Chalon sur Saône

Le rock à la puissance de feu ? Yarol Poupaud en a fait son affaire les doigts dans le nez…

Le rock à la puissance de feu ? Yarol Poupaud en a fait son affaire les doigts dans le nez…

Donner les clés de « La nuit du rock » à Yarol Poupaud en s’en remettant les yeux fermés à sa science consommée de la culture adéquate ne pouvait qu’être une bonne pioche. L’homme a répondu présent, et pas qu’un peu ! Ce samedi 15 avril à Chalon-sur-Saône, salle Marcel-Sembat, le rock avait de qui tenir.

Du Johnny, mais sans plus

Si l’on se base uniquement sur l’ordre chronologique des choses, Yarol Poupaud  fut durant les six dernières années du Taulier Johnny, guitariste et directeur musical au sein de son orchestre. Cependant, le réduire uniquement à ce pan de sa carrière serait une pure hérésie, tant l’artiste s’est investi dans nombre de cases autres. Au vu de la configuration de la soirée, les adorateurs d’Hallyday qui partaient initialement la fleur au fusil en auront été pour leurs frais. « Elle est terrible », « Hey Joe », « Fils de personne »…fermez le ban, c’est à peu près tout ce que les disciples ont eu à se mettre sous la dent. S’ils ont été réduits à la portion congrue, ce fut bien entendu à leur corps défendant. Pour autant, on n’affirmera pas qu’il y eut une dépréciation du contenu du spectacle. Que nenni ! Sachez toutefois que l’ex-accompagnateur de l’idole des jeunes  a remis dans le circuit en 2022 un album consacré à douze des titres du regretté chanteur. Comme quoi…

 

La prise de pouvoir de la guitare

En artiste accompli depuis des lustres, Yarol Poupaud a plus d’un tour dans son sac et ne manque pas de ressources. A Chalon, même si le lieu de concert méritait une assistance davantage fournie, celles et ceux qui, debout dans la fosse, ou confortablement assis au balcon, furent au diapason avec le personnage principal, pour une teuf mémorable. D’ailleurs ce dernier avait, de par son mot d’ordre d’entrée de jeu, donné le ton : »On est là pour s’éclater surtout ! » Ce ne furent pas des paroles en l’air, mais une simple exhortation au vivre-ensemble bâti sur de solides fondations. A vrai dire le show a été de haute volée et d’une rare intensité, escorté par du gros son. Pourvoyeur d’un premier album solo en 2019 dénommé « Yarol », d’un second ensuite en 2021 (« Hot Like Dynamite ») le protagoniste devait donner autour de lui du grain à moudre et une belle marge de manœuvre. Par le biais du chant, à une écrasante majorité inféodé à l’anglais. Et comme le quinquagénaire ne se contente pas d’énoncer verbalement, il a prié sa chère et tendre (ou plutôt ses chères et tendres) guitare(s) de lui être d’un précieux recours. Comme un sixième sens tant il fait corps avec elle(s) ! Des sonorités surnaturelles s’en échappent, un flux de distorsions, également. Le musicien est en transe, comme possédé, il sue sang et eau, ses rythmes sont trépidants, entêtants, les cris stridents des cordes, savamment rendues dociles. Le temps suspend son vol…

 

Un groupe aux vertus étourdissantes

Yarol, dans un instant de participation massive, n’a pas hésité à descendre dans la fosse et à tirer le meilleur parti de son instrument, entouré de près par des fêtards qui n’en croyaient pas leurs yeux ! Autrement, sur la piste d’évolution le musicos était encerclé par des alter egos à la redoutable efficacité : l’un est guitariste, l’autre, bassiste, et enfin le troisième larron dompte à la force du poignet sa batterie. Selon l’adage : « Seul on va plus vite ; ensemble on va plus loin ». Tout cela –plus de deux heures qualitatives de concert, la chanteuse-guitariste Kim Melville le rejoignant pour un court laps de temps- valait bien la récompense du public, sous la forme de l’orthodoxe ban bourguignon !

 

                                                                                                                               Michel Poiriault

                                                                                                                               [email protected]