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La découverte d'une fosse commune au Liban permet d'en savoir plus sur la guerre pendant les Croisades

Par Karim BOUAKLINE-VENEGAS AL GHARNATI

Publié le 22 Septembre 2021 à 17h50

La découverte d'une fosse commune au Liban permet d'en savoir plus sur la guerre pendant les Croisades

La récente découverte d'une fosse commune près du Château Saint-Louis à Saïda (Sidon), au Liban, a permis d'apporter un éclairage nouveau sur la vie et la mort des soldats pendant les Croisades au 13ème siècle. Plus de détails avec Info Chalon.

De nombreuses fouilles ont déjà eu lieu dans des cimetières datant de la période des Croisades, aussi bien en Europe et au Moyen-Orient. Mais rares sont les recherches qui ont porté sur l'étude de fosses communes.


Dans une nouvelle étude publiée dans PLoS ONE, une équipe de chercheurs internationaux a justement détaillé les résultats des analyses menées sur des restes de squelettes humains excavés près du Château Saint-Louis à Saïda (Sidon), dans le Sud du Liban


Ce château est également appelé Château de la Terre ou Qalaat al Mu'izz, en référence au souverain fatimide Al-Mu'izz li-Din Allah qui a ordonné sa construction au 10ème siècle.


Ces fouilles ont été riches d'enseignement pour les chercheurs, notamment sur les blessures infligés aux soldats et le traitement des morts, les caractéristiques démographiques des Croisés mais aussi les tactiques d'armement.


«Tant de milliers de personnes sont mortes de tous les côtés pendant les croisades, pourtant il est incroyablement rare que les archéologues trouvent les soldats tués dans ces célèbres batailles. Les blessures sur leurs corps nous permettent de commencer à comprendre l'horrible réalité de la guerre médiévale», explique le Dr. Piers Mitchell de l'Université de Cambridge.


Les restes humains exhumés lors des fouilles réalisées aux abords du château de Sidon ont été identifiés comme appartenant à des croisés en raison de la présence dans les tombes d'une pièce de monnaie et de boucles de ceinture à l'esthétique typiquement européenne. 


Des présomptions confirmés par des analyses ADN et d'isotopes des dents des squelettes qui ont montré que les défunts étaient soit des hommes nés en Europe soit des descendants de colons croisés qui s'étaient mariés avec des femmes appartenant à la population locale, ceux qui étaient appelés les Poulains.


Grâce à la datation au radiocarbone, les chercheurs estiment que ces soldats sont probablement décédés lors des batailles de 1253 ou 1260. La première date correspond à la campagne menée par Saint-Louis en Terre Sainte et la deuxième au siège de la ville par les Mongols sous la houlette de Hulagu, le petit-fils de Genghis Khan.


«Tous les corps étaient ceux d'adolescents ou d'adultes de sexe masculin, ce qui indique qu'il s'agissait de combattants ayant participé à la bataille lors de l'attaque de Sidon. Lorsque nous avons trouvé autant de blessures d'armes sur les os en les fouillant, j'ai su que nous avions fait une découverte spéciale», détaille Dr. Richard Mikulski, de l'Université de Bournemouth.


L'étude des squelettes a montré que les défunts avaient pour l'essentiel reçu des blessures dans le dos, ce qui pourrait indiquer qu'ils sont été abattus alors qu'ils tentaient de fuir. D'autres hommes présentaient des blessures à l'épée dans le cou, ils s'agissait donc probablement de soldats captifs exécutés par décapitation. 


Des observations qui n'ont pu être réalisées qu'au prix d'un travail colossal.


«Distinguer autant de corps et de parties de corps mélangés a demandé une énorme quantité de travail, mais nous avons finalement pu les séparer et examiner le modèle de blessures qu'ils avaient subi», explique le Dr. Martin Smith de l'Université de Bournemouth.


Mais ces fouilles ont également permis d'en savoir plus sur le traitement des morts qui auraient subi un sort particulier


«La façon dont les parties du corps étaient positionnées suggère qu'on les avait laissées se décomposer à la surface avant de les laisser tomber dans une fosse quelque temps plus tard. La carbonisation de certains os suggère qu'ils ont utilisé le feu pour brûler certains des corps», détaille également le scientifique.

(Crédits photos : © BNF/Claude Doumet-Serhal)

 

 


Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati