Société

L'ANIL pointe les carences de l'aide à la rénovation énergétique

L'ANIL pointe les carences de l'aide à la rénovation énergétique

Alors que la rénovation énergétique est au cœur des politiques publiques en matière d'habitat, l'Agence nationale pour l'information sur le logement (Anil) a réalisé une enquête complète pour évaluer l'intérêt à agir des ménages. Décryptage.

Les sondages et enquêtes divers sur la rénovation énergétique abondent depuis quelques années ! Il faut dire que l'amélioration du parc de logement est la priorité de l'État puisqu'il s'agit de l'un des piliers essentiels de la transition écologique. Entre une ribambelle d'aides et une législation de plus en plus stricte, tout est fait pour inciter les particuliers à passer à l'acte. S'il est urgent d'agir, rien n'est toutefois possible sans un réel engouement des ménages. Afin d'évaluer l'intérêt des citoyens et leur ressenti vis-à-vis de ces enjeux, l'Agence nationale pour l'information sur le logement (Anil) a conduit sa propre enquête auprès de quelque 3 000 foyers entre mai et juillet 2023, dont les résultats ont été publiés en décembre. Tour d'horizon.


LE DPE N'EST PAS UN DÉCLENCHEUR
La situation des participants confirme les données actuelles à savoir que le parc immobilier est vieillissant – une résidence sur deux du panel a été édifiée avant la première réglementation thermique – et qu'une majorité de Français sont propriétaires de leur logement (80 %).
Si 15 % des répondants déclarent résider dans une habitation classée F ou G, un taux proche de la moyenne nationale, il est plus inquiétant de constater que 36 % seulement connaissent l'étiquette énergétique de leur logement, ce qui démontre un grave manque d'information. Il faut dire que « la réalisation du diagnostic de performance énergétique (DPE) reste associée à un acte administratif,
qui porte une obligation », analyse l'Anil.


Pour autant, les participants à cette enquête s'estiment sensibilisés à la rénovation énergétique, notamment lorsqu'ils sont propriétaires occupants d'une maison individuelle (78 %). À l'inverse, « ceux qui résident en appartement se sentent moins concernés et de manière corrélée, cette sensibilité s'exprime moins en zone urbaine et parmi les locataires ».


Sans surprise, la maîtrise des coûts (46 %) est le premier outil de sensibilisation, loin devant les campagnes de communication sur le sujet (26 %). Mais alors qu'ils ont souvent les plus grands besoins, les ménages les plus modestes, ainsi que les jeunes, sont les moins sensibilisés.


PASSAGE À L'ACTE
Ce niveau de connaissances en demi-teinte n'empêche pas les Français de se lancer dans des travaux. Selon cette enquête d'opinion, 54 % du panel déclare en effet avoir déjà réalisé des rénovations, tandis que 36 % en ont l'intention. Sans surprise, les propriétaires occupants sont les plus enclins à agir et recourent à des multi-gestes (73 %) combinant isolation de toiture, changement de fenêtres et, bien souvent, l'installation d'une pompe à chaleur. Parmi les freins évoqués, le coût arrive évidemment en tête de liste, mais la peur des arnaques est également soulignée. En copropriété, c'est en général la difficulté d'obtenir un vote positif qui est bloquante (56 %). Plus globalement, l'Anil relève que « deux-tiers des copropriétaires sondés déclarent qu'aucune action n'a été réellement enclenchée au sein de leur immeuble. La copropriété apparaît comme un écosystème limitant ».


Quant aux bailleurs, 58 % n'ont entrepris aucuns travaux d'amélioration, contre 42 % qui sont passés à l'acte (31 % depuis moins de trois ans). Étonnamment, plus de la moitié ne recourt pas aux aides à la rénovation ! Méconnus, trop complexes, inadaptés ou inéligibles, les dispositifs publics sont laissés de côté. Alors que 14 % des bailleurs possèdent un logement classé F ou G – actuellement frappés d'un gel du loyer et d'une interdiction de location au-dessus de 450 kWh/m2 d'énergie finale –, 58 % pensent le rénover, contre un sur cinq qui a décidé de le vendre et 42 % encore indécis.


En définitive, « la nécessité d'un accompagnement est exprimée par les deux-tiers des personnes ayant réalisé des travaux, tant dans leur résidence principale que dans leur logement locatif, alors même que la moitié d'entre elles n'en ont pas bénéficié », ce qui confirme le caractère indispensable de l'accompagnement, qui est justement devenu obligatoire dans le cadre du dispositif MaPrimeRénov.


Julie Polizzi


L'enquête complète est à retrouver sur Anil.org.