Culture

L'univers sombre et fantomatique de Poltergeist révélé dans son premier album, Kämpfer LP

Par Karim BOUAKLINE-VENEGAS AL GHARNATI

Publié le 12 Juillet 2022 à 16h00

L'univers sombre et fantomatique de Poltergeist révélé dans son premier album, Kämpfer LP

Entre ses synthés frénétiques qui grattent, ses vagues envoûtantes, son ambiance obscure, grinçante et spectrale, un album implacable qui marque le début de l'ère Poltergeist. Plus de détails avec Info Chalon.

Par une nuit sans lune, dans une pièce sombre, devant un miroir éclairé à la chandelle, prononcez «Poltergeist» dix fois de suite et un visage de jeune homme inquiétant apparaîtra dans le reflet du miroir.

Le miroir qui fait le lien entre les deux mondes: le nôtre et celui de l'Au-delà, où se côtoient la magie et les morts.

Un peu comme une légende urbaine qui nous a tous fait frissonner, le soir autour du feu de camp, avec son aura glacée et mystérieuse, Poltergeist, et son étrange pouvoir d'attraction, toise du regard une humanité peu respectueuse de la nature qui l'abrite et qui court à sa perte. 

Mais comme il est dit dans «La Grande Dame», l'un de ses deux titres phare, avec «Ich bin ein Kämpfer», de Kämpfer LP, son premier album disponible depuis le 1er juillet dans toutes les bonnes crémeries : «La repentance est envisageable».

Si le Châtenoyen n'est pas à son premier coup d'essai, il s'agit là de son premier long format, signé chez Clivage Music, une division du label Citizen Records principalement destinée aux artistes expérimentaux de la trempe de Poltergeist, Ari Girard de son vrai nom, et dirigée par Vitalic, la grande figure de la musique électronique depuis plus de 20 ans qu'on ne présente plus.

Dix fois comme les dix pistes qui composent cet album.

C'est à L'Atelier Store, le bar branché du 61, Rue aux Fèvres, qu'il nous a donné rendez-vous pour nous en dire plus.

Tout d'abord, avant de s'attaquer à la substantifique moelle de ce Kämpfer LP un must have* pour tout mélomane averti, revenons sur les courants musicaux qui ont inspiré le jeune homme.

Vous êtes prévenus, car en parfait boulimique de musique qu'il est, côté influences, il y a de quoi faire !

Du rock underground et l'électro-allemande, à la musique industrielle et au punk en passant par la coldwave, on y retrouve pêle-mêle des groupes et artistes comme Kraftwerk, Deutsch-Amerikanische Freundschaft (D.A.F), Crash Course in Science, Lou Reed, Joy Division, New Order, Talking Heads, The Cure, Mansfield.TYA, Can, Depeche Mode, Nine Inch Nails, Kompromat, Jeff Mills, Baxter Dury ou encore la trilogie de Bowie/Eno.

«J'écoute énormément de musique. Depuis un moment, essentiellement de l'électro, j'apprécie les projets singuliers et expérimentaux. Ça me donne envie de reproduire ce que j'écoute mais à ma sauce», précise Poltergeist.

S'il s'en inspire, s'en gargarise et plonge la tête la première dans ce kaleïdoscope sonore très étendu, ne comptez pas sur Ari pour faire dans l'imitation bon marché. Cela fait d'ailleurs belle lurette qu'il est sorti des sentiers battus, repoussant sans cesse les frontières de son univers musical pour mieux nous laisser errer dans les limbes de son paradigme.

De la première touche du synthétiseur à la sortie de l'album, il s'est écoulé un an.

«Sur le plan musical, c'était assez fluide mais quand ça veut pas, ça veut pas», précise Ari.

«J'ai toujours cette tentation à vouloir retoucher mes titres mais au bout d'un moment, il faut lâcher le bébé», concède-t-il.

Un peu à la manière d'un éternel insatisfait qu'il n'est pourtant pas, cette frustration ne le quitte jamais, même une fois l'album terminé.

