Politique de droite

INTERVIEW - Crise sanitaire, vaccination, pass, élections ... Josiane Corneloup, députée (LR) de Saône et Loire se livre à info-chalon.com

INTERVIEW - Crise sanitaire, vaccination, pass, élections ... Josiane Corneloup, députée (LR) de Saône et Loire se livre à info-chalon.com

Elle évoque sa préférence pour Michel Barnier au sein des candidats de la droite en vue des présidentielles... mais aussi son activité parlementaire, Montebourg, Macron, Gauvain...

Bientôt l’heure du bilan pour votre mandat de parlementaire. Quels sont les dossiers qui vous ont le plus marqué ? Des regrets ? 

"Parmi les dossiers les plus marquants, évidemment celui de la gestion de la pandémie par le Gouvernement, que j’ai pu suivre très précisément en tant que membre de la mission d’information puis en tant que membre de la commission d’enquête au sein de laquelle, sans polémiquer ni me montrer trop critique à l’encontre de l’exécutif, j’ai pu constater l’impréparation et les incessants revirements du Gouvernement qui ont caractérisé la gestion de cette crise sanitaire. Localement, j’ai assuré un suivi constant auprès des élus, entreprises, commerçants, structures et personnels de santé, et des particuliers".

Les autres dossiers marquants 

La révision de la loi bioéthique : "je comprends, avec l‘ouverture de la procréation médicale assistée pour les couples de femmes et les femmes célibataires, le désir d’enfant qui est bien sûr profond, sincère, mais regrette que les droits de l’enfant aient totalement été ignorés lors de ce que je ne peux pas qualifier sérieusement de débats tant le Gouvernement a utilisé toutes les procédures pour réduire à peau de chagrin le temps de parole de l’opposition. Je crains d’autre part que la PMA n’annonce, à plus ou moins long terme, la GPA qui consacrera la marchandisation du corps humain".

La loi EGALIM, "qui a suscité beaucoup d’espoir dans le monde agricole, n’a, comme nous avions été nombreux à le redouter, procuré aucun revenu supplémentaire aux éleveurs, notamment de viande bovine. 
Le vote d’EGALIM 2 marque quelques avancées comme la contractualisation vivement recommandée ; l’introduction de la construction du prix sur la base d’indicateurs reflétant les coûts de production ; la possibilité d’augmenter le prix en fonction de l’augmentation du prix des matières premières agricoles ; le rôle du médiateur qui est renforcé ; la mention des origines des viandes dans les plats préparés".

L’injustice faite aux personnes handicapées "vivant en couple de subordonner leur allocation adulte handicapé aux revenus de leur conjoint/conjointe. La majorité LREM et MODEM, en refusant de dissocier ces deux sources de revenus, crée une insécurité financière en rendant la personne handicapée financièrement dépendante de son conjoint/ sa conjointe. Le rejet de cette PPL qui avait réuni tous les groupes d’opposition et faisait l’unanimité parmi les associations de handicapés, est une véritable honte pour ce Gouvernement et sa majorité. Et pour moi, c’est un vrai regret car je pensais vraiment que la recherche d’équité et d’humanité saurait fédérer l’ensemble des parlementaires ; j’ai sous-estimé l’intransigeance du Gouvernement qui est resté sourd à la juste requête des personnes handicapées".

Plus localement, la réintroduction irraisonnée du loup "dans l’ensemble du territoire français et son irruption dans le bocage de ma circonscription, montre à quel point il est aberrant de déconnecter des décisions applicables nationalement des réalités du terrain ; en l’espèce, dans le Charolais-Brionnais et aux portes du Bassin minier, l’élevage d’ovins sur des parcelles éparpillées interdit toute protection efficace contre la prédation du loup et interdit donc la cohabitation avec des éleveurs qui vivent dans la terreur de voir le fruit de leur dur travail anéanti par l’inconséquence de décisions politiques, résultat du lobbying d’une minorité d’activistes". 

A l’heure où à droite les appétits s’aiguisent, avez-vous déjà fait le choix de votre candidat ? 

