Faits divers
ASSISES DE SAÔNE-ET-LOIRE : « Ma cousine me dit : fais quelque chose ça va finir en drame »
Par Florence SAINT-ARROMAN
Publié le 10 Avril 2024 à 06h37
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« Il me serrait le cou, il me disait, ‘tu vois, ça va vite’. » La victime est entendue ce mardi 9 avril, deuxième jour du procès du père de ses enfants qui doit répondre de tentative de meurtre sur elle, en juin 2021.
« Il me disait, ‘tu vois’ ça va vite’ », quand il esquissait un geste d’étranglement. Le 13 juin 2021 il a serré, avec une cordelette en nylon, au point qu’elle s’est évanouie. Le médecin légiste dit qu’il faut plusieurs minutes pour tuer mais que le geste de l’accusé qui a marqué le cou de la femme fut d’une grande violence, et que pour provoquer un évanouissement « il faut exercer une pression sur les carotides au moins pendant 10 secondes », rappelle la présidente à l’accusé en fin de journée.
Le genre d’histoire qui finit volontiers en féminicide
Ce 9 avril 2024 au matin, madame X, la victime, répond à toutes les questions de la Cour d’une façon plutôt déliée malgré l’émotion qui parfois l’étreint. Son récit est cohérent, y compris incluant ce qui semble si contradictoire aux yeux extérieurs, et qui pourtant est terriblement humain. « Terriblement », car il se pourrait qu’elle en ait réchappé de peu, tant ce qu’elle raconte évoque différents parcours de femmes qui elles aussi ont tenu, qui elles non plus n’ont pas compris la violence qui s’exerçait contre elles, qui se sont accrochées, toujours contrôlées, comme madame X, et qui sont mortes, tuées un jour par le mari, le conjoint, l’amoureux, ... qui on veut.
« Pourquoi n’est-elle pas partie ? »
Son récit nous évoque cette notion dont on commence à parler au niveau de la société, de « contrôle coercitif ». L’expression désigne un système de prédation qui s’installe progressivement et dont on peut repérer des marqueurs (le tracker en fait partie, montrer ses armes aussi, accorder quelques minutes de téléphone quand on l’a confisqué aussi, etc.) Cette notion s’origine dans un phénomène observé au sortir de soldats américains, prisonniers dans des camps coréens pendant la guerre du même nom : « pourquoi ont-ils collaboré avec l’ennemi ? » Appliquée aux relations de couple, une autre question est souvent posée à la femme : « pourquoi n’est-elle pas partie ? » Eh bien, un facteur décisif intervient qui consiste à installer dans l’esprit de sa victime, « le prix de sa résistance ».
17 ans de vie commune, elle n’a pas 40 ans
Ce prix, la victime ne cesse de l’évoquer, on va y venir plus loin, car certes elle était encore attachée à cet homme, certes, elle ne parvenait pas à faire le deuil de cet idéal familial vers lequel peu ou prou ils tendaient (avoir des enfants, vivre à la campagne), certes, elle n’a pas supporté qu’il lui annonce qu’il allait bientôt se marier avec une autre, alors qu’il venait de sortir de prison, fin hiver et début printemps 2021, certes, elle était paniquée à l’idée d’avoir à élever seule ses quatre enfants, mais surtout elle était contrôlée, soumise à un discours qu’il lui imposait (‘tu as été agressée, je veux te protéger’) ce qui enfermait cette femme au moins autant, si ce n’est plus, que les surveillances, tout en servant son intérêt à lui : rester en lien avec elle, coûte que coûte.
« La piscine. K. est très jaloux, très possessif »
« Pour vous qu’est-ce qui explique la dégradation de votre relation de couple ? » demande la présidente Therme à la femme. « La piscine. Ce jour-là il fait très chaud, les enfants étaient contents d’y aller. K. est très jaloux, très possessif, alors c’est pas des endroits où il aimait me voir. »
C’est donc dans un contexte déjà violent et agité que l’accusé part de l’évocation d’une histoire de maillot de bain pour construire un discours manifestement délirant. « A partir de là il n’a pas cessé d’en parler, continue la femme, de dire ‘je sais’, ‘on m’a dit’, ‘le vigile m’a dit’. »
Madame Girard-Berthet, avocat général, y reviendra, car ledit vigile a été entendu, forcément, et il a déclaré : « Dans l’après-midi j’ai vu trois individus entrer dans une douche avec une femme, je suis allé leur dire de partir. » Fin de l’histoire. Et en plus, la femme, ce n’était même pas madame X. « Monsieur (l’accusé) n’a jamais accepté de l’entendre », dit l’avocate générale.
Les germes du drame
« Et je sentais la pression monter », dit madame X. « ‘Tu m’as trompé’, ou ‘tu t’es fait agresser’, ‘tout le monde est au courant’, ‘c’est toi qui...’ Il n’arrêtait pas. » Puis sont venues les armes, pour se protéger. Il devenait parano, du moins en tenait le discours, et se dessine le portrait parfois trouble d’une relation déjà dégradée, déjà violente, passionnelle peut-on dire - si on n’oublie pas que le mot passion vient d’un verbe qui veut dire « subir » - mais qui verse alors dans ce qui va conduire au drame, en dépit de tout.
