Opinion de droite
"Imposons enfin des prix d’achat des productions agricoles dignes" pour Charles Landre
Publié le 05 Février 2024 à 18h05

Les manifestations agricoles ont débouché sur des mesures censées calmer la colère. Il s’est agi, comme souvent, de débloquer des fonds en urgence, d’annoncer des contrôles pour faire respecter des lois existantes, de dire qu’on lutterait contre des traités de libre échanges qui se multiplient ou qu’on reviendrait sur des mesures anti pesticides… Autant de décisions prises à la hâte qui n’envisagent malheureusement pas la question centrale du revenu agricole.
Or, sans revenu, mépris pour ceux qui produisent aujourd’hui, pas d’avenir pour ceux qui souhaitent s’installer et fin annoncée de la souveraineté alimentaire de la France. S’il n’est jamais trop tard il faut enfin avoir le courage de remettre à plat le modèle agricole Français et de prendre une décision simple : faire de l’agriculture française une priorité nationale.
Si les agricultures en France ne rencontrent évidemment pas toutes les mêmes réalités, selon l’Insee, 15 % des agriculteurs non salariés déclarent un revenu nul ou déficitaire et un sur cinq bénéficie du micro-bénéfice agricole. Ceux-là gagnent en moyenne 670 euros par mois en 2021 et 18 % ont un revenu qui les situe sous le seuil de pauvreté.
En Bourgogne, ces disparités sont parfaitement illustrées entre les productions viticoles de la côte de Nuits et l’élevage de l’ouest de la Saône-et-Loire ou de la Nièvre. Pour un revenu médian est de l’ordre de 1.035 euros par mois, pour 70 heures de travail, le niveau de vie moyen des ménages (avec revenu du conjoint) le plus faible concerne l’élevage de bovins à viande, avec un niveau de vie médian de 18.420 euros, en 2018 (INSEE). Quant au taux de pauvreté, il est de 25,1 % chez les éleveurs de bovins destinés à la viande, 10 point au dessus de la moyenne nationale.
Outre le niveau des charges et la nécessaire réforme de la retraite agricole qui (comme pour tous les actifs) doit être enfin garantie au SMIC pour une vie de cotisation (actuellement 864 euros bruts mensuels, 1269 euros bruts avec complémentaire pour les chefs d’exploitation, 1194 euros bruts pour les salariés agricoles à pension complète – source Mutuelle Sociale Agricole), c’est bien le problème du partage de la valeur créée auquel il faut oser s’attaquer.
Or dans un monde où l’Observatoire de la formation des marges et des prix des produits alimentaires relevait que sur 100 euros de dépenses alimentaires, 7 euros seulement reviennent à l’agriculture et où la concentration des acheteurs institue des situations de quasi monopole, la liberté totale de fixation des prix par les industriels et distributeurs a vécu.
Si la Loi EGALIM avait l’ambition du revenu digne, nous en sommes loin. Pour exemple, sur les bovins à Viande, malgré des prix historiquement hauts, la différence entre le prix de revient et le prix de vente au marché (FranceAgriMer) est de 1,16 €/kg en juin 2023. Ces derniers jours les producteurs de lait constatent eux aussi que LACTALIS propose 20 centimes de moins au litre que le coût de revient des producteurs. Une situation insensée.
Si la vente à perte est interdite en France depuis 1963, renforcée par la loi GALLAND du 1er juillet 1996, elle se pratique tous les jours au détriment des productions agricoles. Et nous regardons ailleurs.
Il est temps d’imposer par la loi, de façon très claire, l’interdiction d’achat en dessous des coûts de revient. Charge au reste des filières de distribution et de transformation de rogner leurs marges !
Pour des raisons politiquement incompréhensibles, si ce n’est la défense des intérêts financiers des géants du secteur, personne ou presque ne défend cette mesure simple. Certains proposent un revenu minimum garanti par l’État pour l’agriculteur. Mais ça n’est pas à l’État à engager de l’argent public pour compenser l’indignité des prix d’achat des consortiums d’achats de l’agroalimentaire et de la grande distribution ! Ni de faire des agriculteurs, qui sont les entrepreneurs ruraux qui façonnent nos paysages, des salariés de fait d’un État qui leur impose toujours plus de normes et de contraintes.
Aujourd’hui, deux agriculteurs se suicident tous les trois jours en France. Rendons-nous compte et agissons.
Alors bien sûr, d’autres mesures sont nécessaires. La fin de la folie des contrôles (existe t’il profession plus contrôlée en France ?), qui contraignent les exploitants à passer leur temps à justifier de leur travail et à investir en permanence pour respecter ces exigences. La réforme de la Politique Agricole Commune pour qu’elle redevienne une politique d’aide aux filières et d’accompagnement conjoncturel et non plus un système d’aide conditionnée à des contraintes nouvelles. Enfin, que la politique agricole européenne, revienne à la préférence communautaire pour plus de contrôles aux frontières et l’arrêt de la multiplication des accords de libre-échange. Ce seront, espérons le, des bases nécessaire aux débats et aux votes du mois de juin prochain.
Mais commençons par faire en sorte, en France, que les producteurs ne soient plus écrasés par des prix indignes. Lorsque ce premier pas aura été franchi par une mesure simple sur les prix, une refonte total du modèle agricole sera possible. Elle est urgente. Parce que l’avenir de l’agriculture Française conditionne l’avenir de la France.
Charles Landre



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