Saône et Loire

LOUHANS – CHATEAURENAUD : la bataille des noms

LOUHANS – CHATEAURENAUD : la bataille des noms

Comme dans les couples qui veulent conserver leur identité propre en accollant leurs deux noms de famille pour chacun de leurs enfants, l'épouse gardant pour elle-même son nom de jeune fille sans adopter l'usage du changement de nom au profit de celui de l'époux, la fusion des deux communes de Louhans et de Chateaurenaud s'est faite dans la douleur de la perte d'identité pour Chateaurenaud. 

 


Petit rappel des faits : à la suite de la loi Marcellin en 1971, pour diminuer le nombre jugé trop important des 36 770 communes de France, le pouvoir législatif a décidé d'en regrouper un certain nombre afin de supprimer les communes jugées trop petites, et de les associer à la principale commune voisine pour former un tout administratif supposé plus économique, à l'image d'autres pays d'Europe comme l'Allemagne. La France a en effet cette particularité de compter le plus de communes : à titre de comparaison, 89 000 communes en Europe et 36 770 communes en France. Entre 2012 et 2020, environ 2 500 communes ont fusionné en France, pour donner naissance à 770 communes nouvelles.

C'est ainsi que la fusion des communes de Louhans et de Chateaurenaud s'est faite aux forceps, les Castelrenaudins n'étant pas prêts à abandonner leur identité au profit des Louhannais. En 2008, Marie-Françoise MULLER associée à Rémi CHAINTRON (futur Président du CD 71 à la suite d'Arnaud MONTEBOURG, ndlr) avait ravi la mairie de Louhans-Chateaurenaud, alors communes associées. De plus, la Maire (divers gauche) de CHATEAURENAUD, Marie-Françoise MULLER, s'était aussi battue contre la décision préfectorale de fusion. En 2014, Marie-Françoise MULLER a été une  adversaire politique de l'actuel Maire de LOUHANS (Frédéric BOUCHET, divers droite), en constituant une liste « ouverte » qui était arrivée 2ème dans la triangulaire l'opposant également à la Maire SORTANTE, (Monique BONIN), lors de ces 1ères élections municipales des communes fusionnées.

Si l'on y ajoute le fait que les communes de Chateaurenaud et de Louhans comptaient chacune un nombre important d'habitants, Chateaurenaud conservant sa mairie annexe à celle de Louhans, la nécessité de cette fusion semblait toute relative.

Le temps apaisant les relations, la fusion entra dans les mœurs en conservant les deux noms de Louhans et Chateaurenaud pour un « gentlemen agrément » satisfaisant tous les habitants. Mais c'était compter sans l'Etat qui depuis 2013, dans sa logique implacable de fusion totale des deux communes au seul profit de LOUHANS, n'a admis officiellement que le nom de LOUHANS, celui de CHATEAURENAUD, commune fusionnée disparaissant comme la commune elle-même.

C'est ainsi qu'une dichotomie s'est installée entre l'Etat et la population concernée qui s'est sentie dépossédée de son identité historique propre, d'où la « résistance » organisée avec des panneaux indicateurs de LOUHANS-CHATEAURENAUD, (affichage et documents officiels municipaux), alors que l'Etat lui, n'a admis juridiquement que le nom de LOUHANS pour les deux communes fusionnées. Celles-ci avaient pourtant souhaité et demandé à l'Etat de conserver les deux noms, sans succès jusqu'à présent.

Néanmoins, la situation pourrait évoluer dans le bon sens depuis que la procédure de changement de nom d'une ville a été simplifiée en 2013. C'est ainsi qu'une issue favorable pour officialiser définitivement auprès de l'Etat, le nom de LOUHANS-CHATEAURENAUD, pourrait être obtenue après une énième délibération du conseil municipal le 15 Mai prochain. Affaire à suivre, donc.

Colette PETITJEAN