« Il devient fou » - Pour se « sécuriser » elle épouse son discours
L’accusé avait convaincu sa famille de cette supposée agression sexuelle, a même colporté le bruit que son ex-compagne devait se livrer à la prostitution, et qu’il en devenait le chevalier blanc. La rumeur isole davantage la victime.
« Il disait que soit je l’avais trompé, soit je m’étais faite agresser. J’ai fini par entrer là-dedans, pour me sécuriser. » Pour se sécuriser, elle épouse le discours d’un homme qu’elle ne reconnaît plus. « Il disait : c’est toi qui… »
En décembre 2020 elle finit par déposer plainte pour agression sexuelle, « c’est lui qui m’a emmenée ». « Au commissariat, ils m’ont dit : ‘si vous l’avez trompé, il faut le dire car il devient fou. » « Il devient fou » : c’est l’impression qu’il donne à l’audience, du box, à tourner en rond dans ce discours qui n’est plus crédible, à offrir parfois de grands sourires extatiques.
Le prix de sa résistance, si toutefois il lui prenait l’envie de résister
Après la naissance du bébé qu’elle portait en septembre 2020, la femme demande la levée de la mesure de protection ordonnée par un juge aux affaires familiales en mai. Pourquoi ? « Parce qu’il est chez moi, face à moi, hors de contrôle. ‘Tu m’as enlevé les enfants, tu m’as fait ça avec la justice, tu vas payer’. J’entendais ça. C’était un climat de folie. » Il sous entendait qu’elle était surveillée : « Je sais que tu vis sur l’île Saint-Laurent. » « Il est armé, il est dans un stress énorme, il est en peur de tous mes mouvements. » « J’avais pas le choix, il avait les clés de chez moi. » « Il tournait dans la maison, il disait ‘tu vas voir, tu vas voir’. » On a vu. La présidente de la Cour passe des photos sur les écrans installés dans la salle : des hématomes, énormes. Et la femme à la barre de dire avec simplicité le désarroi qui fut le sien : « Il disait ‘je te protège’ et il m’agressait. »
« Et vous ressortez seule, avec les enfants »
Le 12 juin, poussée par sa cousine, la femme va déposer plainte au commissariat : elle dit qu’elle a peur, qu’il a des armes et les clés. « Et vous ressortez seule, avec les enfants » observe la présidente. « Oui, on n’avait pas assez d’arguments, pas de coups récents, et s’il prenait quelques mois (de prison), je serais le bouc émissaire. Toujours la peur. »
Dénouement tragique
Ce soir-là, elle ne rentre pas à son appartement. Son père vient la récupérer à Chalon avec les enfants. Pendant ce temps, Karim X rentre faire des sacs, il y fourre arbalète et revolvers, sans doute prend-il aussi la combinaison en papier blanc ? Une de ses sœurs passe le prendre. Il va s’alcooliser, confirme-t-il à maître Chavy, son avocate. A l’aube il part en trottinette chez le grand-père des petits. Réveille avec fracas les deux adultes, sous la menace de son arbalète (il le conteste toujours). La scène est surréaliste comme toujours dans ces moments ultra-violents. La femme sait qu’il la suivra, elle fait signe à une de ses filles de lui ouvrir une fenêtre, l’enfant le fait, la femme saute et file du côté des voisins. « Je veux qu’il se détourne de mes enfants et de mon père et je veux appeler au secours. »
« Mon souffle s’arrête tout de suite »
Au lieu de filer directement, l’homme – « Je le connais par cœur, je m’étais dit qu’il ne me ferait jamais de mal. » - la rejoint. La femme raconte : « J’étais en train de frapper aux carreaux de voisins, et ça s’est passé très vite. Mon souffle s’arrête tout de suite. Je me dis : là, il va me tuer. Je me sens partir. »
« Vous avez peur ? – Oui »
Alors qu’il est en détention, madame lui envoie une photo d’elle et lui, jeunes. Pourquoi ? « Pour lui montrer, dire ‘regarde ce que tu as fait’. Il ne se rend pas compte, il ne se rend pas compte. J’espère qu’il ne va pas continuer dans le mal. – Vous avez peur ? – Oui. »
L’accusé dit avoir jeté l’arbalète et les révolvers dans la Saône. Or à l’issue de ses quatre jours de cavale, que trouvent les gendarmes dans le gîte ? Une arbalète, neuve. Pourquoi il l’a gardée ? « Parce que je venais de l’acheter, 300 euros. » Il comptait en faire quoi ? « Du tir sportif. J’avais acheté une ferme à retaper, y a plein de nuisibles dedans. »
Demain mercredi, ce n’est pas l’accusé qui parlera de lui-même, c’est un psychiatre le fera.
FSA



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