Chalon sur Saône
Un « influenceur » chalonnais condamné à 6 mois de prison pour violences sur son ex-compagne
Par Florence SAINT-ARROMAN
Publié le 29 Juin 2023 à 20h25
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« J’avais créé ma marque de vêtements mais le lancement c’était il y a deux jours... » Or il y a deux jours, il était en garde à vue au commissariat de Chalon, où dit le prévenu, « on ne m’écoutait pas vraiment ».
Et pourquoi ne l’écoutait-on pas ? « Parce qu’on avait une image de moi. » « Pas une image, non, dira maître Trajkovski : c’était des faits objectifs. » Les faits : la police, appelée tard dans la soirée du 26 juin par le service des urgences de l’hôpital de Chalon sur Saône, s’est déplacée pour prendre en charge une jeune femme qui avait reçu des soins (dont 11 points de suture) suite à des violences, et qui demandait protection parce que son agresseur était sur le parking et qu’elle avait peur.
« Influenceur »
L’agresseur est interpellé le lendemain matin, il est placé en détention provisoire le 28 et il est jugé ce jeudi 29 selon la procédure de comparution immédiate. C’est un jeune homme né en 1998 à Chalon-sur-Saône qui donne une adresse à Dubaï. C’est que les histoires d’images, il connaît bien : il est « influenceur » et s’il voulait créer sa propre marque de vêtement c’est parce que « influenceur, c’est pas toujours bien vu ».
30 jours d’ITT
Loin des images, revenons aux faits : suite à une scène bien violente entre conjoints –, la victime a d’abord 10 jours d’ITT, puis un légiste en fixera 30, et 30, c’est beaucoup. La femme a des lésions, des bleus, sur tout le côté droit, un peu sur le bras gauche, à la tête, sur le cuir chevelu, et une blessure au tibia provoquée par un morceau de métal (jet d’un radiateur d’appoint qui s’est cassé), une marque de strangulation.
L’adresse à Dubaï ? Il y va parfois « en vacances »
Ce qui est beaucoup, également, aux yeux d’Alexandre Marey, substitut du procureur, c’est le nombre de logements dont dit disposer le prévenu. Ce point titillait également la présidente Catala qui aurait bien voulu savoir, soit pour la bonne tenue du dossier, soit pour envisager la possibilité d’une peine aménagée, où loge exactement le prévenu. Nulle part et partout si on en croit ce dernier, mais nulle part et partout n’est pas une réponse satisfaisante pour un tribunal surtout quand on dit gagner environ 3000 euros par mois et qu’on donne une adresse aux Émirats arabes unis, pour finir par reconnaître y passer quelques vacances « quand c’est possible ».
De contradictions en « inepties »
Ce point nébuleux illustre bien l’ensemble de ce que l’homme a renvoyé aux juges pendant l’audience, que Malinka Trajkovski résume ainsi : « Je n’ai pas compris un traître mot de ce qu’il a dit », « quand j’entends ses inepties ». Les propos de l’influenceur semblent constamment s’adapter ou chercher à s’adapter, aux circonstances, aux éléments du dossier que la présidente rend publics sans qu’il s’y attende et alors il se fait coincer, à l’endroit de sa position à l’égard de la mère de son fils, et de sa culpabilité. Il se noie dans ses contradictions mais n’en manifeste rien : s’en rend-il compte ?
« Mais elle est marquée, monsieur »
La situation est triste, derrière la lumière, si on peut appeler ça comme ça - « derrière le rideau » conviendrait mieux tant les écarts entre images publiques et images privées sont considérables, partout. La présidente ne se départit jamais de son calme. « Admettez-vous, monsieur, avoir été violent ? » Lui : « Non. Elle serait marquée, sinon. – Mais elle est marquée, monsieur. » Le témoignage de sa propre mère - « les deux étaient hystériques », « ils se jettent des objets » - aussi équilibré soit-il, ne convient évidemment pas au fils qui lance un regard noir dans la salle à l’intention de celle-ci.
