Chalon sur Saône
Apprendre la langue des signes française ? C’est possible avec l’APLS !
Publié le 13 Septembre 2017 à 07h08
Depuis plus de deux décennies, l’Association pour la promotion des langues des signes (APLS) apprend à celles et ceux qui le souhaitent cette autre façon de communiquer qu’est la langue des signes française. Le point avec info-chalon.com.
Quand l’Association pour la promotion des langues des signes (APLS) a contacté info-chalon.com, le Big Boss, Laurent Guillaumé, l’a naturellement dirigée votre infochalonniste de service, qui n’y connaissait strictement rien en la matière, du moins pas grand-chose. Mais quoi qu’il en soit, merci Patron ! Merci, en effet, pour l’opportunité ainsi laissée de découvrir tout un monde dont la plupart d’entre nous se fichent, faute d’avoir eu à l’affronter au quotidien.
Les langues des signes : des moyens pour les sourds de communiquer entre eux et avec les autres
Car en rencontrant Mélanie Rollet, qui cherchait, comme le suggère le nom de l’association dont elle est la trésorière adjointe, à promouvoir les langues des signes, c’est tout un monde que l’on découvre : celui de la surdité. En effet, derrière ce terme de « langues des signes » se cachent des langues gestuelles (produites par les mouvements des mains, du visage et du corps dans son ensemble) que les personnes atteintes de surdité – les sourds – utilisent pour communiquer entre elles mais aussi avec les autres (les non sourds), de manière aussi précise qu’à l’oral.
« Surdité ». « Sourd ». Avec la (sale) manie actuelle de recourir à des euphémismes pour atténuer une notion dont l’expression directe aurait quelque chose de déplaisant ou de choquant pour…les oreilles sensibles, le fait de ne pas employer ici le mot désormais répandu et convenu de « malentendant » fera sans doute hurler ceux qui ont du mal à qualifier de « chat » ce qui miaule, a des oreilles pointus et se goinfre de Sheba ®.
Sauf que, à y regarder d’un peu plus près, un « malentendant » n’est pas forcément un « sourd », du moins si l’on en croit les dictionnaires. En effet, une personne « malentendante » - plusieurs millions selon les statistiques accessibles – est une personne dont l’acuité auditive est diminuée, c’est-à-dire, plus précisément, quelqu’un qui a acquis la parole et qui, pour des raisons diverses, subit une baisse d’audition voir une perte d’audition. Une personne « sourde », elle, est née sans audition ou l’a perdue avant d’acquérir l’usage de la parole, et n’a donc pas fait connaissance avec les bruits, les sons et la parole, du moins pas suffisamment pour en avoir le « souvenir ». A priori moins nombreuses que les personnes malentendantes, celles que l’on peut qualifier de sourdes ne seraient toutefois pas moins de 200 à 300 000 en France. Mais au total suffisamment peu nombreuses au regard des « 60 millions de consommateurs » pour que les pouvoirs publics et la plupart d’entre nous fassent pas de leur inclusion sociale une priorité. Car à écouter Mélanie Rollet, et à lire ici et là des articles scientifiques sur le sujet, l’inclusion effective des sourds, ne serait-ce que lorsqu’ils doivent s’adresser à un agent public ou se renseigner auprès d’un vendeur d’électroménager, ne crève pas les yeux… Et, faute d’un traducteur – seulement deux interprètes en langues des signes en Bourgogne, qu’il faut parfois réserver des mois à l’avance d’après Mélanie Rollet –, c’est pour eux un chemin de croix lorsqu’il s’agit de se faire comprendre d’un non sourd : vous, moi, l’immense majorité des gens qui habitent en France, Etat qui n’a reconnu la langue des signes françaises qu’’avec la loi du 11 février 2005…
Un autre regard sur le monde
Le monde de la surdité et des sourds, Mélanie Rollet, qui n’est ni sourde ni malentendante, elle l’a découvert il y a un moment déjà. En décidant un jour d’apprendre la langue des signes française, grâce à l’APLS, une association de type « loi de 1901 » créée en 1985, dans le but de promouvoir et faire découvrir les langues pratiquées par les personnes sourdes pour communiquer. Et qui, pour y parvenir, organise et donne des cours de langue des signes à la maison des associations de Chalon (« Espace Jean Zay »), avec un professeur également employé par l’ACLSFB. (Association Culture et Langue des Signes Ferdinand Berthier), située à Louhans. L’une de ses nombreuses activités avec l’organisation de « café-signes » dans les locaux de l’I-Touch Coffee, brasserie du boulevard de la République et des interventions dans divers lieux.
