Chalon /autour de Chalon
TRIBUNAL DE CHALON - Sous le fromage blanc, une vie de famille compliquée, violente et douloureuse
Par Florence SAINT-ARROMAN
Publié le 24 Juin 2025 à 07h36
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Dernier dossier de l’audience de comparutions immédiates, ce 23 juin. Juge unique pour des violences sans incapacité. A la barre, une femme. On lui reproche d’avoir « rabattu un calendrier sur le visage de son mari », le coupant, et de lui avoir « projeté un pot de fromage blanc sur le front ».
C’était le 19 avril dernier, à Saint-Léger sur Dheune. Par quelles voies le parquet a-t-il décidé de poursuivre cette femme selon la procédure la plus dure pour une histoire de fromage blanc ? Mystère. Il sera peut-être éclairci à l’audience en septembre prochain car pour l’heure, « le tribunal s’interroge sur l’opportunité d’une expertise psychiatrique sur votre personne. »
A la barre, une femme de 54 ans. Elle a été convoquée à 14 heures, comme tout le monde, mais il est un peu plus de 20 heures (priorité est donnée aux prévenus sous escorte pour libérer les escortes). « C’est vraiment très long, je suis très agacée. »
La prévenue voudrait des expertises psy pour toute la famille
La procureur est favorable à une expertise psychiatrique, « car ça pourrait nous éclairer sur l’état du discernement de madame au moment des faits. Sa personnalité me paraît complexe. »
Maître Leray s’en rapporte car elle a interrogé sa cliente et celle-ci « s’oppose ».
La prévenue explique : « Je suis suivie par le docteur X que je vois en consultation une fois par mois, en raison de ma bipolarité, que je connais, et j’ai un traitement. Je demande que cette expertise soit faite sur mon mari et sur mon fils. Mon fils est particulièrement violent et mon mari est un alcoolique notoire. »
Le tribunal ordonne l’expertise psychiatrique de la prévenue
La présidente rappelle à la prévenue le cadre de l’audience et que par conséquent le tribunal ne demandera rien concernant d’autre personnes qu’elle.
La prévenue, d’un ton ferme : « Je refuse l’expertise. »
La présidente : « C’est pas vous qui décidez. Le tribunal ordonne l’expertise. »
La prévenue : « C’est moi qui vais passer pour folle. »
« C’est moi qui vais passer pour folle » …
Cette petite phrase contient en germe une potentialité de problèmes au sein du couple assez volumineuse, sans qu’on puisse préjuger de quoi que ce soit.
La femme exige que son médecin psychiatre soit avec elle lors de l’expertise, « je pose cette condition ». Le tribunal s’engage à faire un mail au médecin expert désigné, pour lui faire part de cette demande. « C’est ce que je veux, insiste la femme. La bipolarité n’est pas une tare. » La présidente lui répond : « C’est vrai, mais ça peut avoir des incidences sur votre comportement. »
Ça peine déjà, parce qu’elle se bat
La prévenue repart en dénonciations du comportement de son mari, « jaloux », « alcoolique », et même violent, elle le dira plusieurs fois. Elle se défend, en fait, déjà, contre la suspicion d’une forme de folie, suspicion dirigée sur elle et qui pourrait, c’est un risque, masquer une autre réalité. En fait, ça peine déjà, parce qu’elle se bat. Elle sait ou pressent que pour une histoire de coupure au nez et de front aspergé de fromage blanc, elle va être sur la sellette avec d’emblée un handicap. Elle a peur que sa parole soit disqualifiée a priori, parce qu’elle souffre d’un trouble reconnu comme une maladie psychique. Alors elle bagarre.
« Lui, il m’a frappée, et pourtant il n’est pas bipolaire ! »
« Même les gendarmes m’ont dit : des bipolaires, il y en a plein les trottoirs. Lui (elle désigne son mari, assis sur une chaise pas bien loin), il m’a frappée, et pourtant il n’est pas bipolaire ! »
Bon, le renvoi est fixé au 15 septembre. Cette femme dit qu’elle ne travaille qu’à peine depuis trois ans mais que là, elle a une opportunité, alors « je fonce ». Du coup, plein de questions se posent : comment faire si elle travaille le 15 septembre ? Comment aurait-elle fait si elle avait eu ce travail avant, pour venir aux rendez-vous avec son avocate ? Et comment elle aurait fait quand elle a été placée en garde à vue ?
« Et vous allez faire quoi ? Vous m’enverrez à Sevrey ? »
La prévenue est placée sous contrôle judiciaire depuis le 23 avril. « Vous avez coopéré avec la mesure. »
La procureur demande qu’elle reste sous contrôle judiciaire, dans les mêmes conditions, et ajoute : « Madame doit se rendre à l’expertise. Je pense qu’elle sera éclairante, la bipolarité peut altérer le discernement.
- Et vous allez faire quoi ? intervient la femme. Vous m’enverrez à Sevrey ?
- Pas forcément, non.
- J’ai la personnalité que j’ai, je ne vais pas la changer. Et moi, j’ai besoin de me défendre quand mon mari me tape dessus. »
Maître Leray rebondit : « Madame fait état de sa qualité de victime, donc il faut maintenir l’interdiction de contact. »
Voilà comment on part d’un pot de fromage blanc pour rapidement déboucher sur un monde qu’on devine bien compliqué et certainement douloureux. Comme quoi, la réalité dépasse toujours la fiction. Jugement mi-septembre (si le rapport d’expertise est fait).
FSA



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