Côte chalonnnaise

Conduite sous l’empire de l’alcool : « La situation est en train de m’échapper »

Conduite sous l’empire de l’alcool : « La situation est en train de m’échapper »

Le 8 septembre 2023, des gendarmes étaient stationnés sur le bas-côté d’une route à Barizey. A 15 heures, un automobiliste s’est arrêté à leur hauteur et leur a dit : « Je ne suis pas en état de conduire. J’ai besoin d’aide. » Il avait une alcoolémie de près de 2 grammes.

Ce conducteur a été jugé ce jeudi 23 mai pour conduite sous l’empire d’un état alcoolique, en CRPC (comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité). 
Cette affaire ne tire pas son originalité du seul fait que l’auteur de l’infraction s’est dénoncé lui-même, elle est atypique aussi par sa façon de parler de ses difficultés et comment il tâche d’en circonvenir les effets plus ou moins destructeurs sur lui.

Il sort du bureau du procureur de la République qui lui a proposé une peine et il a accepté cette peine, assisté de maitre Delahaut. Maintenant, il se tient à la barre de l’audience d’homologation des peines, tenue ce jeudi par la présidente Cécile Croissandeau.

Le prévenu est prolixe. La juge écoute 

« Le but, c’était de demander de l’aide. Je souffre d’un mal être depuis des années. » L’homme plante les éléments du tableau. Sa vie personnelle, lourde, douloureuse. Sa vie professionnelle, lourde. Les années défilent, il commence à se fissurer. Il voit un psychiatre depuis un bon moment, et c’est vraisemblablement de ces consultations qu’il tire sa capacité à expliquer ce qui le fait souffrir (même si « expliquer » n’a pas d’effet réellement thérapeutique, ndla).

« J’ai senti que les choses m’échappaient »

Par conséquent, cet homme d’une soixantaine d’années ne tient pas le discours qu’on entend souvent « je ne sais pas ce qui m’a pris » (discours néanmoins sincère la plupart du temps). Il dit plutôt : « Je souffre d’un état dépressif qui s’est aggravé. J’ai fait un burn out au travail. J’ai quitté ce travail. Mais en septembre dernier j’avais essuyé un refus (reconversion professionnelle). Ça, et une démarche difficile (a dû faire interner un proche, pour la xième fois) … j’ai senti que les choses m’échappaient. »

Les choses lui échappent. Ce 8 septembre 2023, il boit comme un trou. Mais il est des trous qu’on ne remplit pas, quelles que soient les quantités d’alcool qu’on y injecte. Il prend le volant. « Pour aller où ? – Je ne sais pas. Quand j’ai vu les gendarmes, je me suis arrêté. Je leur ai dit : j’ai besoin d’aide, la situation est en train de m’échapper. »

« Un contexte particulier », « un appel au secours »

Le préfet décide de suspendre sur le champ le permis de conduire du conducteur ivre, pour 6 mois. Depuis, le prévenu a trouvé un poste dans son nouveau travail. « Je sais y trouver un certain apaisement. » Son casier est néant ou quasi, si on peut dire.

La présidente acte « un contexte particulier », « un appel au secours », puis homologue la peine proposée et acceptée : obligation de suivre un stage de sensibilisation à la sécurité routière (600 euros d’amende si le stage n’est pas fait), 6 mois de suspension de permis (qui recouvrent la suspension administrative), et exclusion de la mention de cette condamnation sur le bulletin n°2 du casier.

FSA