujours pas pourquoi je vais passer un scanner, tout ça n’est pas très rassurant. Scanner à 8h environ, résultat dans une heure, une heure et demie encore, ça doit être une moyenne.
Un peu plus tard, surement une heure, une heure et demie après, « Monsieur vous devez rester strictement allongé et ne plus vous lever du tout ». Toujours cette même question qui me vient je ne sais pourquoi : « Pourquoi », « Le médecin viendra tout à l’heure », encore un terme dénué de temporalité à l’hôpital. Franchement je ne sais plus combien de temps j’ai angoissé, coincé entre un paravent et le mur de la zone d’attente. 11h, le verdict tombe quand le médecin vient m’entre apercevoir : « Monsieur, vous avez fait une embolie pulmonaire bilatérale, on va vous garder ». D’accord, j’ai mon téléphone pour regarder ce qu’est une embolie pulmonaire bilatérale, juste pour info. Après retour du médecin rapidement, « Bon, on n’a pas de place, on cherche » Aie.
12h30, on m’annonce qu’on m’a trouvé une chambre, je monterai vers 14h30, super, je monte dans la chambre vers 17h30. Diner assez tôt, mais bon comme j’étais aux urgences depuis 3h30 du matin et qu’ils ne servent rien dans la zone d’attente, j’avais une petite faim quand même.
Le lendemain, vendredi 4 juin, c’est la course, café, toilette sans bouger du lit pour être prêt à 9h pour un doppler, bref, le brancardier vient me chercher vers 11 heures avec une bouteille d’oxygène !
Le brancardier : « Vous pouvez vous lever ? »
Moi : « Ben non je n’ai pas le droit, c’est écrit au-dessus de mon lit »
Le brancardier « Ha m… »
Moi : « C’est pour qui la bouteille d’oxygène »
Le brancardier « Ha, vous n’aviez pas d’oxygène »
Moi : « Bah non »
Le brancardier « Attendez, je vais me renseigner »
Il revient de suite avec « la consigne est levée, vous pouvez vous lever », content de le savoir, heureusement que le brancardier ne connaissait pas la consigne comme ça elle s’est levée instantanément, je vous avoue que j’étais content de l’apprendre, j’ai quand même demandé confirmation après, ce n’est pas que je n’avais pas confiance en ce brancardier désappointé et très gentil, mais j’ai préféré avoir la confirmation du médecin que je n’ai pas eu, une infirmière me la donnée, timidement. Et je ne sais d’ailleurs toujours pas pourquoi la consigne « Lit strict » a été levée instantanément, peut-être avait-on oublié de me le dire. Dommage, ça m’aurait évité une toilette au lit, et les toilettes au lit, passons.
Doppler effectué avec beaucoup d’assiduité et là, je me dis, résultat dans une heure, une heure et demie, hé non résultat immédiat, tout va bien, pas de phlébite, ça y est, je sais pourquoi je suis venu : « Pas la peine de remettre votre bas de contention ». Cool.
Moins cool, je dois passer un autre scanner mais celui-là n’est pas programmé, donc je vais passer le week-end et peut-être plus sous surveillance pour attendre que le service concerné veuille bien me donner un rendez-vous, oui, « ce sont eux qui décident » dixit le médecin. Je comprends maintenant pourquoi il n’est pas aisé de trouver une chambre de libre. Le premier scanner était partiel, que le bas, le prochain, que le haut ! N’aurait-il pas été judicieux qu’ils fissent un scanner complet la première fois ? Moi je dis ça.
Juste un petit passage sur l’ambiance, c’est la situation sanitaire qui l’impose, je conçois. Si tu veux sortir du service, il faut qu’on t’ouvre, tout est verrouillé, ok c’est la procédure, si tu veux rentrer, tu sonnes, personne, tu re-sonnes, personne, tu présentes ta carte de station debout pénible à la porte, ça ne fonctionne pas non plus, alors tu re-sonnes et c’est le médecin qui fait le portier, peut-être a-t-il mieux à faire, moi je dis ça. C’est peut-être un détail pour vous, pour moi un petit moment de bonheur, j’aime bien un petit café après avoir mangé, je suis habitué au grand luxe, je vais voir les horaires de la cafétaria : samedi Fermé, dimanche Fermé. C’est la crise. Je cherche un distributeur de café, les deux que j’ai trouvés : En panne. Ma compagne a fini par m’amener une cafetière. Tout le monde n’a pas cette chance.
Trois jours après le doppler qui m’a exempté du bas de contention, « Monsieur on va mettre les bas de contention », « bah non ». Quelques autres anecdotes sur les consignes, l’infirmière : « Je viens pour le pansement » je n’ai pas de plaie. Le dermatologue me rend visite « Je viens pour la plaie dans le dos » je vous dis que je n’ai pas de plaie, je n’invente rien et cela m’ennuie un peu plus que le café, j’imagine les éventuelles conséquences si les consignes ne sont pas transmises correctement pour une personne non censée ou inconsciente, j’imagine mal que les consignes eussent été mal passées quand je me suis fait amputer la jambe droite (vous aviez surement remarqué plus haut dans le texte « VOTRE bas de contention »).
Le week-end passé à attendre, car le week-end, il ne se passe rien. J’apprends le lundi 7 juin que le rendez-vous pour le scanner est le 10 ! C’est loin, finalement, il est avancé au 9, donc quatre jours d’hospitalisation pour 15 minutes d’examen, les résultats sont bons, je rentre chez moi.
Point positif : je ne sais pas en quelle matière sont fait les bancs dans l’allée extérieure, mais il sèche très vite.
Point négatif : l’entretien extérieur laisse à désirer, des centaines de mégot à terre et des petites bêtes qui font l’aller-retour entre les poubelles et les massifs.
Je remercie tout le personnel du service de médecine interne pour son attention et sa gentillesse.
Gilles, 56 ans.
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