Chalon /autour de Chalon

Les Vespistes, vous connaissez ? Albéric Forget, collectionneur passionné de la « guêpe » italienne : la Vespa !

Les Vespistes, vous connaissez ? Albéric Forget, collectionneur passionné de la « guêpe » italienne : la Vespa !

« J’ai toujours idéalisé la Vespa. J’adore rouler avec et rencontrer d’autres passionnés ! » Ces mots d’Albéric Forget résument à eux seuls le profil de ce collectionneur. Portrait d’un homme qui vit aujourd’hui de sa passion et la fait partager aux autres.

Qu’est-ce qui fait naitre une passion ? Y a-t-il un élément déclencheur ? Pour Albéric, c’est évident, il se souvient parfaitement du jour où le mot « passionnant » s’est ancré définitivement. Il avait 10 ans, une rencontre a bouleversé sa vie.

« Mon père était maçon et, à 16 ans, il s’est acheté une Vespa. Il l’a toujours conservée. Quand j’étais petit, je la voyais dans le garage et bien sûr, j’aimais m’y asseoir et faire semblant de rouler. Et puis vers 10 ans, mon père a rencontré Jean-Léon Blanquart, qui relançait le Vespa-club dijonnais. Il a aussitôt adhéré au club et Jean-Léon l’a aidé à restaurer entièrement sa Vespa, une Acma Vespa Type N de 1961.

Je me souviens avoir assisté au démontage puis à la rénovation du véhicule. J’ai trouvé ça passionnant ! »

Un apprentissage avant l’âge

Jusqu’à ses 16 ans, c’est auprès de ce même Jean-Léon Blanquart qu’Albéric a appris la restauration complète des Vespa, du moteur à la carrosserie. Chaque fois qu’il le pouvait, pendant ses vacances scolaires, il se rendait chez le Vespiste qui lui transmettait bien plus que le bricolage et l’histoire du véhicule : une passion.

De la mécanique à la vente, une formation polyvalente 

À 16 ans, Albéric aspire à travailler rapidement. Apprentissage en mécanique, carrosserie, puis, à 18 ans, une formation en vélo-moto qui complète ses connaissances en magasinage et vente. Albéric est un bosseur : entre deux stages, il va travailler à l’usine ou dans les carrières de Comblanchien.

Sa première expérience professionnelle lui a beaucoup apporté. En gérant l’atelier du magasin Tillot de Beaune pendant 5 années, il s’est formé à la polyvalence que requiert ce genre de poste. « Je n’aime pas ne pas savoir », avoue ce perfectionniste, qui a également voulu suivre une formation moto grosse cylindrée à Chambéry. Deux autres emplois à Chalon ont suivi : chez Honda puis au garage Eurobike, une concession Vespa des années 2000, des modèles récents. De ces dernières années, Albéric retient un goût prononcé pour la vente. « Finalement, je découvrais que j’adore discuter avec les gens et les conseiller »

En 2009, Albéric se détourne du métier de mécanicien, trop peu valorisé, et s’oriente vers la vente pour un constructeur de maisons sur Chalon. « J’appréhendais au début, être vendeur n’est pas du tout ma formation. Mais j’ai adoré, j’avais un super contact avec les clients. » Être à l’écoute des besoins, être sincère, se documenter pour aller chercher les terrains, conseiller, Albéric réalise qu’il a tous ces atouts en lui.

Renouer avec sa passion

En 2015, parallèlement à son emploi de commercial, Albéric recommence à rouler en Vespa et participe à des rallyes : « Quand j’ai participé à celui de Couvin, en Belgique, ça a été comme une révélation : comment j’avais fait pour me passer de la Vespa pendant toutes ces années ? » En effet, pendant 6 ans, ce passionné avait mis de côté l’univers des Vespistes : devenir propriétaire à Crissey, puis papa de deux filles sont des responsabilités qu’il a placées au premier rang. C’est sa femme qui lui suggère de franchir un pas décisif : « Et si tu essayais de vivre de ta passion ? ». Ce qu’il pensait impossible devient son projet à partir de 2017.

L’atelier d’Albé

Avril 2018, ça y est, Albéric le collectionneur mécanicien crée sa société, L’Atelier d’Albé, qui conjugue tous ses savoir-faire de Vespiste : entretien, réparation, restauration complète et vente de pièces détachées. Dernièrement, il a ajouté une corde à son arc, la production de pièces détachées : « Je ne trouvais pas toutes les pièces détachées ou alors de qualité médiocre. Quand j’ai sympathisé avec un usineur du Chalonnais, très compétent, je me suis lancé dans la production. »

Albéric ne communique pas sur sa société. Le bouche-à-oreille fonctionne et remplit son planning. « Je ne dispose pas encore de structure suffisamment grande pour développer mon activité. J’aurais besoin d’un local pour le stockage, pour l’instant, je manque de place. Dans l’état actuel de choses, je ne fais pas de com parce que je ne pourrais pas répondre à une demande plus forte. »

« Mon rêve serait de disposer d’un local que je scinderais en deux parties : l’une pour l’atelier, l’autre pour l’accueil des clients, avec ma collection de Vespa et les affiches d’époque. J’adorerais reconstituer un décor pour Vespistes. »

Le collectionneur

Albéric a véritablement commencé sa collection quand il a eu les moyens de conserver ses véhicules. Il a également des publicités des années 50-60. « J’adorais voir comment ce scooter était perçu et mis en valeur à l’époque. Mais je ne dépenserais pas beaucoup pour une publicité, même si j’aime ça. J’ai moins de mal à mettre de l’argent dans les scooters parce que j’aime les faire rouler, tous. » 

Ceux qui font battre son cœur sont les modèles anciens, à 2 vitesses. « J’en possède une quinzaine, des modèles de 1951 à 1974. Après les années 80, ce sont des automatiques, ça ne m’attire pas. Ma première, je l’ai eu à 15 ans. J’allais aider mon père sur ses chantiers, il me l’a offerte. À l’époque, ça ne valait rien, on a dû la payer 300 francs. Aujourd’hui, c’est le scooter le plus cher du marché. C’est un modèle de luxe devenu chic. Pourtant au collège, quand j’arrivais sur ma Vespa, je passais pour un ovni. »

En moyenne, une Vespa à l’état d’épave vaut 1000 €, les modèles en état de circulation allant de 2 500 à 20 000 voire 25 000 €.

