Saône et Loire

La Fédésap, fédération des services à la personne, tire la sonnette d'alarme sur un avenir bien inquiétant

La Fédésap, fédération des services à la personne, tire la sonnette d'alarme sur un avenir bien inquiétant

En déplacement en Saône et Loire, Julien Jourdan, Directeur Général de la Fédésap était accompagné de Frank Nataf, Président national de la Fédération. L'occasion pour le binôme de sensibiliser les acteurs publics sur le mur auquel sont confrontés les acteurs de la filière.

Alors que le Projet de loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour l’année 2024 est entré  en discussion  à la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, la Fédésap pointe déjà les faux-semblants et le manque de hauteur des acteurs publics face à un sujet pourtant essentiel à la vie de nos territoires. Tout le monde est convaincu qu'il faut à tout prix accroÎtre le maintien à domicile des personnes les plus âgées mais faut-il encore mettre les moyens sur la table. Et c'est bien là que le bât blesse. 

L'événement était organisé par Catherine Brussier et Isabelle Fleury, déléguées départementale de la Fédésap, en présence des parlementaires Louis Margueritte et Josiane Corneloup, ou de l'assistante parlementaire de Rémy Rebeyrotte, mais aussi de Claude Cannet - Vice Présidente du Conseil départemental de Saône et Loire. C'est une étude levant le voile sur les problématiques du vieillissement accéléré de nos populations qui a été posée sur la table. Des réalités chiffrées et prouvées scientifiquement qui montre l'état de déliquescence dans lequel plonge la France au fil des années. Même si le gouvernement ou les acteurs publics locaux multiplient les annonces pour démontrer que le sujet est pris à bras le corps, la réalité des faits portée par la Fédésap est tout autre. Un sujet sur lequel, Michel Lagneau, pour le compte du CCAS de Varennes le Grand, a été invité à partager son avis, déplorant "les cadeaux fiscaux faits par l'entremise du crédit impôt recherche à des grands groupes qui licencient" alors "qu'ici on crée des emplois non délocalisables et créateurs de recettes fiscales". 

Une analyse sociologique particulièrement éloquente qui montre le défi auquel nous sommes tous confrontés puisque les prochaines décennies vont même amplifier une réalité à laquelle nous faisons déjà face. 

Le secteur de l'aide à domicile créateur de richesses pour l'Etat

Là encore, c'est chiffres à l'appui que Frank Nataf, Président national de la Fédésap, a argumenté auprès des parlementaires, et notamment Louis Margueritte, très sensible aux questions du financement des politiques publiques. La démonstration a été faite que bien plus qu'une niche fiscale profitant à quelques-uns, les services d'aides à la personne constituent une vraie création d'emplois, mais surtout génèrent des recettes pour l'Etat. Pour un euro concédé par l'Etat, la création de recette nette a été établie. Un état de fait qui déconcerte du coup les acteurs de la filière considérant que l'Etat n'est pas au rendez-vous, ni du côté du défi qui s'impose à lui, ni même du côté des recettes fiscales. Une incompréhension totale à laquelle se heurtent les professionnels du secteur. 

Pour le directeur général intérrogé par info-chalon.com, cela va même plus loin. "On demande une vraie reconnaissance du métier d'aide à domicile, avec la mise en place d'une carte professionnelle qui permette aux salariés d'être reconnus comme tels. C'est peut-être symbolique et une initiative évaluée à une dizaine de millions d'euros, mais qu'est ce que ça représente face à la somme colossale que représente le secteur de l'aide à domicile ?". "Ce PLFSS ne contient, concernant le domicile, aucune mesure nouvelle et ne vient qu’accompagner la montée en charge des mesures votées dans le précédent PLFSS" rajoute Julien Jourdan, agacé de devoir prêcher dans le désert face à des décideurs qui ne mesurent pas l'urgence.

Louis Margueritte s'est engagé sur la question du maintien des déductions fiscales en l'état, rassurant quelque peu la Fédésap, mais si elle espère une vraie revalorisation pour les dispositifs de soutien à l'aide à domicile.

On ne compte plus le nombre de structures d'aides à la personne qui sont confrontées à des difficultés structurelles et financières. Un paradoxe quand on sait l'importance des aides à domicile dans le maintien de la dignité humaine et surtout dans le ralentissement à l'entrée en Ehpad, qui seraient d'ailleurs bien incapables d'accueillir toutes les sollicitations en cas de défection des dispositifs d'aide à domicile.

La Fédésap a insisté auprès des parlementaires que chacun comprenne que les services d'aides à domicile n'étaient pas en capacité d'absorber des décisions gouvernementales sans des revalorisations. "On n'est plus au stade d'arriver dans le mure... on est en plein dedans" a rajouté Julien Jourdan. 

 

Laurent Guillaumé