«C'est vrai même-là, j'ai encore envie de les réarranger pour aller encore plus loin. Pour vous donner une idée, il a fallu six versions avant d'arriver à La Grande Dame telle que je le voulais», ajoute le Châtenoyen.

De toute façon, il n'y a plus de place pour la procastination et les énièmes versions d'un même titre puisque toutes les pistes ont été envoyées en Espagne chez Alex Ferrer, un ingénieur du son réputé et spécialisé dans le mixage et le mastering.

«C'est la première fois que j'avais l'occasion de faire mixer mes productions par quelqu'un d'autre. Ce qui m'a permis d'avoir un peu plus de recul. J'ai redécouvert mes morceaux et c'est génial ! Il a même pris certaines initiatives et j'ai beaucoup aimé. Je suis très satisfait du résultat et j'espère que le public aussi le sera», précise Ari.

D'ailleurs, pour la petite anecdote, Alex Ferrer a déjà travaillé avec Vitalic; ce dernier forme avec Rebeka Warrior, membre de Sexy Sushi et Mansfield.TYA, le duo Kompromat, trois des influences revendiquées par le jeune homme.

Mais attention, Poltergeist ne se contente pas de la sortie de l'album. Il y a aussi la scène ! 

Vendredi dernier, Ari était à la Grentze, l'équivalent Strasbourgeois de L'Abattoir. Demain, il sera à Paris, au Supersonic Club, dans le cadre du festival Restons Sérieux. 

Mais le plus gros reste à venir à la rentrée avec le Novosonic Tour, du 13 au 22 septembre à Auxerre, Nevers, Le Creusot, Mâcon et Dijon.

Poltergeist sera le 17 septembre à La Belle Électrique, à Grenoble, le 24 septembre à Besançon, dans le cadre du Détonation Festival, le 6 octobre à La Poudrière, à Belfort, le 15 octobre à La Laiterie (Strasbourg), le 4 novembre au Transbordeur (Lyon), le 12 novembre à aux Indisciplinées (Lorient), le 18 novembre au Rocher de Palmer (Bordeaux), le 19 novembre au Paloma (Nîmes), le 2 décembre à la Coopérative de Mai (Clermont-Ferrand), le 3 décembre au Bikini (Toulouse) et le 10 décembre à l'Aéronef,à Lille.

Comme vous pouvez le constatez, pas de date à Chalon-sur-Saône enfin sait-on jamais...

Il y a le résolument cold wave «La Grande Dame».

«C'est une référence à la planète Terre maltraitée, Gaïa, la Déesse-Mère mais on peut aussi y voir sa propre mère», nous explique sans ambages cet artiste touche-à-tout.

«Ich bin ein Kämpfer» («Je suis un combattant» dans la langue de Goethe), lui, fait figure d'éclaireur. En effet, l'autre titre-phare est sorti en single deux mois et demi avant l'album (et un bon mois avant «La Grande Dame», histoire de «chauffer le public».

Si rien est à jeter, «Mein Reich Komme» et «Der Nachtvogel», deux titres dignes de figurer dans une playlist tendance sortent eux aussi du lot, confirmant, si besoin s'en faisait sentir, que Kämpfer LP est de ses albums qui marquent, créant un avant et un après.

Après, il est trop tard pour faire machine arrière, Poltergeist vous fait déjà face mais n'oubliez pas, «La repentance est envisageable»...

* Ce que l'on se doit de posséder.


Le CD et le vinyle de Kämpfer LP de Poltergeist est disponible en boutique chez Sympathy for The Vinyl, 12 rue des Poulets, à Chalon-sur-Saône, et à la Disquerie,54 Rue Franche, à Mâcon, et en ligne à la FNAC, chez Cultura, Balades Sonores, chez BigWax mais aussi à l'étranger chez BestBuy ou Tower Records, pour ne citer qu'eux.

Mes remerciements tout particuliers à Adrien Guitton, Lou «Psycho Cat» de LaMif/ François Preira et Émilie Schwab de L'Atelier Store

(Crédits photos : © PschoKatZ, à l'exception de la photo de Une et celles où Ari tient le vinyle)

 


Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati