Chalon sur Saône
Laurent Voulzy " en chaire et en os", et c'est Chalon qui chavire d'un bonheur absolu
Publié le 23 Novembre 2019 à 16h05
Il serait loisible d’user du superlatif au sujet des deux concerts donnés par Laurent Voulzy en la cathédrale Saint-Vincent de Chalon-sur-Saône jeudi 21 et vendredi 22 novembre, tant les prestations du chanteur aux cinquante ans de carrière se seront avérées concluantes sur toute la ligne. Dans un cadre où la majesté le disputait à la solennité, la copie rendue fut digne de foi. Heureux qui, comme le public…
Une forme d’évangélisation
Hors du temps. Des époques. Des mésaventures historiques aux relents nauséabonds. Et pourtant ouvrant de multiples portes pour passer d’un sujet à l’autre avec une facilité déconcertante et surtout sans que quiconque n’ait à effectuer un effort de conditionnement pour épouser au mieux l’indicible pouvoir des paroles. Ce n’est pas le père Thierry de Marsac, hôte des lieux d’ordinaire, qui mettrait un bémol à ces deux soirées, visiblement aux anges en constatent notamment que ses ouailles d’un soir communiaient à qui mieux mieux avec l’invité vedette.
Car Laurent Voulzy, non seulement enjôle littéralement son auditoire grâce à l’intensité de la plénitude de ses textes, le plongeant dans un abîme de réflexion, mais en arrimant les éloquentes musiques à ses mots, confère à l’ensemble une aura qui prend aux tripes. De cœur à chœur et de chaleur humaine à chaleur humaine l’instant présent a tendance à faire oublier les contingences quotidiennes, pour une évasion vers des prairies plus vertes et des univers amputés d’anomalies criardes.
Du haut de cet endroit huit siècles ont contemplé pendant deux jours un irréfutable patrimoine artistique, impeccablement structuré par d’admirables jeux de lumière n’ayant de cesse de diffuser une effusion de couleurs, transbahutant la bienveillante chambrée en direction de parages oniriques et, par extension, bienfaisants. Argument supplémentaire à mettre au crédit de la force de frappe de Laurent, l’efficiente présence du claviériste Michel Amsellem, par ailleurs directeur musical, ainsi que de la chanteuse-harpiste franco-américaine Naomi Greene à la voix d’une pureté cristalline. Tout concourait donc à un effeuillage de son répertoire provoquant émotions en cascade, battements de main, chorale improvisée, mouvements dansés, parfois une empathie avec le gospel (My Sweet Lord, de George Harrison)…
Des chansons uniquement en phase avec la configuration et l’identité du lieu
Modelé par ses valeurs humaines pénétrantes, la légèreté le cas échéant, de contextes lourds de sens, d’amusement puisque l’humour de Laurent en rajoute une couche, le déroulé des événements –chaque chanson, digne reflet d’une philosophie de vie, en étant un en soi- n’aura pas laissé de marbre une assistance qui en réclamait encore et encore. L’énumération –non exhaustive- des bons coups est longue.
Caché derrière, Le rêve du pêcheur, Belem, Scarborough fair, La baie des fourmis, Jésus, Ma seule amour, Une héroïne, Jeanne, Le pouvoir des fleurs, Liebe, Belle-île-en-mer, Le soleil donne, Paradoxal système… certains titres, plus populaires que d’autres, ont, bien entendu, servi de puissant levier à la remémoration de plein de belles choses électrisantes, somme toute inaltérables…Son amitié de longue date avec Laurent Souchon a obligatoirement été spécifiée, avec la courte reprise de Allô maman bobo, J’ai dix ans, Rame…Toutes les bonnes choses ont une fin, et c’est à regret que les deux camps se séparèrent, bienheureux d’avoir apporté leur écot à un show sublime à la beauté intérieure en surplomb. Le trouvère des temps modernes aura même reçu en guise d’hommage suprême le ban bourguignon. Un respect mutuel appelé indubitablement à durer…
Michel Poiriault
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