Albéric ne croit pas si bien dire. À l’heure où nous écrivons, la plus ancienne Vespa du monde est mise aux enchères. Il s’agit d’une Piaggio Vespa 1946, fabriquée à la main en usine, la 3e de la toute première série de 60 exemplaires. Les collectionneurs sont prêts à se ruiner pour s’offrir ce modèle historique en état de marche. Les experts l’estiment entre 250 000 à 300 000 €.

Vespa : les origines

La Vespa est née dans l’Italie d’après-guerre. Ce scooter a été conçu pour la première fois en 1946 par la société Piaggo. L’industriel Enrico Piaggio demande à l’un de ses ingénieurs aéronautiques de créer un nouveau mode de transport : un deux-roues léger, maniable, économique, pouvant être conduit aussi bien par des hommes que par des femmes, et ne salissant pas les vêtements, contrairement à la moto. 

En France, il faut attendre 1951 pour que la licence soit vendue aux ateliers ACMA (implantés dans la Nièvre). En résumé, les scooters italiens sont appelés « Piaggio Vespa » et ceux français, « Acma Vespa ».

Pourquoi les Vespa ?

Qu’est-ce qui plaît au passionné dans ce véhicule ? La réponse fuse : « Je me suis passionné pour sa conception, pour son histoire et j’adore rouler avec ! Au collège, quand les copains tombaient en panne avec leur mobylette, moi, je n’avais jamais de problème avec ma Vespa. C’est pas cher (enfin à l’époque), robuste, fiable, increvable et confortable. On pouvait tout transporter dans les sacoches, et c’est pratique pour aller au travail : le tablier protège de la boue. Même en robe, les femmes pouvaient facilement rouler en Vespa, on n’a pas besoin de l’enfourcher. Chaque modèle a ses spécificités, j’adore les détails… J’ai toujours idéalisé la Vespa ! » achève Albéric dans un franc sourire.

Partager une passion

Parfois, un collectionneur peut être isolé dans sa passion. Ce n’est pas le cas pour Albéric Forget, qui la partage quotidiennement avec d’autres passionnés.

Tout d’abord en développant le Vespa club Chalonnais, qui s’étiolait. Depuis 2016, sous sa présidence, un noyau dur d’une grosse vingtaine de membres se rassemble pour une sortie mensuelle en Vespa sur la côte chalonnaise. « Chaque club a son identité. La nôtre, c’est un état d’esprit : être ouvert, convivial et aimer les rassemblements de Vespistes. Tout le monde est le bienvenu, même avec sa Vespa récente ou son scooter Peugeot. »

Chaque année, en mai, le club organise un événement, le Rallye Vespa & Vins. Albéric se dit épicurien : il aime la Bourgogne, sa gastronomie, ses producteurs locaux et fait découvrir le tout aux rendez-vous de Vespistes. Victime de son succès (ils étaient 105 au dernier), il développe un nouveau concept pour ne plus avoir à refuser de demandes pour ce rallye gastronomique.

Une autre façon de partager sa passion, c’est de participer aux rallyes nationaux organisés par la fédération française, le Vespa Club de France. Chaque année, sur le temps d’un week-end, les Vespistes de toute la France et de l’étranger se réunissent pour rouler ensemble. Pour les compétitions, Albéric s’est fabriqué une combinaison, comme celle des coureurs des années 50 : l’écusson L’atelier d’Albé dans le dos, il y appose les écussons de ses courses. Au rallye des 3 Massifs (1 500 km sur 4 jours dans le Vercors), Albéric a décroché la seconde place sur 120 participants. Au rallye Paris-Nice (1000 km en 24 h), la 3e.

L’esprit du collectionneur selon Albéric

À la question : comment définiriez-vous l’esprit d’un collectionneur, Albéric répond aussitôt : un additionneur. « Je n’arrive pas à vendre, avoue ce passionné. Ma femme aimerait que je vende quelques-unes de mes Vespa pour acheter un Combi et voyager. Mais à chacune, je trouve des avantages. Je ne comprends pas ceux qui achètent et revendent pour spéculer sur la valeur de l’objet. Pour moi, ce ne sont pas des collectionneurs. Ils sont davantage dans le profit, pas dans la passion. Ceux-là, ils sont actifs sur les réseaux sociaux, ils chinent et possèdent un grand nombre de scooters, mais on ne les voit pas sur les rassemblements. Pour ma part, je ne fais pas les bourses, ce sont les opportunités et le bouche-à-oreille qui nourrit ma collection. Je préfère les rassemblements de Vespistes. »

Le nom d’Albéric Forget est connu de la communauté Vespiste. Pas par le biais des réseaux sociaux, il publie peu et préfère le contact. Mais il y a longtemps qu’il est baigné dans cet univers et ne manque pas une manifestation de Vespistes. 

https://www.facebook.com/LATELIERDALBE71/

Nathalie DUNAND