Faits divers
TRIBUNAL DE CHALON - Tyran domestique poursuivi pour des violences sur la voie publique, il est incarcéré à la barre
Publié le 15 Juin 2021 à 16h23

Le ton du juge se fait tranchant : « Ainsi, vous n’êtes pas violent, pas menaçant et pas raciste, et pourtant vous êtes aujourd’hui jugé pour tout cela. L’alcool ne peut pas être l’excuse que vous nous servez depuis tout à l’heure. »
Les trois policiers se sont approchés de lui, d’un signe lui demandent de passer ses mains dans le dos. Clac, les menottes se referment. Il était arrivé libre à l’audience. Le juge des libertés et de la détention lui avait « laissé une chance », c’est comme ça qu’il le voyait. Il était venu, ce lundi 14 juin, sans rien d’autre avec lui que les vêtements qu’il porte et trois papiers (médecin, employeur, autre) pour justifier de sa bonne volonté. « Je m’excuse », répétait-il au cours du jugement. « Je m’excuse et puis voilà. » Il était arrivé libre, il repart détenu. C’est toujours très violent, un mandat de dépôt à la barre. Ce qui est violent c’est de voir un homme perdre sa liberté, tac, comme ça.
Un passant intervient courageusement
Quant à sa violence à lui, qui, le 9 juin dernier, en fin de journée sur un trottoir de Châtenoy-le-Royal, battait sa femme, la menaçant d’un couteau ? « Je suis pas méchant, d’origine. Je suis nerveux, oui, mais. » Désarmé par son beau-fils (15 ans) il rentre chez lui et ressort avec un couteau. Deux couteaux sur la voie publique, tenus par un homme ivre. Un témoin s’interpose, « je lui criais des choses pour détourner son attention de sa femme », « mais j’ai eu peur ». « Sale bougnoule, rentre chez toi », gueulait le prévenu.
« C’est à cause de l’alcool »
Son épouse (depuis 2018) et les deux enfants de celle-ci (15 et 20 ans, arrivés en décembre dernier, le couple a un enfant d’environ 2 ans) sont camerounais. Il les traitait de « vauriens », et puis de « singes ». « Mais je ne suis pas raciste, c’est à cause de l’alcool, que… » Il avait attaqué les bières à 10 heures du matin, puis il a pris l’apéro, il a pris du vin au cours du déjeuner, puis il est repassé à la bière. « C’est depuis que ses enfants sont arrivés, je bois pour oublier mes soucis. » A son casier, une condamnation en 2005 pour conduite sous l’empire de l’alcool. « C’est donc un problème assez ancien », observe la présidente Verger.
Un gourdin, des menaces d’égorgement
Le 9 juin il était trop énervé parce que la fille de 20 ans est enceinte, et ça ! Il l’a virée du domicile familial, « oui, de chez moi » dit-il spontanément à la barre. Naturellement la mère s’en est émue, et l’atmosphère était électrique, l’atmosphère était gourdin. Il avait déjà frappé sa femme aux genoux avec le gourdin, le 9 juin il l’a ressorti pour lui montrer de quel bois il se chauffe.
Un équipage de la BAC est arrivé. Insultes, coups de pied une fois dans le véhicule, et au cours de sa garde à vue, menaces de mort, il mime l’égorgement. « C’est pas ‘sales cons’, ce sont des menaces de mort qui touchent à la vie privée des fonctionnaires de police, femmes et enfants inclus » insiste maître Bibard.