A l’écouter, en étudiant ce langage pendant quatre ans, Mélanie Rollet n’a en effet pas seulement appris une langue vivante telle que l’Anglais, l’Italien ou, plus dépaysant, le Russe ou le Farsi. Elle s’est immergée dans une sorte de « twilight zone » et a fait « un pas de côté ». Un pas de côté qui lui a permis de voir sous un autre jour le monde auquel elle était habituée. Une expérience plus que positive. D’autant plus positive que celle-ci façonne un regard véritablement nouveau sur les différentes façons de ressentir par l’entremise des quatre sens demeurant quand on ne dispose pas de celui d’entendre (l’ouïe), tout en permettant de comprendre ce qu’ « être exclu » peut bien vouloir dire concrètement. Une compréhension que les membres de son association savent faciliter lorsque, invités à intervenir dans une école par exemple*, ceux-ci communiquent par signes inintelligibles de ceux qui ne savent pas les décoder pour participer à la discussion. Dans ces moments-là, la sensation du handicap se renverse et l’intelligence empathique de tout un chacun permet de faire le reste, c’est-à-dire ressentir ce que c’est que d’être vraiment exclu d’un groupe, comme le sont ces sourds qui, à longueur de temps, font d’immenses efforts pour s’intégrer à un monde qui, structurellement, ne fait rien ou pas grand-chose pour les accueillir, les insérer. Efforts que l’on ne mesure pas assez, du moins pas suffisamment pour que nous ayons l’idée d’en faire nous-mêmes pour avancer dans leur direction.
Parce que, quelque part, elle n’est pas revenue de ce monde de la surdité, qu’il n’y a pas vraiment de raisons d’en revenir tant il est riche d’enseignements en matière de connaissance de soi et des autres d’un point de vue humain, Mélanie Rollet, comme tous ceux qui ont déjà franchi le seuil de son association, vous invite à découvrir celle-ci lors de l’assemblée générale de l’APLS qui aura lieu ce vendredi 15 septembre à la maison des associations Jean Zay de Chalon, à partir de 19 heures. Elle vous invite également à tenter les cours de langues des signes, qui commenceront le mardi 19 septembre, à 18 heures, toujours à la maison des associations. Aussi, si vous êtes intéressés, vous savez désormais ce qu’il vous reste à faire, où vous rendre et à quelle heure.
Samuel Bon
*Ses membres interviennent aussi dans les crèches, dans les collèges et même au sein de l’Institut de formation en soins infirmiers (ISFI).
Plus d’infos :
L’APLS dispense des cours de deux heures de 2 heures à la langue des signes françaises selon le calendrier scolaire.
Les cours sont animés par un formateur professionnel sourd et s’adressent à toute personne, sourde ou entendante.
Ils se déroulent à l’espace Jean Zay, 4 rue Jules Ferry, à Chalon.
La langue des signes française étant aussi une option (facultative) au baccalauréat (général, technologique, professionnel), l’APLS est en mesure de préparer celles et ceux qui souhaiteraient réussir dans cette discipline.
Pour plus d’information, contactez Christian Perrin au 06.86.17.83.78 ou écrivez lui à l’adresse suivante : [email protected]
Vous pouvez également consulter leur site : www.langue-des-signes-chalon-sur-saone.fr
Vous pouvez, enfin, les rejoindre sur Facebook :
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