« Moi, je nettoie jamais rien »
« On a l’habitude de ce genre de scène, c’est pas la première fois », dit-il encore. « Moi aussi j’ai été blessé », grommelle-t-il. Pourtant il a refusé de voir un médecin pendant sa garde à vue. Il répond : « Oui, on ne consulte pas le lendemain ! On peut se mettre des coups entretemps. » … Le domicile remis en état avant « la visite domiciliaire » de la police le 27 juin ? Le prévenu est catégorique : « Moi, j’ai pas nettoyé : je nettoie jamais rien. »
Quand l’intimité s’expose, ça fait mal
La jeune femme et lui se connaissent depuis l’enfance. Elle dit qu’ils sont ensemble depuis 10 ans, ce qui fait démarrer leur histoire à l’adolescence. Pourquoi pas. Sauf que le prévenu, « exposé médiatiquement » explique maître Marceau pour sa défense, « a eu une relation intime (et suivie puisqu’elle vit sa vie sur la toile, ndla) avec quelqu’un qui est dans le même milieu que lui ». La jeune chalonnaise en a été blessée, elle qui met au monde un enfant il y a 4 mois.
Signalement à la CRIP*
C’est compliqué tout ça : lui et cette fille étaient ensemble, il l’a quittée pour une autre, elle se trouvait enceinte, elle a accouché, seule. Il ne vit plus dans la maison commune (mais dit au tribunal : « On va être très clair, de base je vis dans cette maison » - pas fiable), mais se rend disponible, dit-il, « pour mon fils ». Fils dont la mère serait bien peu équilibrée, à faire des crises, à se frapper elle-même (elle a reconnu s’être cognée la tête avec un vase). Ce fils est son seul enfant. Le parquet a fait un signalement à la CRIP, « on verra ce que dit l’enquête sociale », dit le procureur.
Des revenus et du flou
Lequel procureur n’aime guère ne pas savoir exactement d’où le prévenu tire ses revenus. Celui-ci explique être « affilié avec Snapchat, je suis payé par une société ». Maître Trajkovski, elle, n’aime pas que sa cliente soit allée s’excuser auprès de monsieur, après les faits. Qu’est-ce que c’est que cette relation ? L’avocate demande une interdiction de contact et de paraître à son domicile, « pour la protéger ». Le procureur requiert cette interdiction, dans le cadre d’un sursis probatoire. Il demande une peine de 18 mois de prison dont 10 seraient assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans, avec maintien en détention pour la partie ferme.
« Elle semble tout aussi perdue que lui »
« Madame a tout sacrifié pour monsieur, mais tout n’est pas si manichéen », plaide Julien Marceau qui veut convaincre le tribunal que certes monsieur a été violent, mais que madame l’est aussi, et contre elle-même : « Elle semble tout aussi perdue que lui. Monsieur est exposé médiatiquement et cette femme l’est aussi, comme cocue, ce qui peut légitimer sa souffrance. » L’avocat plaide contre l’incarcération : c’est un primo-délinquant, il est en détention provisoire depuis hier donc le choc carcéral a fait effet, etc. « C’est une famille qu’il faut surveiller, c’est vrai. »
Deux jeunes adultes fragiles et un bébé qui a peut-être déjà besoin de protection
C’est le fond du dossier : derrière l’exploitation médiatique (mais exclusivement des médias qui ne vivent que de ces ragots et mises en scène au parfum de téléréalité), vivent deux jeunes adultes fragiles, « perdus », et un bébé tout petit qui a peut-être déjà besoin de protection.
6 mois ferme et deux ans sous main de justice
Le tribunal déclare le prévenu coupable, le condamne à la peine de 12 mois de prison dont 6 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans, avec obligation de travailler et d’en justifier, obligation de fixer sa résidence à Dijon chez monsieur X (un ami), suivre un stage de sensibilisation aux violences intrafamiliales et sexistes, et interdiction de tout contact avec la victime, ainsi que de venir chez elle, où qu’elle réside. Toutes des mesures prennent effet immédiatement car le tribunal aménage ab initio la partie ferme en détention à domicile sous surveillance électronique (DDSE).
Le prévenu qui clamait son innocence semble content de cette décision, il fait signe aux siens de venir le récupérer à la sortie du centre pénitentiaire.
FSA
* CRIP : https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/2011_guideprat_cellule_depart.pdf



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