Cinéma

Change le regard sur le handicap ! Objectif réalisé grâce à The Sessions

Change le regard sur le handicap ! Objectif réalisé grâce à  The Sessions

Dans le cadre de la semaine consacrée à la sensibilisation des habitants du Grand Chalon aux problématiques du handicap, le cinéma Axel, en partenariat avec La Bobine, a projeté hier soir The Sessions, film réalisé par Ben Lewin*, devant une salle remplie d’un public plutôt hétéroclite.

Le but de la semaine des « Handis’pensables » étant de changer le regard que les gens peuvent porter sur les personnes en situation de handicap, quoi de mieux, en fait, qu’une séance de cinéma au cours de laquelle on passerait un film consacré à ces dernières ?

Le secrétaire de La Bobine, Jean-Luc Chemorin, l’a rappelé à juste titre avant l’extinction des lumières de la salle : « si on regarde l’histoire du cinéma, le cinéma a changé notre regard sur le handicap ». Certes, « cela s’est fait en plusieurs étapes » et, pendant longtemps, les personnes en situation de handicap, par exemple Bernardo dans Zorro, ont joué des rôles secondaires avant de tenir le haut du pavé comme dans Rainman**. Mais le cinéma n’est pas pour rien dans le fait que nous ne percevons plus le handicap de la même façon qu’avant.

Ceci considéré, The Sessions était-il à même de changer notre regard sur les personnes en situation de handicap ? Construit à partir de l’histoire – vraie – de Mark O’Brien, un poète et journaliste américain dans l’incapacité de bouger autre chose que la tête en raison de la polio qui a très tôt frappé son corps, The sessions raconte l’éveil corporel, puis sexuel, d’un homme que les statistiques condamnaient à une mort jeune, ainsi qu’à une vie affective peu remplie. Ce faisant, il braque inexorablement le regard du spectateur sur un aspect relativement ignoré de la vie des personnes en situation de handicap.

A bon escient ? A vrai dire, si l’on craignait un peu à Info-Chalon de se retrouver devant un long-métrage larmoyant, dégoulinant de commisération douteuse, force est d’admettre qu’il n’en est rien. On rit même beaucoup devant The Sessions. L’humour ravageur du protagoniste, le caractère cocasse des dialogues avec son ami pasteur – on pense à l’inoubliable réplique « Mon pénis me parle, mon père » - y sont sans doute, c’est vrai, pour beaucoup.

Dans tous les cas, on ne voit pas celui qui mourra aimé de trois femmes toutes aussi belles et mobiles les unes que les autres, comme un être à part, rongé par ce qui fait de lui « une personne en situation de handicap ». On le voit pour ce qu’il est : un membre de la grande famille des hommes, un être profondément humain, qualité que nos regards mal préparés dénient encore à nombre de ceux qui sont pourtant nos semblables.

Bref, le regard qui aurait pu être celui du public sans la projection de The Sessions est profondément modifié, tandis que l’image de la personne en situation de handicap ressort transfigurée.

« Si on regarde l’histoire du cinéma, le cinéma a changé notre regard sur le handicap », disait Jean-Luc Chemorin en prélude. Quand on sort de The Sessions, on se dit surtout que celui-ci n’a pas fini, et c’est heureux, de le changer.

S.P.A.B

*Etats-Unis, 2012. Durée : 1 h 35. Bande-annonce : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19469288&cfilm=193256.html

** Etats-Unis, 1998. Film de Barry Levinson. Durée : 2 h 13. Bande-annonce : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19398140&cfilm=4572.html