Chalon sur Saône

Avec Bikini Paradise les chantres et les ennemis de la téléréalité en ont eu pour leur argent

Avec Bikini Paradise les chantres et les ennemis de la téléréalité en ont eu pour leur argent

Bikini Paradise, ce titre explicite fleure bon les espaces vierges, les plages à perte de vue, la végétation luxuriante, les conditions climatiques optimales…sauf que dans ce cas précis c’est la téléréalité qui régit ce qui peut l’être, et alors on a affaire à des gestes de survie et à des réflexes certes conditionnés, mais avec toujours en corollaire la désopilance.

Les aspirants vers la descente aux enfers

Concernant la saison 2016-2017 de Café-Théâtre au Théâtre Piccolo  de Chalon-sur-Saône, le temps a accompli son œuvre, et le cinquième spectacle signifiait tout bonnement ce vendredi soir  la fin dudit cycle. Invariablement le rire libre et instinctif y pèse de tout son poids, et Bikini Paradise n’a pas été l’exception qui confirme la règle. Loin s’en faut même ! Sur un atoll des îles Bikini situées en plein Pacifique, les quatre Robinson Crusoé version 2017, c’est-à-dire d’opérette ou de pacotille, n’auront eu de cesse de créer de profonds décalages entre les situations implacables de véritables naufragés, et le statut de candidats enfantés par la téléréalité, incités à faire comme si…

La chasse, la pêche, le feu, ont ainsi repris leurs droits, et du fait que l’infaillibilité n’était pas de mise, dissensions et fantasmes ont très vite surnagé. Bien peu de points communs en vérité entre le participant venu pour diminuer sa masse corporelle (Jean-Christophe Acquaviva (par ailleurs coauteur), celui (Bertrand Ducrocq, aussi coauteur) porté sur la quête de l’âme sœur et qui nouera une idylle avec la seule femme présente à sa manière, « son escapade de vacances, sa petite cartouche estivale », ou le dernier aux allures de Rambo (Grégory Gardon), spartiate qui court désespérément après son rêve.

Cela fait dix ans qu’il se prépare, avec un camp d’entraînement dans son jardin, et autant d’années en qualité de postulant pour Bikini Paradise sans qu’il n’ait été convié ! Au milieu de tout ça l’une des organisatrices (Delphine Saroli) de l’émission télévisée, laquelle n’a pas eu la partie facile, il va sans dire ! Et la satire de Koh-Lanta dut à un moment donné laisser en apparence sa suprématie aux vestiaires en brisant net son élan, faisant cette fois des compétiteurs des êtres humains livrés à leur triste sort, celui de personnes luttant à mort contre le pronostic vital engagé, histoire de ne pas mettre en péril leur intégrité physique…

De la pseudo-réalité à la réalité tout court il n’y avait qu’un pas à franchir. Devenus hirsutes, plus primaires, les concurrents durent faire preuve d’ingéniosité afin de ne pas sombrer corps et biens. Enfer et damnation ! Le comble d’infortune a été matérialisé par un panonceau indiquant que sur l’atoll en question des tests nucléaires américains avaient été réalisés entre 1948 et 1956 ! Chassez le naturel, il revient au galop…quitte à glacer le sang dans les veines ! « Qui de nos candidats va mourir en dernier ? Le vainqueur remportera des obsèques nationales… » De plus en plus fou…

                                                                                    Michel Poiriault

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