Bourgogne

L'ombre de Léonarda plane sur la plénière

L'ombre de Léonarda plane sur la plénière

Y penser sans doute, en parler certainement pas... Les débats étaient volontairement feutrés, ce lundi matin, autour du Président François Patriat, où les élus régionaux sont rassemblés en session.

«Je souhaite que ce soit une journée apaisée, que l'on évite de s'invectiver. C'est de ma part un vœu de sagesse. Sera-t-il un voeu pieux, la matinée nous le dira»… En déclarant cela en ouverture ce lundi matin de la session du Conseil Régional de Bourgogne, François Patriat a voulu tracer une ligne jaune.

Il y a quelques mois cela aurait été pour endiguer les attaques contre la politique du Gouvernement que les élus de droite ne manquent jamais de stigmatiser, après il est vrai avoir subi en leur temps des tirs nourris de la gauche.
Mais plus que l'élection de Brignoles, qui reste anecdotique et dont l'importance est inversement proportionnelle aux emballements médiatico-politiques découvrant que le FN est capable de gagner, ce que tout citoyen normalement constitué sait parfaitement depuis plusieurs mois quand il écoute ses voisins, qu'il tend l'oreille à l'usine ou au bistrot ; c'est bien d'une autre affaire que François Patriat a souhaité qu'elle n'encombre pas les débats. Léonarda, y penser oui, mais ne jamais en parler.
 

Le FN joue sa partition


Dans une ambiance moins électrique qu'on aurait pu le penser, à moins de cinq mois et deux jours du 1er tour des élections municipales, les élus régionaux ont semblé un brin tétanisés. Parler oui, mais de quoi ? Attaquer oui, mais sur quel sujet, pour éviter de prendre des coups ou des boomerangs ? En fait, en ce premier jour des vacances de Toussaint, les débats n'ont pas déraillé, même si le FN par la voix de son leader Edouard Ferrand a tenté de mettre l'affaire Léonarda au centre des débats.
L'élu frontiste a pointé du doigt les politiques de coopération, estimé que François Hollande ferait mieux de s'occuper des 120.000 chômeurs bourguignons, que des sans papiers, mais ses mises à feu n'ont pas pris, PS et UMP ayant de toute évidence choisi de ne pas aller sur un terrain pouvant s'avérer très glissant.
Mais ce n'est pas Guy Ferez, le sémillant Maire d'Auxerre, qui risquait de chuter, puisque comme à son habitude il est arrivé en retard. Il faudrait peut-être lui proposer de faire du co-voiturage avec l'Yonne Républicaine, toujours à l'heure.
Il est d'autres élus qui avaient déserté l'enceinte régionale, comme Christian Paul, peut-être occupé à veiller à ce que les coupeurs de sapins dans le Morvan soient tous en règle et non expulsables…
Bref cette session n'a pas vraiment été comme les autres. Mais François Patriat ne se défila pas en lançant à Edouard Ferrand et aux élus du FN que pour éviter des affaires Léonarda il convient justement d'accentuer les coopérations.
Dans son préambule, après avoir souligné que le conseil aura bientôt à valider le programme opérationnel européen, mais aussi le futur contrat de plan, François Patriat a tenté de convaincre les élus : «Nous avons besoin de concentrer nos énergies, recentrer nos politiques et concentrer nos moyens pour les nouveaux défis».
 

Question de stratégies...


Il n'est pas forcément étonnant qu'Emmanuelle Coint ne se soit pas placée sur cette ligne : «Jusqu'au plus haut sommet de l'Etat, on se contredit et on se déchire. Mais où est le cap. Quel avenir pour les territoires hors les métropoles ?» a-t-elle lancé avec ironie, avant d'appeler à ce que la Bourgogne soit stratège.
«Justement vous auriez dû écouter mon discours», lui rétorqua le Président Patriat évoquant le contrat de plan à venir.
L'élu vert Alain Cordier resta dans son registre, en estimant qu'il est urgent d'engager une transition : «La peur du changement ne résoudra rien. Il est urgent de comprendre que l'écologie c'est l'avenir de l'économie».
Une chose est certaine, la politique économique menée actuellement par le Gouvernement ne satisfait pas vraiment Nathalie Vermorel. L'élue du PC estimant que cette politique montre ses limites. Avec en prime un tacle contre Manuel Valls, «dont les déclarations désespèrent chaque jour». Un service minimum, en quelque sorte, pour la leader communiste, ne voulant porter un coup trop sévère aux fondations de la majorité régionale. Il est vrai qu'en ces temps difficiles pour le Gouvernement et pour la gauche, il ne s'agissait pas d'afficher de trop grandes fractures. C'est qu'il s'agit aussi de penser aux listes des municipales. Et cela c'est vrai à gauche, comme à droite.

Alain BOLLERY
et Bruno LEDION
(Photos Jean-Christophe TARDIVON)

 

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