Et tout à coup, la tonalité de l’audience change
« Je m’en excuse » dit le prévenu d’un ton plat. Il est tendu, il a certainement peur. Habitué à régner en tyran chez lui (son épouse rapporte, par exemple, entre autres vexations quotidiennes, que son mari disait : « Dis à tes enfants que l’eau que j’achète, ils ne doivent pas la boire. »), il est subitement confronté à plus fort que lui et il change de braquet mais ça ne prend pas. L’ambiance est celle d’un temps d’été dans une salle tempérée et sans public lorsque le juge Jacob, assesseur, revient d’une voix ferme sur l’insulte « singe(s) ». Et l’autre de répondre sans la moindre vergogne : « A madame, oui, mais jamais aux enfants. Pourtant, je ne suis pas raciste. » Le ton du juge, de ferme se fait tranchant : « Ainsi, vous n’êtes pas violent, pas menaçant et pas raciste, et pourtant vous êtes aujourd’hui jugé pour tout cela. L’alcool, monsieur, vient généralement renforcer un trait de caractère, car il désinhibe. L’alcool ne peut pas être l’excuse que vous nous servez depuis tout à l’heure. »
« La position de la victime : isolée avec des enfants »
La procureur se lève. « Vous dites vouloir ‘repartir à zéro’ ? On devrait rayer cette expression de notre vocabulaire, car jamais on ne repart à zéro. Vous avez été violent bien avant le 9 juin. » Il se sent coincé et ça l’embête, il marmonne « Je veux…, je veux… » Angélique Depetris hausse le ton : « Monsieur, vouloir, ça commence par reconnaître ce qu’on a fait ! » Il rétorque : « Je reconnais. – Non ! Non ! Vous ne reconnaissez pas ! »
Son épouse ne veut pas déposer plainte. « La position de la victime : isolée avec des enfants. Elle souhaite reprendre la vie commune dans le meilleur des mondes, mais c’est plus compliqué que ça » dit la présidente.
« Je m’oppose à la reprise de la vie conjugale »
Les réquisitions sont cinglantes. « Monsieur semble faire amende honorable mais il minimise tout. La gravité des coups, les antécédents de violence, les menaces, les insultes racistes, son rapport à l’alcool, il minimise l’impact de son comportement sur sa femme et son fils, il rejette le tort sur un tiers, ici, la fille de madame, il dit ‘ce n’est pas le vrai moi’ : il n’assume rien. » Sur les menaces de mort : il a affirmé « je n’aurais jamais agi », « Peu importe ! s’emporte la magistrate. La question est de savoir si vous l’avez dit ou pas, et l’impact que ça peut avoir sur les victimes. » Enfin, « au regard de la gravité des faits, du contexte dans lequel ils se sont déroulés, des deux armes, je m’oppose à la reprise de la vie conjugale, et je prends des réquisitions fermes contre les violences sur sa femme, son fils, le témoin – courageux -, et les policiers ». Angélique Depetris demande une peine de 2 ans de prison, dont 1 an serait assorti d’un sursis probatoire de 2 ans, et un mandat de dépôt pour la partie ferme.
« Je m’excuse et puis voilà »
Le prévenu n’a pas d’avocat, il semblait croire qu’on lui en désignerait un. Au moment de l’audience, l’Ordre fait dire qu’il n’a personne à désigner, alors il doit se défendre seul. Cela dit vu les faits, on suppose qu’un avocat n’aurait pu plaider que la personnalité (il travaille, il n’a qu’une seule condamnation, etc.). Bref, c’est exactement ce que le prévenu fait, mais en bredouillant. « Je travaille… je vais me reprendre en main… j’ai mon petit que je veux voir… et voilà. Je m’excuse et puis voilà. J’ai pas besoin de la prison. » Qui a besoin de la prison, de toute façon ? Personne.
Trois agents de police apparaissent dans le fond de la salle
Le temps du délibéré est long. Le tyran domestique n’est pas que cela, il est aussi un ouvrier de 47 ans qui travaille en CDI. Il ne quitte pas la salle, se tient là, seul et silencieux. Puis, de la même façon que les hirondelles annoncent le printemps, trois agents de police apparaissent dans le fond de la salle. Le tribunal a suivi les réquisitions. Pendant les deux ans du sursis probatoire, monsieur aura interdiction de contact avec madame et son fils (celui de 15 ans), interdiction de paraître à son domicile, obligations de soins, de travailler, d’indemniser les victimes. Il devra payer une amende de 150 euros pour injure non publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion.
Pour les 12 mois ferme, le tribunal décerne mandat de dépôt. Clac, les menottes se referment.
Florence Saint-Arroman



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