Opinion de gauche
"Les plus riches se gavent, les plus pauvres se saignent" pour le NPA Saône et Loire
Publié le 10 Février 2023 à 18h42
Des milliards à en perdre la tête. Les unes après les autres, les grandes entreprises françaises publient en ce moment leurs résultats comptables de l'année 2022. Mardi 7 février, en pleine journée de mobilisation contre la réforme des retraites, BNP Paribas annonçait ainsi un bénéfice net record de 10,2 milliards d'euros. 7 % de mieux que l'année dernière, déjà record pour la plus grande banque européenne. Et cela devrait durer. Le géant bancaire prévoit une croissance moyenne de son bénéfice de 9 % par an jusqu'en 2025. Ce mercredi, c'est au tour de TotalEnergies de dévoiler un bénéfice net de 20,5 milliards de dollars, soit 4,5 milliards de plus qu'en 2021. En janvier, LVH (produits de luxe) et Vinci (BTP, Autoroutes..) ont publié elles aussi des bénéfices considérables (respectivement 14 et 5 mds).
On pourrait se féliciter de la réussite éclatante de ces "grandes entreprises françaises". Mais ce serait oublier que ces “fleurons” du CAC 40 dédaignent toute idée de partage, de solidarité. Ce serait oublier que, le jour même de la publication de ses résultats colossaux, plusieurs sources syndicales indiquaient que BNP Paribas projetait de supprimer 921 postes. De son côté TotalEnergies s'en est mis plein les poches quand les consommateurs se sont ruinés à la pompe. Le pétrolier a profité à plein de l'explosion des cours du pétrole et du gaz – liés à la reprise économique post-Covid et à la guerre en Ukraine – sans que ces « surprofits » ne soient taxés par le gouvernement français. Au passage, il est bon de préciser que ce géant du pétrole a reçu plus d'argent public ces dix dernières années qu'il n'a payé d'impôts en France.
Mais, à écouter le gouvernement, il ne faudrait pas taxer ces profits parce que ces entreprises en aurait besoin pour investir. Sauf que le capitalisme est viscéralement obsédé par les profits. Alors que le taux de profit des grands groupes a progressé de manière constante en Europe et aux États-Unis, le taux d'investissement de ces entreprises baisse inexorablement.
Alors où part l'argent ? Beaucoup aux actionnaires
Au total, en 2022, les actionnaires du CAC 40 ont perçu un retour de 80 milliards d'euros (15 % de plus que l'année dernière). Rappelons que ces fameux actionnaires sont d'abord de grands groupes financiers et les familles qui détiennent les plus grosses entreprises.
Par ailleurs, ces multinationales acquièrent aussi des biens immobiliers et rachètent d'autres entreprises. Un mécanisme qui conduit à aggraver encore plus les inégalités de patrimoine. Le patrimoine des 1 % les plus riches ne cesse de grossir. Ils détiennent 25 % du patrimoine national.
En fait, de l'aveu même d'économistes libéraux, les grands groupes utilisent leurs profits gigantesques pour enrichir les plus riches. Et non pas pour investir dans l'économie, ce qui pourrait éventuellement ruisseler vers le reste de la population, même s'il est permis de douter de cette théorie. En clair, les riches font sécession, et ce ne sont pas des gauchistes qui le disent.
Face à cela, même Joe Biden tente de réagir. Le président américain entend mettre en place une « taxe minimale » sur les milliardaires, jugeant « scandaleux » les gigantesques bénéfices des compagnies pétrolières. Pendant ce temps, Emmanuel Macron et son gouvernement continuent à vouloir faire peser l'essentiel de l'effort sur les travailleur(se)s. La réforme des retraites en est l'exemple le plus éclatant, et aussi le plus amer.
Alors que faire ?
Des bénéfices qui font tourner la tête et qui nous semblent inconcevables après 40 années de crise, d'austérité. Des sacrifices auxquels on voudrait nous condamner à perpétuité. Pour cela, la même logorrhée nous est inlassablement martelée : le ministre du budget, Gabriel Atal, s'époumonait hier à l'Assemblée Nationale pour nous faire admettre que la France courrait à la faillite si la réforme des retraites était abandonnée. C'est la France d'en bas qui doit payer la note pour compenser les dizaines de milliards accordés aux grandes multinationales sans contrepartie. Des cadeaux fiscaux qui creusent les déficits publics que l'on met sur le dos des travailleur(se)s qui touchent trop d'allocations (chômage, RSA...), de retraite ou qui sont bien trop fainéant(es).
Non, ce monde ne tourne vraiment pas rond. Alain Krivine, figure historique de mai 68 et de la gauche radicale, osait penser que "Faire la Révolution, c'est remettre à l'endroit une société qui marche à l'envers". Avant d'atteindre le point de non retour, nous n'avons d'autre choix que de lutter ensemble pour rétablir de vrais équilibres, en traçant peut-être le chemin d'une nouvelle Révolution. Ce 11 février descendons massivement dans la rue, pour vaincre nos renoncements passés, notre intenable résignation, pour ne rien regretter et retrouver très vite le goût de la victoire.
NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) 71.
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