"Les candidats souhaitant porter les couleurs des Républicains sont de grande valeur. Chacun exposera précisément son programme. Mais d’ores et déjà, il me semble que Michel Barnier, qui a vraiment l’étoffe d’un homme d’État grâce à ses expériences d’élu local, de ministre et la stature internationale que lui ont conféré ses hautes fonctions au sein de la commission européenne et particulièrement son rôle prééminent dans la négociation du BREXIT, en font le candidat de l’alternance".

Eric Ciotti, candidat lui aussi, a fait savoir qu’entre Emmanuel Macron et Eric Zemmour, son choix se portait sur le deuxième. Une réaction ? 

"La question est virtuelle : ni Macron ni Zemmour ne se sont portés officiellement candidats à la présidentielle. Je n’ai donc rien à ajouter".

Le très Saône-et-Loirien, Arnaud Montebourg, qui annonce sa candidature à la présidentielle. Qu’est-ce que ça vous inspire ? 

L’élection présidentielle suscite toujours les appétits.  Arnaud Montebourg souhaite revenir en politique alors qu’il avait bifurqué vers d’autres activités. C’est son choix et son droit. On verra s’il réussit sa propre « remontada » !

Extension du pass sanitaire au-delà du 15 novembre, vaccination obligatoire, vaccination des enfants, comment vous positionnez-vous sur le sujet ? 

"J’étais déjà très sceptique quant à la mise en œuvre du pass sanitaire et de son efficacité. Décider aujourd’hui sa prorogation alors que nous constatons au cours de ces derniers mois une évolution en dents de scie de la situation sanitaire me semble inopportun, d’autant plus que le pass sanitaire est le moyen qu’a trouvé le Gouvernement pour ne pas assumer sa décision de rendre la vaccination obligatoire. Je pense surtout qu’il faut donner une lueur d’espoir, évoquer une sortie de crise. Les Français et Françaises sont sous pression depuis 18 mois.  La santé psychique de beaucoup d’entre eux a été affectée et ce ne sont pas les perspectives d’une troisième vaccination qui va les rassurer".

"Quant à la vaccination des enfants, c’est un sujet extrêmement grave sur lequel il est très difficile de se prononcer faute d’études scientifiques. J’attends les résultats des essais cliniques en cours dans plusieurs laboratoires, évaluant l'innocuité et l'efficacité de ces vaccins pour me prononcer en toute connaissance de cause".

Il y a quelques jours, Eric Dupont-Moretti s’est rendu sur votre circonscription, vous étiez au courant ? 

"Un peu surprise à la fois par le manque de courtoisie républicaine qui aurait voulu que je fusse au moins avisée de la venue du Garde des sceaux à Genouilly et amusée par le fait que mon collègue Raphaël Gauvain n’ait pas été en mesure de trouver une commune de sa circonscription prête à accueillir cette manifestation avec Monsieur Dupont-Moretti. Mais peut-être ne connaît-il pas, à quelques mois de la fin de son mandat, les contours de sa circonscription, la 5e de Saône-et-Loire ?"

Quel bilan faites-vous du mandat d’Emmanuel Macron alors que les organisations patronales saluent le soutien gouvernemental ?

"Je reconnais avec les partenaires sociaux, les organisations patronales que les dispositifs d’aides qui ont été mis en place pour soutenir les entreprises, les indépendants et les salariés ont été, à l’exception de quelques situations dont je suis saisie, au rendez-vous.

Mais pour le reste, quid de l’endettement, la sécurité, de la réforme des retraites, de la fracture territoriale ? Beaucoup de paroles, d’envolées lyriques pour bien peu de résultats sur le terrain.  

On ne peut pas limiter le bilan du quinquennat Macron aux seules mesures d’urgence prises dans le cadre de la crise sanitaire.  

Au terme de cette mandature, c’est une France fracturée, plus désunie que jamais, avec l’exercice du pouvoir concentré entre les mains d’une technocratie faisant fi des élus locaux, des corps intermédiaires et d’une majorité de Français".