Opinion

"La retraite est un choix de société pas un problème comptable"

"La retraite est un choix de société pas un problème comptable"

Un mouvement social de grande ampleur, comme celui d’aujourd’hui sur les retraites, ne se contente pas d’aligner des chiffres contre des chiffres, il porte en lui de très fortes aspirations à plus de reconnaissance, plus de dignité, plus de justice. 

 


A ceux qui prétendent que, sans réforme, ce serait la fin de notre système de retraite, voire pire la faillite de l’Etat, nous pouvons répondre qu’ils sont les acteurs et chroniqueurs d’une politique injuste à la solde de grands groupes financiers français et étrangers, ayant une importance décisive sur les marchés financiers, et de propriétaires de fonds de pension, exigeant toujours plus de rentabilité alors qu’ils bénéficient d’avantages fiscaux conséquents. 

 


En réalité, l’injustice est totale. Les grands perdants de cette réforme sont celles et ceux qui naissent dans des logements sociaux ou des zones rurales exsangues, qui subissent une éducation dite prioritaire mais à mille lieues des standards adoptés pour d’autres, qui travaillent durement toute leur vie, qui arrivent le plus souvent cassés ou malades à l’âge de la retraite, sans pouvoir s’offrir la moindre parcelle de gratification. 

 


De nombreux économistes, des Prix Nobel se sont déclarés contre l’injustice de cette réforme. La question des finances peut toujours être réglée par un meilleur partage de la valeur ajoutée du travail et des richesses produites. C’est une tromperie purement égoïste et hypocrite de prétendre le contraire. Avec leur arrogance et leur morgue, le chef de l’Etat, les ministres, leurs contemplateurs et leurs alliés tentent de faire croire, avec « pédagogie » , comme ils osent dire, qu’il n’y aurait pas d’autre solution qu’une réforme dure et qu’il faut tenir, tenir, et encore tenir contre celles et ceux qui veulent relever la tête.

 


Leurs discours et leurs comportements sont imprégnés d’un fort mépris élitiste et d’une absence totale de réparer l’ascenseur social dont ils ont programmé l’obsolescence. Leur volonté est d’installer un système standardisé aux normes européennes (sinon, pourquoi sans cesse se comparer à d’autres) et plus largement de réduire à néant les droits et les acquis historiques du mouvement social français. Ils oublient tout simplement notre histoire.

 


D’ores et déjà, il y a eu ces mobilisations extraordinaires des 19 et 31 janvier. La force de notre pays est dans cette mobilisation. Comme l’affirmait Paul Eluard : «  Ils n’étaient que quelques-uns, sur toute la terre, chacun se croyait seul, ils furent foule soudain ». Ne baissons jamais la tête. 

 


Lucien Matron

Ancien élu municipal

Militant associatif et sportif