Bourgogne

Le Phoque veau-marin… d’eau douce, en Bourgogne

Le Phoque veau-marin… d’eau douce, en Bourgogne

En juillet 2010, un Phoque commun, également appelé Phoque veau-marin, était observé dans la Loire à La Charité-sur-Loire. Cette première observation pour la Bourgogne donna lieu aux interprétations les plus fantaisistes. Mais il s’agissait bien d’un spécimen de cette espèce, ayant remonté la Loire par ses propres moyens, sur plus de 500 km. Depuis le phénomène s’est poursuivi avec des observations jusqu’à Nevers…

Que signifie un tel phénomène ? Est-il réellement rarissime ? Que nous dit-il de l’écologie et du comportement de cette espèce, des rapports de celle-ci avec les hommes ? Que nous dit-il du fleuve ? Que nous dit-il, plus largement, de notre perception de la biodiversité et de l’évolution de celle-ci.

 

Pour répondre à ces questions, il a été nécessaire de rechercher les données relatives à la présence des différentes espèces de Phoques dans les cours d’eau de la façade atlantique européenne. Les données concernent tout particulièrement le Phoque veau-marin, au 19ème siècle surtout, mais aussi depuis une vingtaine d’années.

 

Si la présence du Phoque veau-marin en rivière peut paraître étonnante, il s’agit en réalité d’un phénomène naturel et normal, relativement fréquent. Son évolution, au cours de deux siècles, s’explique par les fluctuations des populations reproductrices les plus méridionales, qui fréquentent notamment certaines côtes des Pays-Bas, des Iles Britanniques et de la France (en Baie de Somme et en Baie du Mont-Saint-Michel en particulier).

 

Les prochaines observations à venir de Phoque veau-marin, dans des fleuves français, étonneront sans doute encore longtemps, tant l’image des Phoques est associée, quasi exclusivement, au milieu marin, et parfois même aux seules régions arctiques. Il en va pour le Phoque veau-marin comme pour bien d’autres espèces animales. Leur répartition, souvent considérée comme naturelle, en fait, résulte notamment de très fortes pressions humaines. Lorsque celles-ci s’atténuent, les potentialités de ces espèces, longtemps contraintes, s’expriment et bousculent nos repères. Le Phoque veau-marin n’est pas exclusivement marin, pas plus que la Loutre d’Europe ne fréquente que les eaux douces ; l’Aigle royal peut nicher sur des arbres, en plaine ; le Chamois n’est pas qu’une espèce de montagne, mais une espèce liée aux milieux rocheux, de haute comme de basse altitude.

 

Alors que la biodiversité est globalement très malmenée, l’évolution du statut du Phoque veau-marin permet d’espérer que d’autres espèces animales, à la faveur d’une nette réduction des pressions humaines, directes ou indirectes, retrouvent des effectifs conséquents. Ainsi pourraient s’exprimer toute leur potentialité d’occupation des milieux et toute la diversité de leurs comportements. Le retour d’une abondance significative de ces espèces, associée au respect d’une nécessaire quiétude de certains milieux, à certaines périodes, se traduirait par une nature à la fois plus complète et plus visible, à même de nous réserver encore bien d’autres surprises.

 

Conférence de Patrice NOTTEGHEM

Adminitrateur de l’AOMSL

 

Pôle associatif Paul Langevin

2 rue A. Daudet

71100 CHALON SUR SAONE